Lost Records : Bloom and Rage – Souviens-toi de l’été 95
Version testée : PS5
Plates-formes disponibles : PC, PS5 et Xbox Series
Genre : Aventure narrative
Prix conseillé : 39,99€
Date de sortie : 18 février pour la première partie. 15 avril pour la seconde
Studio / Editeur : DON'T NOD Montréal / DON'T NOD
Clé fournie par l'éditeur, merci à eux !
Une décennie s'est écoulée déjà depuis la parution du premier Life is Strange, chapeautée par DON'T NOD à l'époque. Une éternité pour certains, pourtant, il me suffit de fermer les yeux pour me remémorer précisément les moments importants de cette œuvre qui m'a tant marqué. Depuis lors, je ne rate aucune de leur production, même si aucune ne m'a autant marqué que Life is Strange (et Remember Me dans un autre registre). Il faut dire que si le studio a souvent renoué avec l'aventure narrative (la suite de LiS, Tell me why en épisodique ou encore Twin Mirror), il avait tenté d'autres choses dernièrement, avec le sympathique Jusant et le très bon Banishers... Des œuvres réussies, mais qui n'ont pas su convaincre autant que les deux premiers Life is Strange. Avec Lost Records : Bloom & Rage, pas de doute, le studio vise un public nostalgique et désireux de suivre des adolescentes dans leur péripéties !
Lors de ma première prise en main de Lost Records l'été dernier, je ne vous cache pas que j'étais assez extatique, tant je retrouvais tout ce qui me plaisait dans Life is Strange. Une protagoniste extrêmement attachante, un peu en marge de la société, peu à l'aise socialement, ayant toujours l'impression de déranger et étant plus intéressée par des livres obscurs que par le dernier roman ou la dernière émission de téléréalité à la mode. En bref, une héroïne géniale, à qui je me suis attaché en quelques minutes à peine, qui va faire la rencontre de 3 autres jeunes femmes durant le mois de juillet 95, après une altercation un peu énervée avec un protagoniste récurrent du jeu.
Cette situation légèrement explosive va créer des liens rapides et étroits entre les 4 personnages, qui vont passer une grande partie de leur été ensemble. Un été d'autant plus spécial pour Swann (le personnage que l'on incarne) qui doit déménager au Canada à la fin des vacances. Rapidement, on en apprendra plus sur Kat, Autumn et Nora, qui sont toutes sensiblement différentes, au détour de conversations dans lesquelles on sera impliqué directement, ou qu'on aura captées en étant un peu éloigné, caméra à la main.
Car oui, là où Max était passionné par la photo, Swann l'est par la vidéo. Elle souhaite tourner des petites vidéos documentaires de sa bourgade avant de la quitter définitivement. On se retrouvera donc bien souvent caméra à la main, à filmer un peu tout ce qu'on voit, de nos amies à la faune et flore locale. Ces petits moments de vie que l'on capture pourront ensuite être montés dans une interface dédiée, qui permet d'agencer l'ordre des vidéos et de retirer/ajouter certains morceaux au gré de nos envies. Le tout est regroupé sous différents thèmes, certains faisant avancer l'aventure, d'autres étant totalement optionnelles. Je confesse m'être rapidement pris au jeu, sortant régulièrement la caméra pour chercher des éléments intéressants à filmer (illustrés à l'écran par des zones de focus sur lesquelles on peut zoomer) même si ça a généré un petit biais. J'avançais plus souvent à la première personne, caméra à la main, plutôt qu'en dirigeant Swann… et force est de constater qu'on ne rend pas justice au jeu dans cette configuration.
Car oui, s'il y a un point sur lequel le studio montréalais à exceller (outre l'écriture, on y revient après), c'est sur l'aspect visuel. Les artistes de DON'T NOD parviennent, une fois encore, à livrer plusieurs lieux disposant d'un charme propre, grâce à de fabuleux jeux de lumières, des palettes de couleurs choisies parfaitement et en chargeant chaque lieu d'objets qui feront sonner la cloche de la nostalgie chez beaucoup. VHS, Tamagotchi, magazines, poster d'époque, emballages colorées, K7 avec les playlists rock de l'époque… les années 90 sont partout autour de nous et ça aura un impact très particulier sur les trentenaires et quarantenaires. En tout cas, ça a marché sur moi, qui ne suis pourtant pas d'un naturel très nostalgique !
