Death Stranding 2 : On the Beach – Somptueux, mais convenu
Version testée : PS5 Pro
Plates-formes disponibles : PS5
Genre : Aventure/Action
Prix conseillé : 79,99€
Date de sortie : 26 juin 2025
Studio / Editeur : Kojima Productions / Sony Interactive Entertainment
Clé fournie par l'éditeur, merci à eux !
Hideo Kojima, figure emblématique du jeu vidéo, est connu pour ses créations qui repoussent les limites du médium, mêlant narration cinématographique, réflexions sur nos sociétés et gameplay innovant. Après un premier Death Stranding sorti sur PS4 (puis sur PS5 en Director's Cut en 2021) qui a divisé autant qu’il a fasciné, Death Stranding 2 : On the Beach, sorti fin juin sur PlayStation 5, était particulièrement attendu, ayant conquis pas mal de joueurs par son atmosphère et son gameplay ô combien unique. Si le jeu impressionne par sa prouesse technique et son ambition graphique, il souffre d’un certain manque d’audace par rapport aux précédentes œuvres de Kojima, se contentant souvent de peaufiner une formule déjà établie sans jamais la réinventer, malgré quelques timides tentatives.
N'ayons pas peur des mots et disons le d'entrée de jeu, Death Stranding 2 est un jeu visuellement somptueux. Construit sur une version optimisée du moteur Decima, le jeu repousse les limites de la PlayStation 5 avec des environnements d’une beauté à couper le souffle. Du Mexique à l’Australie, où se déroule la majeure partie de l’aventure, on se prendra régulièrement une petite claque accompagnée d'un "Waouh" en découvrant les nombreux panoramas concoctés par les équipes artistiques. Chaque centimètre de terrain semble avoir été minutieusement pensé, en ne laissant rien au hasard, et avec un soin du détail phénoménal. La météo dynamique vient renforcer cet effet, avec ses pluies torrentielles, ses tempêtes de sable, ses blizzards en montagne, renforçant le sentiment déjà prépondérant dans le premier : le terrain est un protagoniste à part entière, influençant directement le gameplay. Les crues modifient les rivières, les éboulements bloquent les chemins, les avalanches viennent complexifier nos traversés, tout comme les incendies qui installent une tension palpable. Bien que franchement impressionnantes, ces nouveautés restent toutefois sous-exploités selon moi, surtout en ce qui concerne les feux. Peut-être une limite technique qui cantonne ces événements à des lieux fermés ? La question reste entière, mais j'aurais aimé avoir un peu plus d'aléatoire sur ce point.
La modélisation des personnages est tout aussi impressionnante. Déjà remarquable en 2019, le jeu a poussé le curseur bien plus loin ici, avec un soin du détail encore une fois fou. Sans toucher au photo-réalisme, on s'en approche quand même sacrément ici. La capture de mouvement n'est pas en reste et bénéficie une fois encore d'un soin tout particulier. Les expressions faciales, les tics nerveux et les animations fluides confèrent une humanité rare aux protagonistes, renforçant l’immersion narrative sans jamais tomber dans l'uncanny valley.
La partie sonore n'est pas en reste, que ce soit la bande-son, le doublage, les bruits de l'environnement, ceux des échoués, tout est travaillé avec grand soin. Reste une VF qui, bien que correcte, reste bien en deçà de la version anglaise.
Le gameplay de Death Stranding 2 repose sur les bases du premier opus, tout en venant améliorer significativement certains phases très lourdes du premier. Les combats, que l'on opte pour l’action ou l'infiltration sont plus dynamiques et variés, avec un système de combat amélioré et des options non létales plus développées, rappelant à certains moments l'autre œuvre majeure de l'auteur qu'est MGS. Les combats contre des ennemis humains ou des créatures surnaturelles (les BT) sont mieux chorégraphiés, et la furtivité est plus fluide, offrant une autonomie accrue au joueur. Cependant, cette formule, bien que peaufinée, reste très proche de celle du premier jeu et donne un sacré sentiment de déjà-vu sur la durée.
De plus, pour une raison un peu curieuse, le jeu propose bien plus de missions visant à neutraliser des camps ennemis (d'autant plus curieux que même si les armes sont non-létales, l'univers du titre nous enjoint à ne pas trop jouer avec la vie d'autrui, sous peine de conséquences assez terribles), mettant l'emphase sur l'action, parfois au détriment du véritable cœur du jeu, les livraisons.
Je vous rassure, ça reste quand même une très grande partie de l'aventure ! Elles sont par ailleurs rendues plus accessibles grâce à des outils comme des exosquelettes avancés et des véhicules bien plus maniables. Cependant, gare à ceux qui appréciaient la rudesse du premier. Le jeu est bien plus accessible à présent sur ce point, avec des véhicules disponibles très rapidement après le début du jeu... et surtout, un côté connecté bien plus prépondérant !
C'est bien simple, après 5-6 heures de jeu (et beaucoup de farm, j'en conviens), j'avais pu contribuer et restaurer en grande partie la plupart des routes de la première zone d'Australie. On doit souvent en sortir pour arriver à un point de livraison précis, mais force est de constater que ça fluidifie grandement les déplacements ! Sentiment encore renforcé par le fait que le vaisseau qui nous accompagne durant l'aventure peut nous emmener dans tous les endroits déjà visités avec nos livraisons pour aller plus vite (quand il n'est pas en panne tout du moins… un point récurrent servant des pans de narration). C'était certes moins complexe, mais ça m'a paradoxalement plu de rénover ces routes et de voir pleuvoir les notifications de gens que j'aidais en ayant reconstruit ces axes. Avec Death Stranding 2, on a vraiment l'impression que nos actions ont des conséquences pour les autres, et ça, c'est assez rare dans le monde vidéoludique !
Sur le plan narratif, DS2 améliore le rythme par rapport à son prédécesseur. Le premier jeu souffrait de longueurs et d’une narration parfois indigeste, marquée par des dialogues verbeux et des concepts abscons. Cette suite adopte un ton plus léger, flirtant (souvent) avec le kitsch des films d’action sci-fi, et équilibre mieux les moments contemplatifs et les pics d’intensité. L’histoire, centrée sur Sam et son nouvel acolyte Dollman - un homme coincé dans le corps d'une marionnette qu'on accroche à notre ceinture durant nos pérégrinations - explore des thèmes de connexion humaine et de deuil, mais avec moins de profondeur philosophique que le premier opus.
Certains apprécieront sans doute cette volonté de rendre le jeu plus accessible sur ce plan. Venant de Kojima, connu pour ses prises de risque, c'est assez surprenant toutefois. En rendant son jeu plus accessible, il le rend de ce fait moins clivant et je confesse qu'il me marque moins au fer rouge que le premier. De plus, même si toute une troupe gravite autour de nous (bien loin de la solitude du premier opus), le jeu ne prend pas plus le temps que ça de développer tous les personnages secondaires, laissant planer de nombreuses interrogations.
Death Stranding 2 : On the Beach est une suite très efficace et réussie, améliorant sa formule et explorant davantage cet univers si particulier construit avec le premier volet. C'est extrêmement beau, c'est bien plus accessible manette en main, mais paradoxalement, ça casse le côté unique bâti avec Death Stranding 1, en prenant le risque de décevoir les fans de la première heure. Les nouveaux venus devraient quant à eux pouvoir s'en tirer, soit en regardant des résumés du premier (mais pas celui du jeu qui est une succession de textes passant à côté de beaucoup de points du jeu), soit en lisant tout le Corpus du jeu qui raconte énormément de choses sur le premier jeu et détaille les nombreuses zones un peu obscures du second.