Harmony: The Fall of Reverie – Sauver l’humanité, encore !
Qu'ouïs-je, DON'T NOD sort un nouveau jeu ?! Vite, à moi ! Ça a été ma pensée à l'instant où j'ai consulté le mail. Pas de chance pour mes camarades, mais il faut bien quelques avantages à être rédacteur en chef, non ? Plus sérieusement, de par ce qu'est Harmony: The Fall of Reverie, je savais que je n'allais pas empiéter sur les genres de prédilection de mes camarades. J'y suis donc allé le cœur léger, en quête d'une nouvelle petite gifle narrative comme ont su jadis le faire le studio et éditeur. Car oui, si vous n'êtes pas coutumier du genre narratif, il est possible que vous soyez passé à côté des œuvres du studio parisien. Remember Me, Life if Strange 1 et 2, Vampyr, Tell me Why ou encore Twin Mirror... c'est lui ! Tous ne m'ont pas marqué, ça serait mentir que de prétendre le contraire. Mais je garde un souvenir de chacun d'eux, et particulièrement de Remember Me et Life is Strange. Depuis ces jeux, le studio occupe une place de choix dans mon cœur. Les œuvres ne sont pas parfaites, loin s'en faut, mais elles ont une âme, et c'est ce que je souhaitais retrouver avec le titre du jour, Harmony: The Fall of Reverie.
Navré pour cette introduction bien trop longue. Contrairement aux autres productions du studio, on n'a pas le droit ici de "diriger" son personnage, au sens propre j'entends. Harmony prend la forme d'un récit graphique (ou visual novel) et nous place dans la peau de Polly, une femme regagnant sa ville natale après que sa mère ait disparu. Après une cinématique plutôt jolie nous présentant le personnage et la découverte d'un collier magique, on est propulsé à Rêverie, un monde n'obéissant pas aux lois terrestres, mais où les effets de chaque monde influent pour créer un équilibre fin, qui peut vaciller si rien n'est fait prochainement... et c'est à Harmony qu'incombe le pouvoir de sauver la destinée du monde. Rien que ça !
Là, si vous avez été attentif, vous vous demandez sans doute pourquoi je vous dis qu'on joue Polly alors que c'est Harmony qui doit sauver le monde... et bien, tout simplement parce qu'il s'agit de la même personne. Polly et Harmony interagissent sur deux plans distincts, et il faudra faire en sorte de prendre les bonnes décisions avec chacune des "incarnations" pour venir à bout de votre quête, afin que le monde de Rêverie puisse se resynchroniser avec la Terre et influer positivement dessus.
L'arbre ci-dessus, c'est le cheminement de l'histoire, aussi appelé "Mantique". Chaque cercle représente un petit moment d'histoire à passer, où l'on va échanger avec des personnages. Heureusement pour nous, Harmony: The Fall of Reverie bénéficie d'un doublage anglais fichtrement réussi, et d'une localisation française textuelle d'excellente facture (heureusement, d'un côté), ce qui fait qu'on ne subira que peu les échanges plus ou moins longs après chaque embranchement. Reste que si vous êtes allergique au genre du visual novel, il est probable que ce titre ne soit pas votre came du tout. Vous le voyez sur la capture, les embranchements sont nombreux, et les choix à faire tout autant... Selon certains choix de dialogue, vous obtiendrez des cristaux qui pourront débloquer certains nœuds pour faire avancer l'histoire modulo vos opinions. Vous rencontrerez en effet des protagonistes à la personnalité très marquée à Rêverie, qui fourniront des cristaux si vous allez dans leur sens.
Cristaux de Vérité, de Pouvoir, de Lien, etc... il vous faudra faire énormément de choix, avec toujours une petite crainte de ne pas voir ce que vous souhaitiez. On peut recommencer certains pans de l'histoire, certes, et le jeu dispose de pas mal de rejouabilité mettant en scène différentes fins, mais il parvient sans peine à montrer que notre personnalité n'est pas si clairement défini que ça, et qu'il paraît parfois plus sage de faire des choix ne correspondant pas à notre personnalité, même si on a tendance à penser que ce n'est pas "juste". Dommage toutefois que le jeu cède au manichéisme primaire en diabolisant la société "MK" sans aucune forme de procès. C'est d'autant plus dommageable que les personnages sont eux écrits avec un soin tout particulier, surtout Félicité, qui me marquera un bon moment. Je note aussi un peu d'irrégularité dans les chapitres, en particulier celui de la fin, qui arrive vite et qui est tombé un peu à plat de mon côté.
Sur l'aspect technique, pas grand-chose à reprocher, visual-novel oblige, tout tourne correctement, même si les temps de chargements m'ont semblé un peu longuets sur Nintendo Switch, et que la résolution réduisait quelques peu les magnifiques créations de l'équipe artistique. Que ce soit le monde réel ou Rêverie, les fonds sont toujours très jolis et détaillés. Musicalement, j'avoue ne pas avoir été transcendé. La musique s'est faite assez vite oubliée de mon côté... ce qui n'est pas si mal que ça, vu que ça permet de mettre en avant le doublage de qualité.
Harmony: The Fall of Reverie est un bon jeu, même si j'ai pu lire ça et là sur Steam que les VN, c'était pas des vrais jeux. Je ne partage pas ce point de vue, et heureusement, car j'ai pu apprécier cette œuvre sympathique, disposant de personnages à l'écriture formidable et d'un propos pas inintéressant, même si pas toujours traité finement. A faire, si le style ne vous rebute pas et que le tarif de 24,99€ ne vous semble pas trop élevé (7-8 heures pour une première partie complète).