Du garage en bordel où la bande enregistre du punk au parc abandonné en passant par la cabane de la forêt, chaque environnement est superbement travaillé et l'atmosphère qui s'en dégage marquera les esprits. Lost Records parvient également à insuffler une ambiance distincte selon que l'on traverse un lieu de jour ou de nuit et en joue pas mal, via les petits jeux organisés par nos amies et surtout grâce à l'ajout léger mais captivant de certains phénomènes paranormaux. Ombre au loin, petit mouvement de feuillage, murmures et autres moments plus démonstratifs sont de la partie et ajouteront du mystère à l'aventure.
Tout clin d'œil est purement fortuit 🙂
La narration est par ailleurs gérée via des allers-retours constants entre le passé et le temps présent. Cet été 95 est vécu au travers des bribes de souvenirs que se remémore le groupe 27 ans après, en se retrouvant dans un bar après la réception curieuse d'un paquet par Autumn, destiné au groupe Bloom & Rage, leur groupe de punk. On apprend au gré des discussions qu'elles s'étaient fait la promesse de ne jamais se revoir, malgré les attaches créées, à cause d'un événement survenu durant cette fameuse période que chacun a tenté d'oublier, sans succès. J'étais un peu sceptique au départ par cette approche, mais elle fonctionne au final très bien. Grâce à une modélisation réussie des personnages et à des jeux convaincants des comédiens (que ce soit en français ou en anglais !), on se sent davantage impliqué dans le récit et on voit que certaines sont plus traumatisées par l'événement mystère que d'autres, ce qui nous "oblige" à faire attention à ce que l'on répond.
Car oui, comme toujours avec les jeux du genre, nos choix de dialogues modifieront le comportement de certains, illustré par un cœur qui se construit ou se détruit selon que notre réponse est, ou non, appréciée. Entendre nos anciennes amies commenter leurs actions du passé pendant nos nombreux flashbacks est un gros plus également, ça permet de se rendre compte de l'évolution de chacune et de voir ce qui a changé entre aujourd'hui et avant. Bien qu'un peu en marge de la société, Kat, Nora, Autumn et Swann ont des avis bien tranchés sur certains sujets et s'expriment naturellement et sans filtre sur presque tout. De la consommation d'alcool à la drogue, en passant par l'amour et la sexualité de chacune, on apprend au gré de l'aventure à cerner nos amies et on voit que ça a une influence sur Swann, qui s'émancipe peu à peu et s'ouvrira davantage à mesure qu'elle prend confiance en elle.
Je suis arrivé au bout de cette première cassette après 6h de jeu environ, en ne zappant aucun dialogue et en filmant une grande partie de ce qui peut être filmé. Pour la suite, il faudra attendre mi-avril... gageons qu'entre-temps, le studio puisse fignoler au mieux sa deuxième partie et corriger les quelques soucis que j'ai pu avoir durant mon test. Le point le plus flagrant, c'est la technique un peu vacillante du jeu. Chargement tardif de textures, changement de langue entre deux répliques sans raison, ralentissements à certains moments et surtout, un framerate qui me semble être limité à 30 images/seconde. Je pinaille, c'est vrai, mais vu ce qui est affiché à l'écran, et surtout, en 2025, on pourrait s'attendre à avoir au moins de 60 FPS, quitte à rogner un poil sur les détails. Enfin, même si la musique du groupe Bloom & Rage marque, je confesse ne pas avoir été plus happé que ça par la bande-son du jeu. Peut-être que la partie 2 sera plus riche ! Je l'espère en tout cas.
Points forts
Points faibles
Mon avis est plus que positif en l'état, même si tout n'est pas rose pour autant. Avec Lost Records : Bloom & Rage, DON'T NOD parvient à créer une œuvre où l'on sent l'influence de Life is Strange transpirer par tout les pores. Pour autant, grâce à son casting réussi et sa narration alternant passé et présent, le titre réussit à trouver son identité et saura charmer les amateurs d'aventures narratives. Gageons que les quelques couacs techniques sur PS5 seront réglés sous peu, et que la seconde cassette ne soit pas retardée, car ça va être difficile de patienter jusqu'à mi-avril !
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