PGW 2018 – Just Cause 4 – Interview avec Francesco Antolini (Game Director)
À l'occasion de la Paris Games Week, j'ai eu l'opportunité de m'entretenir avec Francesco Antolini, Game Director de Just Cause 4 qui, c'est suffisamment rare pour le noter de la part d'un studio américain, a fait l'effort de parler français malgré son jet lag.
Nous commençons notre discussion autour de ce qu'il accomplit au quotidien au studio, la fonction de Game Director variant beaucoup d'une société à l'autre. Dans le cas de Francesco, il travaille avec une équipe d'une centaine de personnes, ce qui est assez peu pour ce style de jeu. Il est amené à gérer de petites équipes, chacune ayant son directeur (audio, animation, artistique...), de gens très passionnés et talentueux, avec leurs forces et leurs faiblesses, qui soumettent constamment une foultitude d'idées. Son travail consiste donc principalement à guider ces brillants esprits et à trouver le bon argumentaire pour tous les faire avancer dans la même direction et rester fidèle à leur vision globale, tout en s'assurant que l'équipe reste motivée même sur une longue période de développement (environ 3 ans dans le cas de Just Cause 4). Il résume cela à travers une très belle phrase :
Le jeu vidéo n'est pas un art, mais un artisanat.
Aux anciens qui ont eu l'occasion de jouer à Just Cause 3, il leur promet qu'ils retrouveront tous les trucs qu'ils ont aimés, mais améliorés grâce aux commentaires des joueurs. Le combo de la wingsuit et du grappin est plus efficace que jamais, avec une verticalité totale sur 360°. Ils se sentiront comme à la maison, mais, attention, après avoir joué un peu au 4, revenir au 3 risque d'être difficile tant les fonctionnalités ont été améliorées.
Aux nouveaux joueurs, ce quatrième opus est à l'apogée de la franchise. Le premier était en quelque sorte un jeu de niche, mais c'est désormais un titre tout à fait mature et capable de contenter un large panel de joueurs : les adeptes des explosions, les explorateurs ou encore ceux à la recherche d'une histoire un peu différente.
Just Cause 4 se déroule à Solís, un pays fictif d'Amérique du Sud qui a été conçu en se basant sur les commentaires de la communauté qui trouvait l'environnement du premier trop monotone. Solís pourrait exister, même si le pays serait plutôt un condensé de plusieurs pays de par la diversité de ses biomes, avec du désert, des forêts tropicales et des montagnes. Même dans le désert, la géométrie des espaces permet de s'élever vers les airs, afin de conserver la verticalité si typique d'un Just Cause.
Avalanche Studios est spécialisé dans la création de jeux physiques en monde ouvert, mais le studio avait rencontré plusieurs soucis dans Just Cause 3 qu'il ne désirait pas retrouver dans le 4, même si des patchs avaient permis de corriger les problèmes a posteriori. Afin de partir sur de meilleures bases, ils ont fait le choix de développer un tout nouveau moteur de jeu, Apex, qui servira d'ailleurs également à Generation Zero. Un moteur de jeu est continuellement en développement, Apex ne fait pas exception, il a continué à évoluer au fur et à mesure du développement de Just Cause 4, et continuera bien après son lancement. Il restera par contre en interne, Avalanche ne prévoit pas pour le moment de le proposer à d'autres studios.
Apex permet notamment de mettre en place une météo dynamique et... des tornades ! Cette prouesse n'a pas été que technique, elle a également entraîné de nombreuses interrogations sur de nombreux points de conception : comment chaque personnage non-joueur réagit à l'arrivée d'une tornade ? Est-ce que les combattants doivent également fuir ? Que font les véhicules ? Cela n'a jamais été fait auparavant, les développeurs ne pouvaient donc s'appuyer sur aucune référence pour s'aider.
La diversité des missions sera plus importante, avec énormément d'activités : des missions principales, des missions secondaires, des objets à collecter. Mais Francesco n'aime pas parler de mission, car tout est intrinsèquement lié par la trame narrative très solide qui donne une raison à chaque chose.
L'IA a été drastiquement améliorée, déjà pour les personnages d'arrière-plan, cette foule anonyme qui marche dans la ville et qui désormais réagit à ce qu'il se passe autour. Ainsi, si Rico descend des cieux devant eux, des gens s'emparent de leur téléphone pour prendre une vidéo. Ou au contraire, si cela devient dangereux, ils fuiront pour s'échapper loin des balles qui fusent. 6-7 personnages ont été plus développés que les autres, par leur rôle joué dans l'histoire, dotés d'un comportement et d'un caractère particuliers. Il y a enfin les combattants. Nous retrouverons notamment les terribles mercenaires de la Main Noire, la force armée la plus puissante du monde vue dans le 1 et le 3, qui seront plus intelligents que jamais. Il faut s'attendre à une plus grande diversité des menaces, avec des drones, des canons automatiques... Le système de tir a été amélioré, avec désormais l'habituelle visée/tir si commune de tous les jeux de tir. Les combats risquent donc d'être plus difficiles, mais, sans aucun doute également, plus intéressants et dynamiques.
Il n'y aura pas de niveau de difficulté, mais le jeu restera accessible, avec la possibilité de personnaliser son expérience par le choix de sa façon d'appréhender chaque tâche dans le jeu.
Solo avant tout, il n'y aura pas de multijoueur. L'équipe avait envisagé la possibilité de jouer en coopération aux débuts du développement, mais cela s'est vite révélé infaisable avec les moyens humains du studio. Et cela permet de travailler parfaitement sur Rico qui est à un niveau de perfection rarement atteint. Pour les adeptes de multijoueur, il existe une quarantaine de prouesses dont les statistiques seront partagées entre les amis.
En guise de conclusion, une nouvelle citation que je trouve parfaite pour résumer Just Cause 4 :
Just Cause 4, le seul jeu qui offre une telle créativité dans la destruction.
Just Cause 4 sortira le 4 décembre, sur PlayStation 4, Xbox One et PC !