Back 4 Blood – On les pensait pourtant Left 4 Dead…
- Nous sommes en octobre, mon cher Gérard.
- Tout à fait mon cher Éric ! Et comme nous le savons tous, en octobre, c'est l'ouverture de la chasse !
- Et pas n'importe quelle chasse, Gérard ! Renouvelez vos permis, car c'est la saison du zombie !
- Et quel est le lieu de chasse à la mode cette année, mon petit Éric ?
- J'attendais avec impatience cette question, mon cher Gérard, puisque cette année, ils ont envahi le logement de ma belle-mère !
- Votre belle-mère n'habitait pas dans la maison de retraite du domaine de la Fleur Bleue Fanée ?
- Si, mais cet établissement porte désormais le nom de Back 4 Blood, pourquoi ?
- Parce que ce n'est pas une zone de chasse de zombies, Éric.
- Et vous appelez ça comment vous, Gérard, des individus fripés qui avancent lentement en titubant et qui poussent sans cesse des lamentations jusqu'à ce qu'ils aient leur bouche collée sur votre visage ? C'est la définition même de zombies, Gérard.
- Vous n'avez pas tort Éric, mais renommer la maison de retraite où loge votre belle-mère du nom d'un jeu vidéo afin de la purger violemment de ses occupants juste parce qu'ils ne servent à rien, coûtent de l'argent en pensions de retraite et font chier leur monde n'est pas légal. Sans oublier que c'est pour toucher enfin l'héritage...
- Et depuis quand on s'en soucie ? Appelez Manu et Jean, on a trouvé notre nouveau terrain de jeu ! Je m'occupe des armes et des cartes.
- Des cartes, mon cher Éric ?
- Nous ne sommes pas des sauvages et pouvons apprécier une partie de cartes après notre partie de chasse. Ça s'accompagne très bien de knackis pour le campement que nous établirons afin de regarder tous ces vi...zombies brûler dans leur nid.
- Quelle belle idée, Éric ! Vous m'étonnerez toujours par votre ingéniosité digne des plus grands génocidaires !
- Hahahaha !
Derrière cette introduction savamment pensée avec subtilité (ou carrément pas), vous venez d'entrer sans le savoir dans le monde de Back 4 Blood, héritier spirituel du passionnant Left 4 Dead et de sa suite. Et pour cause, car derrière le projet ce sont les mêmes têtes pensantes qui voulaient depuis longtemps développer une suite. Les seules raisons pour lesquelles Back 4 Blood ne s'appelle pas Left 4 Dead 3 et que le jeu ne soit pas arrivé plus tôt, c'est que Valve, propriétaire de la licence L4D, n'est pas de la partie. D'où changement de noms et quelques différences. Le cœur du concept reste cependant le même.
Mais pour ceux qui ne connaîtraient pas Left 4 Dead, petit résumé après que vous vous soyez mis quelques baffes pour être passé à côté. Allez giflez-vous, j'attends. Plus fort, on n'est pas des mauviettes ici si on veut survivre à des zombies !
Voilà, ça vous apprendra. Je peux vous éduquer maintenant.
Donc Left 4 Dead, tout comme Back 4 Blood, est un jeu dans lequel vous incarnez un membre de groupe de 4 survivants qui devez aller d'un Point A à la safe room du Point B, puis du Point B à l'abri du Point C, et ainsi de suite, jusqu'à arriver à la fin de la campagne. Le jeu se joue en coopération et ce point est extrêmement important, puisque la jouer perso signifie la défaite quasi assurée de tout le groupe. Vous devez comprendre ces pauvres petits zombies aussi, vous et votre juteuse carcasse pleine de nutriments essentiels et savoureux comme pas deux. Pas étonnant qu'ils vous coursent aux fesses dans le but de se nourrir !
Il convient donc de couvrir ses arrières, de prendre soin les uns des autres et de travailler en équipes car les menaces zombies sont on ne peut plus acharnées.
Cependant, même si le jeu est la suite spirituelle de Left 4 Dead, le titre de Turtle Rock Studios ne se repose pas sur ses lauriers et propose pas mal de nouvelles choses pour tenter de renouveler le genre, à commencer par la structure des niveaux. Fini les petites campagnes indépendantes sans réelle histoire, ici nous avons une grande campagne articulée en actes et en chapitres. Concrètement, cela ne change pas grand chose, si ce n'est une narration plus poussée afin de permettre de caler un vrai scénario. Alors attention, ne vous attendez pas à de l'originalité car on a affaire à du classique du genre infestation de zombies, mais c'est pas mal d'avoir droit aux tenants et aboutissants du jeu.
