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Gamescom 2025 – Interview : le changement de Game Director pour ESO

Après dix-huit ans passés à travailler exclusivement sur The Elder Scrolls Online, Rich Lambert passe à la vitesse supérieure, devenant Studio Game Director, il va désormais pouvoir travailler sur la direction globale du studio. Un choix qu’il décrit comme mûrement réfléchi et préparé, loin de l’image d’une décision soudaine ou imposée par les circonstances. « Cela fait des mois que nous préparons ce changement, explique-t-il. Ce n’était pas une surprise pour le studio, tout le monde était impliqué. J’ai adoré travailler sur ESO, c’est une grande partie de ma vie, mais j’étais prêt à passer à autre chose. Et nous avions déjà Nick, passionné et impliqué depuis des années. C’était le bon moment. »

L’annonce, qui aurait pu semer l’inquiétude au sein de la communauté, s’inscrit en réalité dans une logique de continuité. Rich reste au sein de ZeniMax Online Studios, mais sur d’autres responsabilités, laissant derrière lui un héritage colossal, même s'il pourra toujours continuer à donner à Nick tout ce dont il a besoin pour continuer à supporter ESO.

Le relai est donc désormais assuré par Nick Giacomini, nouveau Game Director d'ESO, présent dans l'équipe depuis six ans. Si la nomination a été une surprise pour lui, c’est avant tout une immense fierté. Il joue aux MMO depuis plus de vingt ans, il a suivi ESO bien avant sa sortie en 2014, dès le pré-lancement, et il peut compter sur les doigts de ses mains les jours auxquels il n'a pas joué à un MMORPG durant cette période.

Ému, il me raconte comment il a sauté de joie en apprenant la nouvelle, qu'il rejoignait ZOS (Zenimax Online Studio), et maintenant cette nomination. « C’est un honneur d’endosser cette responsabilité pour un jeu qui est devenu un foyer pour moi. Je veux continuer à le porter en avant. » À travers ses mots transparaît une passion sincère pour le genre et pour ESO en particulier, qu’il connaît à la fois comme joueur et comme développeur.

Alors que je l'interroge sur l'héritage qu'il va laisser derrière lui, Rich a du mal à répondre, car il ne part pas réellement. Après réflexion, il me répond : la relation tissée avec la communauté. "Nous avons créé le jeu, mais c'est plus leur jeu que le nôtre", dit-il en parlant des joueurs. Si une chose devait être retenue de son passage en tant que Game Director, c'est cette écoute. Le studio a pris le retour des joueurs très au sérieux, plus que dans bien d’autres jeux auxquels il a joué.

Cette philosophie du dialogue permanent avec les joueurs a façonné le MMO au fil des années, un point sur lequel Nick ne compte pas transiger, et il reprend presque les mêmes mots que Rich alors que je lui demande comme, lui, il répondrait à cette même question d'héritage dans dix ans. Il compte s'assurer que ses équipes continuent à collaborer avec les joueurs, avec toujours plus d'engagement, d'écoute et de retours. J'aime sa philosophie, alors qu'il m'explique que nous investissons l'une de nos plus précieuses ressources : notre temps libre. En retour, le studio ne doit pas trahir cette confiance.

L’arrivée de Nick ne se fait pas dans la rupture, bien au contraire. Les deux hommes travaillent côte à côte depuis six ans, et cette proximité rend la transition plus naturelle, Nick va rester fidèle aux racines du jeu, ce que les joueurs (et lui) aiment et veulent retrouver. Mais aussi aller plus loin quand cela est possible.

Nous parlons ensuite de la transition. Nick m'apprend que, même s'ils sont bien sûr des personnes très différentes, ils sont d'accord sur beaucoup de chose, et notamment sur ce qui est important pour ESO.

« Nous parlons tous les jours, rappelle Nick. ESO n’a jamais reposé sur une seule personne. Nous avons une équipe de développeurs talentueux et passionnés, qui restent et continueront à porter le jeu. » Rich admet que, malgré tout, ce passage de relais n’est pas anodin pour lui. « Après dix-huit ans, c’est difficile de prendre du recul. C’est comme voir son enfant grandir. À un moment, il faut le laisser vivre sa propre vie. Ce n’est pas facile, mais c’est nécessaire. » Même si c'est nouveau et excitant, Rich a encore du mal à réaliser, et il va avoir besoin de temps.

