Defiance – Journal d’un pillarche #9 : imprévu
Cette nuit-là, je dormis assez mal. Vers 3h du matin, les bras croisés derrière la tête sur l'oreiller, je regardais à travers la vitre les drôles d'insectes, certainement un autre produit de la terraformation, virevolter dans la lumière blafarde en provenance du réverbère de cette allée du lodge du Cratère où j'avais mon container. La tour Sutro... Voici quel était donc l'objectif, et pourtant, quelque chose clochait.
Inutile d'essayer de me rendormir, je me suis donc levé, mon reflet dans l'éclat de verre tinté qui me sert de miroir dans ce qui ressemble vaguement à une cuisine en dit long sur mon humeur : il ne va pas falloir me chercher, spécialement aujourd'hui. Un coup d'eau sur le visage et quelques minutes après j'étais dehors, à la fraîche. Je devais réfléchir à ce plan de prime abord tout tracé que m'avait expliqué Cooper hier. C'est sûr, il est carré, peut-être même un peu trop d'ailleurs, il faut s'attendre à tout avec ces barges du Fléau de l'Ouest. Mouhais...
Quand rien ne vient, inutile d'insister. Le Cratère ouvre ses portes dans 2h au max, j'avais largement le temps de faire un petit tour en quad jusqu'au Passage des Aubépines, histoire de m'aérer la tête. Le vent me fouettait le visage, cette sensation de liberté absolue dans le calme de l'aube sur la Baie ne me lassera jamais. Je fonçais sur la route passant par la Centrale de Muir quand mon EGO m'indiqua une retombée d'arche à proximité. Celle-ci était censée être déjà tombée ou tout du moins être très proche de l'impact. Or, j'étais tout près, impossible de la louper, qu'est-ce que cela voulait dire... Mon implant EGO est capable de m'indiquer une retombée imminente (quand elle est à environ 100 mètres du sol) mais certainement pas plusieurs minutes avant. Je me suis rendu à l'endroit que m'indiquait mon implant EGO. Rien, hormis des sortes de piques dans le sol : des batteries d'arcommunicateur ! Qu'est-ce qu'elles pouvaient bien faire ici, activées et en manœuvre de redirection, et surtout, quel pillarche (à supposer que ça en soit un) avait les moyens de se payer ce type de matériel ? J'en dénombrais quatre malgré la pénombre, et d'après les diodes de proximité, les débris à venir promettaient d'être massifs.
Mon Meute de loup à la main, j’avisai un rocher suffisamment en retrait pour m’y poster. C’est à ce moment-là que je vis une ombre bouger derrière un arbre, puis une seconde, puis une troisième. Finalement, la retombée approcha, un puissant souffle se leva et une lumière intense grossit rapidement dans le ciel, illuminant la place plusieurs dizaines de mètres alentour. Skivel ! C’était donc ce taré d’écorcheur et sa petite bande qui avaient commandé cette retombée d’arche. Je n'avais plus entendu parler de lui depuis l'épisode du Cratère, je pensais qu'il était plus malin que ça pour ne pas repointer son nez à Marin après cette histoire, visiblement non. Peu importe, je m'approchai de lui rapidement, profitant du raffut provoqué par la retombée, et je glissai mon couteau sous sa gorge avant que lui ou un de ses compères n'ait pu bouger.
- Tiens, notre ami le Justicier de seconde zone, où est donc ton maître vénéré ?
- Qu'est ce que tu fous ici Skivel ?
- Ca ne te regarde pas. Baisse ce couteau.
Le coup de crosse du Meute de Loup fût bien placé et Skivel se retrouva (de nouveau) à terre, sonné. Comme prévu, les autres écorcheurs ne demandèrent pas leurs restes et s'enfuirent, les lâches.
La retombée d'arche était là, je m'occuperai de Skivel plus tard, pensai-je, et de toute façon, il en a pour un moment à être dans les vapes. Les ressources d'arches m'attendent au chaud dans cette retombée, je ne peux pas laisser filer cela, quand bien même il va falloir que j'interroge cet écorcheur pour savoir comment il s'est procuré cette technologie, car celle-ci est hors de portée pour lui et son groupe, en temps normal...