Skyforge – Quand les dieux se brûlent les ailes
Sorti initialement sur PC en 2015, Skyforge a su traîner sa jolie carcasse au fur et à mesure des années, en s'offrant de multiples mises à jour de contenus et des portages convaincants sur PS4 et Xbox One en 2017. Il ne manquait donc plus que la console hybride de Nintendo pour terminer la tournée générale. Un travail de longue haleine pour la Allods Team, qui a dû mettre les mains dans le cambouis pour offrir un portage décent de son MMO sur la Switch, qui n'a pas les mêmes caractéristiques techniques qu'un PC ou qu'une console de 8ème génération. Petit tour d'horizon après une douzaine d'heures de jeu.
Tout d'abord, petit disclaimer lié au poids du logiciel. Skyforge rejoint en effet le panthéon des jeux les plus lourds de la Nintendo Switch avec ses 21,9Gb. On est certes encore assez loin de NBA 2K21 avec ses 33Gb, mais on conseillera tout de même une bonne micro SD pour stocker le MMO de MY.GAMES. Le poids est justifié par le studio par les contraintes techniques de la console, qui ne dispose pas d'une puce assez véloce pour décompresser les textures et le son... Donc il a été placé quasi tel quel sur la machine.
Est-ce que cela a permis de livrer un jeu fluide et joli à l'oeil ? Pas exactement. Vous vous en doutez certainement, mais il ne faut pas s'attendre à retrouver l'expérience PC ou consoles de salon avec cette version Switch. Pour tourner à peu près à 30 images par seconde, l'équipe de développement a été obligée de faire de nombreuses concessions techniques, et livre ainsi une copie floue de son jeu. Par flou, je ne veux pas dire qu'on ne comprend rien aux mécaniques de jeu, mais bien que l'affichage est flou. Côté menu, rien à signaler, c'est lisible et fin (pour du 720P), mais le jeu en lui-même baigne dans un flou artistique qui ne plaira pas à tout le monde. Passé la moquerie initiale, je confesse m'être habitué à ce rendu peu riche en détails, mais malheureusement, ce n'est pas la seule problématique de cette version nomade.
En sus de ce flou omniprésent, le jeu offre des chargements qu'on n'a pas souvent l'habitude de voir sur Switch. Qu'un chargement de 40 secondes ait lieu sur un Zelda Breath of The Wild est quelque chose d'assez cohérent au vu du monde ; mais ici on a des chargements qui côtoient assez souvent la minute, incompréhensible, quand on voit la taille des zones que l'on explore, certes souvent bien décorées, mais fermées et assez rapides à explorer.
A raison d'un ou deux chargements par session, ça peut passer. Mais dans Skyforge, on navigue souvent d'une zone à l'autre pour compléter tel ou tel quête, avec à chaque fois un retour à la capitale. Si on a 1h devant soi, à raison de 15min par mission, on passe presque 10min à charger des décors. Par petites sessions, ça passe, mais l'overdose arrive assez vite quand on joue quelques heures d'affilée et qu'il faut s'accoutumer tant bien que mal à un framerate fluctuant (mais rarement critique). Ajoutons à cela des bugs sonores omniprésents et on comprend que, malgré toute la bonne volonté du studio, il est difficile de porter un jeu de cet acabit sur la transportable de Nintendo.
Bien que je sois très critique sur l'aspect technique, je confesse avoir passé quelques heures agréables en compagnie de Skyforge. Il faut dire que le jeu se prête à merveille à un gameplay "manette en main", déjà vanté par mes collègues suite aux portages PS4 et Xbox One du jeu. Après avoir personnalisé son avatar, on entre directement dans le vif du sujet, avec son personnage qui meurt après avoir affronté quelques ennemis et qui, touché par la grâce divine, devient un immortel, une espèce de Dieu vivant, que le peuple d'Aelion vénérera en accomplissant de nombreuses quêtes et en déboursant des crédits par milliers pour augmenter sa gloire et sa puissance.
Car oui, le MMO de la team Allods était assez unique en son genre à sa sortie, et le reste après toutes ses années. Ici, vous jouez un avatar qui peut changer sa classe à volonté. Et avec ses 18 classes au compteur à l'heure où j'écris ces lignes, vous aurez de quoi faire avant d'être lassé par le système de combat à base de combos, qui fonctionne à merveille. A voir sur la durée si ça ne devient pas très répétitif. Heureusement pour vous, le jeu a déjà vécu 6 ans et a su s'enrichir en conséquence. A noter que vous n'aurez pas accès à toutes les classes dès le départ. Comme bon nombre de free-to-play, le jeu propose de grinder (répéter les missions pour obtenir les ressources nécessaires à l'obtention d'une classe) ou de payer en cristaux le déblocage d'une ou de toutes les classes. Pour vous donner un ordre d'idée, il faut dépenser pas loin de 80€ en cristaux pour obtenir toutes les classes du jeu. Par défaut, vous aurez 3 classes disponibles, et quelques-unes de plus si vous craquez pour l'un des 3 packs fondateurs à disposition.
Un système d'abonnement est également disponible, il octroie différents bonus, en particulier sur vos gains, multipliés par 2, tout simplement.
Ce portage s'adresse selon moi à un public assez précis, qui ne dispose d'aucune autre machine de jeu et doit par conséquent composer avec la Nintendo Switch, avec tout ce que ça peut impliquer en termes de forces et de faiblesses. Oui, clairement, vous ne disposerez pas de la meilleure version de Skyforge. Assez vilain techniquement, le jeu fait quand même de son mieux pour rester debout, avec tout ce que ça implique au niveau de la fluidité et des bugs sonores. Si l'on parvient à faire fi de cet aspect, on peut toutefois passer un bon moment, vu que le jeu reste ce qu'il est : un jeu d'action assez pêchu et varié grâce à son grand choix de classes. Je recommande toutefois de multiplier les sessions de 20-30 minutes pas plus afin de picorer le contenu et de ne pas se lasser trop vite.