Arctic Awakening – Une aventure narrative enneigée
Version testée : PC
Plates-formes disponibles : PC, Mac, PS5, Xbox Series
Genre : Walking Simulator / Aventure narrative
Prix conseillé : 24,99€
Date de sortie : 18 septembre 2025
Studio / Editeur : GoldFire Studios
Clé fournie par l'éditeur, merci à eux !
Initialement prévu pour 2023, Arctic Awakening s'est fait désirer ces dernières années. Il faut dire que le jeu s'inspire librement de l'excellent Firewatch, que les amateurs de walking-simulator (dont je fais partie) ont tendance à poser sur un piédestal. C'est donc avec une attente assez fébrile que j'ai posé mes mains sur le jeu de GoldFire Studios et, après une petite dizaine d'heures de jeu, force est de constater que la comparaison avec l'œuvre de Campo Santo est légitime, sans vraiment l'égaler pour autant.
Dans Arctic Awakening, on incarne Kai, envoyé en mission de ravitaillement en Alaska lorsqu’une tempête projette son avion dans les montagnes enneigées. Séparé de son ami Donovan, on se retrouve seul dans l’immensité glacée, accompagné seulement d’Alfie, un petit drone chargé d'écouter notre héros et de veiller sur lui pour des raisons qu'on découvrira progressivement durant l'aventure. Le sentiment d’isolement et la marche au sein de paysages aussi hostiles que sublimes plongent immédiatement dans une ambiance très particulière, tantôt contemplative, tantôt inquiétante, selon le moment de la journée et les différents lieux que l'on sera amené à visiter.
Comme dans Firewatch, la narration repose sur les dialogues, la construction des relations et l'exploration : Kai, Donovan (relié par radio) et Alfie sont amenés à échanger régulièrement ensemble, et à écouter d'autres personnages via des audiologs, permettant d'en apprendre plus sur cet endroit où beaucoup d'événements curieux surviennent.
Toutefois, là où l’écriture du jeu de Campo Santo brillait par sa finesse et la progression de sa relation centrale, l'oeuvre de GoldFire Studios trahit vite ses limites : les personnages ont déjà un passé commun qui n'est expliqué que dans les grandes lignes. On se sent donc spectateur d’une histoire qui ne nous laisse que le rôle de figurant, ce qui empêche de créer des liens affectifs francs avec les protagonistes. Fait curieux s'il en est, je me suis retrouvé à être plus attaché à deux autres personnages avec lesquels on n'interagit pas, plutôt que par le duo Kai/Donovan. La relation Kai/Alfie fonctionne elle plutôt bien, même si le drone m'a semblé "trop humain" dans ses réactions, ce qui peut s'expliquer par le contexte qui a poussé les deux protagonistes à être fourrés ensemble en permanence. Kai a quelques réactions étonnantes également, même s'il tend à se montrer plus attachant à mesure que l'on progresse dans l'aventure ! A noter par ailleurs que les voix (anglaises uniquement) sont bien choisies et que l'interprétation est correcte, bien que ça n'égale pas la qualité d'interprétation d'un Firewatch ou What Remains of Edith Finch?.
Au niveau du gameplay, Arctic Awakening propose quelques mécaniques de survie extrêmement basiques comme la faim et la gestion du stress. La première nécessitera qu'on mange et s'abreuve régulièrement, tandis que la seconde nécessitera qu'on fasse quelques séances de méditation près de cairns disposés ça et là sur la carte. On est très loin d’un The Long Dark (qui prend place dans les montagnes enneigées également), mais ça ajoute une petite action supplémentaire bienvenue, bien que les conséquences soient quasiment nulles. Comme on peut s'y attendre avec un walking-sim, c'est très linéaire et dirigiste, on avance dans des décors très jolis au global, et l'histoire est rythmée par la découverte de documents, de camps déserts à fouiller, et surtout par les conversations avec Alfie. Il y a peu à redire sur l'ambiance du titre qui dispose d'une aura charmante. En revanche, l'histoire traîne en longueur, certains rebondissements arrivent bien trop tard ou n'en dévoilent pas suffisamment et les choix bien qu'impactant, ne changeront pas dramatiquement le fil de l'aventure.
Visuellement, la direction artistique fonctionne très bien et propose un rendu certes déjà vu ailleurs, mais avec une âme et avec un soin tout particulier accordés aux différents lieux visités. La bande-son est de son côté une grande réussite, accompagnant parfaitement les meilleurs moments et sachant transmettre les bonnes émotions aux bons moments. Concernant la technique, ce n'est pas tout à fait le même son de cloche. Je n'ai pas eu de crashs à proprement parler, mais j'ai eu plusieurs soucis comme des glitchs visuels, des objets coincés dans le décor ou, plus embêtant, des scripts qui ne se déclenchent pas, obligeant à recommencer une scène. Heureusement, les checkpoints sont assez réguliers, mais certaines phases sont pénibles à refaire, comme devoir écrire avec des rochers dans la neige pendant 10 minutes avant de se rendre compte que c'était un souci de script.
Pour tout les amateurs en manque d'un bon walking-simulator, Arctic Awakening n’est pas dénué d'intérêt : l'histoire se laisse suivre, l'environnement est plaisant à explorer et il y a quelques éclairs de génie dans la mise en scène qui feront mouche ! Gardez tout de même à l'esprit que les personnages ne sont pas aussi réussis et que l'histoire traîne un peu trop en longueur, ce qui peut vous rebuter si vous espérez une aventure rythmée et courte. Ici, on a 5 chapitres qui offriront au total une dizaine d'heures de jeu, avec des moments de flottements assez conséquents.