Interrogés sur les conseils échangés durant cette passation, Rich préfère ne pas encombrer son successeur de consignes. Nick n'a pas eu besoin d'apprendre les ficelles, de savoir comment demander à un designer A ou B de faire son travail par exemple. Au contraire, il a du apprendre toutes ces petites choses qui étaient devenues de la routine pour Rich.

Il se contente d’un message simple mais essentiel : « Sois toi-même. Tu n’as pas à faire comme moi ou comme Matt avant moi. Tu n'as pas à prendre les mêmes décisions que j'aurais prises. Tu es ton propre directeur. » Nick le prend comme un encouragement libérateur, même s'il reste bien conscient du poids qui est désormais sur ses épaules, et de l'impact potentiel de ses décisions, qui pourraient amener, dans le pire des cas, à la fermeture du jeu, et à la perte de centaines d'emplois. Cela peut être terrifiant, il faut avancer petit à petit, et ne pas se laisser paralyser par les appréhensions.

Rich a appris à Nick à faire confiance à l’équipe. Son rôle est d’aider chacun à exprimer son potentiel et à traduire cette passion en une expérience cohérente pour les joueurs. Une vision qui s’inscrit dans la continuité du travail collectif qui fait vivre ESO depuis plus d’une décennie. Pour un poste qu'ils décrivent tous les deux comme celui d'un arbitre et d'un médiateur.

D'ailleurs, Rich aura toujours l'occasion d'accomplir la même chose au niveau du studio, il compte bien continuer à conserver un certain rôle créatif, et jouer à ESO !

Quant à l’avenir, les deux responsables restent prudents... Notre entretien est enregistré par quelqu'un du marketing, Nick et Rich regardent, au moment où je pose la question, en sa direction dans un même réflexe. Nous rions un moment sur la peur qu'il génère ! Trop intimidés, Nick et Rich ne peuvent pas m'en dire trop, mais un mot quand même ressort : « différent ». Qui laisse présager de la nouveauté !

Du côté d'ESO, les mises à jour régulières se poursuivent, avec la mise à jour 47 sortie quelques jours avant mon interview, la 48 qui arrive, et d’autres qui suivront. Nick me rassure, l’équipe est consciente des attentes, et du fait que les choses paraissent trop similaires, dans l'histoire, le contenu, les zones, les fonctionnalités... Le studio regarde notamment du côté des retours sur la campagne « Vengeance » et du JcJ, pour faire bouger les choses. 2025 était un peu une année de transition, mais il y a des choses en arrière plan qui arrivent, et des annonces de prévues à la fin, ou au début de l'année prochaine.

Une ambition qui résonne avec la volonté affichée de ZeniMax d’ancrer ESO dans le très long terme. Rich le rappelle avec conviction, l'objectif du studio n’est pas de ralentir ESO, bien au contraire. Si le MMO peut durer trente ans (nous en sommes à onze), ainsi soit-il ! Il y aura aussi des choses à annoncer au niveau du studio... mais je n'en sais pas plus, si ce n'est que ça devrait être autour de la même fenêtre temporelle (fin 25 / début 26).

Merci à Nick Giacomini et Rich Lambert pour cet entretien très agréable, il me tarde de retrouver une occasion de retourner explorer Tamriel. Je pense que ESO est en d'excellentes mains avec Nick aux commandes !

Vous pouvez retrouver plus de détails sur la transition sur le message que Rich Lambert a partagé sur le site officiel ici, ainsi qu'ici une discussion de l'équipe de direction entre Jo Burba, Studio Head, Nick Giacomini, Game Director, et Susan Kath, Executive Producer (dont on ne parle pas dans mon entretien qui s'était déroulé avant la publication, le mercredi).

(vous m'excuserez pour l'absence de photos, j'ai oublié d'en prendre !)



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