Second gros changement, c'est l'ajout d'un système de cartes. Au fil de vos sorties réussies, vous remporterez des points de ravitaillement qui permettront de débloquer des éléments cosmétiques pour les protagonistes et les armes, mais aussi et surtout des cartes. Ces dernières apportent des attributs à vos personnages et, si les cartes de base semblent plus ou moins anecdotiques, une fois quelques-unes récoltées, vous pourrez commencer à fabriquer, puis à perfectionner une ou plusieurs builds qui apportent beaucoup de profondeur et permettent de s'adapter à votre style de jeu ou à créer des spécialisations, des rôles au sein du groupe pour que vous soyez prêts en toutes circonstances. Ajoutez à cela que chacun des 8 personnages jouables a déjà des spécificités propres (également une de ces nouveautés) et on a une belle richesse de possibilités allant d'une build assez tanky au spécialiste du soin en passant par le perso orienté attaque et tout ce qu'il y a de possible entre. Vraiment très intéressant, mais il faut choisir judicieusement ses cartes car on ne peut utiliser qu'un seul deck (bien que l'on puisse en créer plusieurs pour pouvoir changer de spécialisation) de 15 cartes par sortie.
Le reste du gameplay s'articule comme étant un jeu à la première personne où la coopération est cruciale et c'est probablement le plus gros souci du jeu malgré les bugs de collisions entre les créatures et le décor, car Back4Blood a tellement besoin de coopération qu'il est préférable de communiquer et de jouer avec des gens que vous connaissez, tellement les joueurs quelconques et aléatoires du matchmaking sont de piètre qualité en la matière à se croire dans un énième Call of Duty. Et le fait que le jeu soit en cross-play n'aide pas vraiment à limiter l'invasion des abrutis des autres plateformes, même si on peut jouer avec des amis - de qualité, eux - qui jouent sur d'autres supports. J'ai des pages et des pages d'abrutis signalés et bloqués pour attester de ce phénomène qui n'est malheureusement pas propre à ce jeu et, rapidement, le système de modération montre ses limites avec des outils trop rigides comme, par exemple, le fait qu'on ne peut signaler un abruti juste à la fin de la partie, il faut que ce soit obligatoirement pendant. Il ne faudra d'ailleurs pas compter sur l'IA qui prend le dessus pour compléter une équipe lorsqu'il manque des membres. Car même si elle tire avec habilité, pour le reste, elle est complètement à côté de la plaque, allant même par moments à rester immobile au lieu de vous suivre, ou à se retrouver coincée par un petit obstacle aisément contournable.
Lorsque vous êtes en situation de horde permanente qui ne se termine que lorsque vous atteignez un point précis et que les 3 bots ne vous suivent pas, vous le sentez méchamment passer et les insultes fusent encore plus abondamment que lors d'un repas de famille avec ma mère.
En dehors du mode campagne (en campagne solo, online ou partie rapide), le jeu propose un mode Nuée. Derrière ce nom énigmatiquement entomologique, se cache un mode versus dans lequel 4 survivants doivent survivre sur des morceaux de maps de la campagne, sous certaines conditions, à l'attaque de zombies menée par 4 autres joueurs qui vont incarner des zombies spéciaux, et on change les rôles ensuite. L'équipe qui obtient le score le plus élevé après ces 2 rounds remporte la partie.
Plutôt sympa, et relativement bien équilibré même si quelques temps d'apparitions de créatures spéciales mériteraient d'être un poil réglés dans un sens comme dans l'autre selon la créature, ce mode ne va pourtant pas remplacer dans mon cœur celui de Left 4 Dead. Car le versus de Left 4 Dead était la campagne dans laquelle 4 joueurs pouvaient incarner les infectés spéciaux pour empêcher les 4 survivants adverses d'atteindre le checkpoint suivant dans des affrontements endiablés et stratégiques, jusqu'à ce que les alliés aient réussi leur parcours ou jusqu'à ce qu'ils soient incapacités par les zombies.
Dommage que ce mode ne soit pas revenu. Car même si le mode Nuée conserve un peu l'esprit de coopération pour réussir, concrètement, on reste sur un classique 4 v 4 de classes où la stratégie s'est mise un peu en retrait du côté des zombies, ces derniers étant moins fragiles.
Dans tous les cas, Back4Blood est fun, je m'y amuse comme un petit fou avec des joueurs convenables, mais Left 4 Dead me manque encore un peu quand même. Car bien que le jeu en ait le goût et l'odeur, le feu qui m'envahissait à y jouer non stop des jours et des jours durant n'est ce coup-ci pas complètement présent à cause justement de l'absence de ce mode campagne versus... Son absence est probablement due au fait qu'il y a une certaine aide à la visée lorsqu'on zoome sur consoles, mais j'échangerais sans hésiter cette aide pour retrouver ce qui pour moi faisait la convivialité et le fun absolu de Left 4 Dead.
Et c'est en écrivant ces dernières lignes que je prend enfin conscience que Left 4 Dead est mort pour de bon. Rest In Piece Bro.
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