System Shock Remake – Est-ce que c’est ma guerre ?
L'an dernier, j'ai posé pour la première fois mes mains sur System Shock. Pas le jeu de 1994, non non, mais bel et bien le remake dont je vais vous parler aujourd'hui. C'était à la gamescom. On m'avait bien fait comprendre que j'avais en face de moi un titre à l'aura légendaire. Ce que j'en avais retenu, de mon côté, c'est qu'en 1994, j'avais un an, et j'étais sans doute très fier de marcher... mais pendant ce temps, d'autres humains s'improvisaient hacker et tentaient de sauver la planète Terre d'une IA ayant perdu la raison. Il aura fallu attendre 2023, mais je fais maintenant partie de ce groupe prestigieux de personnes s'étant opposés à SHODAN, et ça m'émeut quand même un peu.
Enfin... lutter, c'est un bien grand mot, puisqu'à l'heure où j'écris ces lignes, je n'ai que 5 heures de jeu au compteur. Suffisamment pour avoir une solide idée de ce que tente le jeu dans les grandes lignes, mais pas suffisamment pour vous faire une dissertation détaillée de la volonté humaine face à une IA psychotique. Si je n'ai pas été plus loin, c'est surtout et avant tout parce que je me retrouve souvent coincé, et ce malgré avoir mis les curseurs de difficulté au plus bas. Le studio a en effet pensé aux anciens et aux nouveaux venus avec ce remake, et a ajouté quelques options d'ergonomie bienvenus, de manière à ce qu'on puisse personnaliser au mieux son expérience de jeu. Vous voulez des combats retors mais ne pas vous prendre la tête durant les phases de piratage ? C'est possible. Simplifier la résolution des puzzles ? Possible aussi. System Shock est très malléable sur ce point... et pourtant, je galère quand même pas mal.
Les jeux étaient-ils plus complexes ou/et difficiles dans les années 90 ? Il semblerait que oui, car je me suis retrouvé bloqué un certain nombre de fois mine de rien, ou alors je suis juste crétin sur les bords ? L'ego en prendrait certainement un coup, mais je compte bien voir défiler le générique de fin de ce jeu, j'en fais la promesse ! D'ailleurs, pour ma menue défense, il faut dire que le level-design du jeu est particulièrement labyrinthique. Les couloirs se ressemblent un peu trop à mon goût (ce qui n'est pas vraiment surprenant, vu qu'on est dans une station spatiale), et le jeu ne vous prend jamais par la main pour vous indiquer le chemin. Tout juste a-t-on droit à quelques messages ça et là pour nous indiquer où aller ensuite.
Car oui, je l'ai indiqué sommairement en introduction, mais on dirige un pirate informatique dans System Shock, qui souhaite voler un implant neurologique très sophistiqué mais se fait choper. On prend quelques gifles qui nous mettent KO, on donne les pleins pouvoirs à un Monsieur sous la menace, on se fait de nouveau assommer, et on se réveille on ne sait trop où. Un premier audiolog nous donne quelques pistes, et on tombe vite nez-à-nez avec un cadavre... qui n'est que le premier d'une longue série. Humains, cyborgs et autres robots de la station ont tous un objectif : nous buter. On voit également assez rapidement qu'on est surveillé. Des caméras sont disséminées un peu partout dans les couloirs, qu'on peut bien entendu détruire en tirant dessus ou en frappant dessus avec batte métallique improvisée. On comprend assez rapidement que l'IA aperçue dans l'intro, nommée SHODAN, a vrillé, et qu'il faut l'empêcher d'arriver à ses fins avant que notre belle planète Terre ne soit réduite à néant. Oui oui... il faut encore sauver le monde.
Heureusement, de nombreux joueurs, et j'en fais partie, aiment bien ça, sauver le monde. Mais force est de constater que si le jeu a eu droit à une refonte visuelle que j'apprécie beaucoup à titre personnel, il n'a pas été soumis à ce même traitement de faveur au niveau du gameplay, ou alors j'ai très peur de la version d'origine. Les combats sont... mous, très mous. Au corps-à-corps, on alterne petit à-coup avant puis glissade latérale pour ne pas prendre de tarte, et quand on a une arme à feu, le tir n'a aucune patate. Ce n'est clairement pas la partie la plus réussie du titre, et même si je comprends la volonté de laisser le titre "dans son jus d'origine", ça laissera sans doute sur le carreau pas mal de nouveaux venus. Les autres pans du jeu, hacking et autres puzzles sont moins frustrants, même si on mettra parfois plusieurs minutes à trouver le code permettant d'ouvrir LA porte qui permet d'avancer dans le scénario.
Pas facile, mes premiers pas sur System Shock. L'univers et l'ambiance globale du titre me plaisent, aucun doute là-dessus, et l'antagoniste est effrayante au possible, et je comprends mieux à présent pourquoi elle ressort aussi souvent dans les classements des meilleurs "méchants" vidéoludiques. Reste que c'est compliqué de progresser dans une aventure où l'on se paume régulièrement, où ça devient une corvée de récupérer un "simple" code de porte, et où les combats sont tout sauf gratifiants. La remise au goût du jour visuel et les quelques (rares) améliorations d'ergonomie raviront les joueurs de la première heure. Pour les joueurs souhaitant découvrir l’œuvre en 2023, ça sera un peu plus compliqué, et il faudra composer avec un level-design d'un autre temps, et des mécaniques de jeu parfois archaïques, mais qui s'avèrent plaisante, une fois qu'on est pleinement immergé.