The Casting of Frank Stone – Horreur en suspens
Version testée : PS5
Plates-formes disponibles : PC, PS5, Xbox Series
Genre : Aventure narrative / Horreur
Prix conseillé : 39,99€
Date de sortie : 3 septembre 2024
Studio / Editeur : Supermassive Games / Behaviour Interactive
Clé fournie par l'éditeur, merci à eux !
Depuis la sortie d'Until Dawn en 2015 sur PS4 que j'ai adoré, je suis avec attention les nombreux travaux du studio Supermassive Games, qui enchaîne les oeuvres à un rythme assez soutenu, avec une sortie par an. De Hidden Agenda en 2017 à The Dark Pictures: Switchback VR en 2023 sur le PS VR2, je n'ai raté aucune de leurs oeuvres. La qualité fut variable, mais le plaisir de jeu intact, appréciant la formule (certes imparfaite) narrative horrifique du studio, qui parvient à concilier nanar et horreur efficacement. Avec The Casting of Frank Stone, le studio s'attaque à un autre univers : celui de Dead by Daylight, le très populaire jeu d'horreur en multijoueur asymétrique de Behaviour Interactive, avec la volonté de donner un peu de consistance aux "monstres" qui habitent l'univers du titre. Un pari réussi ?
Pour tout vous avouer, ma connaissance de DBD est très limitée. J'ai fait quelques parties il y a plusieurs années de ça et j'avais trouvé ça assez moyen, mais j'entendais régulièrement des amis en parler et je suivais de loin l'actualité du titre. En lançant The Casting of Frank Stone pour la première fois, j'ai de suite eu une pensée pour eux, en voyant ce tueur en série affublée de son casque de métal tordu, au regard vide, qui agit sans hésitation aucune pour nous ôter la vie. Car oui, Supermassive démarre sur les chapeaux de roues, on est très rapidement placé dans le feu de l'action, incarnant un flic qui se rend dans une aciérie en pleine nuit pour enquêter sur une série de disparitions en cours dans les années 60.
On discute avec le gardien un peu éméché qui nous laisse accéder au bâtiment, l'occasion de voir qu'on a toujours la possibilité d'orienter les dialogues avec des réponses plus ou moins virulentes, et parfois même un 3ème choix qui s'ajoute si on prend le temps d'explorer les lieux et de glaner quelques indices. C'est toujours aussi efficace, même si je me suis surpris à rire en entendant la voix du concierge. Le jeu bénéficie d'un doublage français à la qualité… variable. Si on accroche à l'aspect un peu nanardesque, ça passe, et globalement, le casting principal est réussi, mais les quelques personnages secondaires n'ont pas été logés à la même enseigne et ça se ressent. La version anglaise s'en tire légèrement mieux, même si j'ai préféré faire l'aventure en VF.
On continue donc notre périple, avançant dans l'aciérie plongée dans la pénombre, farfouillant partout pour glaner des indices et autres collectibles. Les joueurs de DBD seront ravis de voir leur curiosité récompensés. Des poupées représentant les monstres du jeu sont cachées dans les différentes zones, avec pour certaines des animations particulières. On pourra aussi trouver des "pions" représentant différentes choses : doigt, rat ou encore cheval... en dehors de ça, on aura aussi droit à divers journaux, livres et autres pages qui permettront d'enrichir l'univers du jeu, qui se révèle assez bordélique mais plus profond que je ne l'aurais cru.
J'ai parlé des années 60 plus haut, mais TCOFS se déroule sur 3 temporalités distinctes : les années 60, les années 80 et 2024. Ces trois périodes s'enchevêtrent constamment pour conter l'histoire et pour comprendre tous les tenants et aboutissants. Le souci, c'est que le jeu jongle très régulièrement d'une période à l'autre, sans que cela fasse toujours sens, et on se retrouve paumé. Pire, on a du mal parfois à se rappeler qui est qui, et pourquoi certaines personnes sont toujours là et pas d'autres. Difficile d'en dire plus sans "divulgâcher" l'intrigue, mais sachez juste que l'aciérie n'est pas le seul terrain de jeu (même s'il en est le principal), qu'il y a pas mal de protagonistes en jeu et qu'il va être particulièrement ardu de garder tout le monde en vie !
Car oui, assez classiquement, nos choix auront des impacts sur la vie des personnages. La première mort a été particulièrement brutale, vu que je n'ai pas pu faire quoi que ce soit pour l'en empêcher. Outre les choix, Supermassive ressort sa carte fétiche : les QTEs. Même s'ils m'ont semblé moins nombreux que dans The Quarry ou encore The Devil in Me, ils sont toujours là, et en rater ne serait-ce qu'un sera souvent fatal.
Il faut donc rester vigilant, ce qui m'a manqué à deux moments de l'aventure… ce qui a suffi à me faire perdre deux personnages durant mon aventure. Trois, plus précisément, mais j'ai utilisé une fonctionnalité bienvenue : la salle de montage.
Profitant de son contexte narratif consistant à tourner un film d'horreur (durant la période année 80), le jeu se dote d'un menu qui permet de suivre tous les fils narratifs de chaque période. On voit ainsi l'embranchement vers chaque choix effectué, et certains nœuds peuvent être relancés pour découvrir une nouvelle issue. C'est fort pratique, et ça m'a permis de sauver Jaime, le fameux personnage mort sans que je ne puisse faire quoi que ce soit. Cette salle de montage permet également de voir si on a eu (ou non) tous les éléments à récupérer dans un niveau. Pratique pour éviter de se retaper une run complète.
Enfin, un petit point sur la technique : le jeu est fort joli, exploitant assez efficacement l'Unreal Engine 5. Cela laisse présager du bon pour le remake de Until Dawn, en revanche, j'ai eu droit à quelques baisses de fluidité et à plusieurs chargements retardés de textures. Rien de dramatique, mais c'est à noter. Côté jeu à proprement parler, on a droit aux mêmes tares que pour d'autres titres du studios : la caméra se bloque parfois dans des endroits impromptus, les personnages se déplacent tous comme un camion surchargé et les rares phases d'actions (consistant à filmer un monstre pour le faire disparaître) sont assez inutiles et redondantes.
Avec The Casting of Frank Stone, Behaviour enrichit l'univers de Dead by Daylight de belle manière, aidé par les Anglais de Supermassive qui servent une énième fois leur formule aussi éculée qu'efficace, avec ce que cela implique de qualités et de défauts. Les choix sont toujours nombreux, les impacts parfois mortels (se jouant à un choix ou à un QTE raté) et la rejouabilité est là, profitant d'un mode permettant de revivre les passages de notre choix pour débloquer de nouvelles issues et fins. Les fans de DBD apprécieront aussi de voir les nombreux clins d'oeil disséminés çà et là dans les différents lieux du jeu. Un titre efficace, qui montre toutefois que le studio a besoin de revoir sa formule, qui souffre de son gameplay daté et de sa caméra qui fait parfois n'importe quoi.