Somerville – De la SF réussie mais un jeu sans challenge

Après la publication de l'excellent INSIDE en 2016, Dino Patti, cofondateur de Playdead, s'en est allé pour co-fonder un nouveau studio au doux nom de Jumpside. S'en est suivie la création de Somerville, un jeu qui reprend bon nombre des codes établis par les précédentes productions du bonhomme, et propose cette fois-ci un récit qui embrasse la science-fiction ! Un nouveau chef d’œuvre en perspective ? Peut-être pas...

Dès le début, le jeu nous prend un peu par surprise en nous mettant au contrôle du bambin de la famille. Papa et Maman sont en effet endormis, de même que le chien (you can pet the dog!). On pourra voguer dans la maison, haut comme 3 pommes, jusqu'à provoquer le réveil des adultes après une "petite" bêtise. La transition de personnage se fait naturellement, et on reprend le contrôle du père, qui se révèle être le personnage principal de l'aventure. La quiétude du foyer va néanmoins être rapidement perturbée par un événement comme on en voit peu en pleine campagne : une invasion extraterrestre ! Après un vilain coup qui nous assomme, on reprend connaissance et constate avec désarroi que le reste de la famille manque à l'appel, à l'exception du chien. Notre quête est donc claire : retrouver les êtres aimés et braver le danger.

En un peu moins de 15 minutes de jeu, l'ambiance est posée, et s'il y a bien un pan où le jeu assure un vrai tour de force, c'est sur la dite ambiance justement. Tout au long de l'aventure, on est happé par ce qui se dégage des lieux explorés, par les événements qui se déroulent sur tous les plans et par l'esthétique globale du titre. On est en effet loin de la noirceur caractéristique d'un Limbo ou de l'univers dérangeant d'INSIDE. L'aspect sonore de l’œuvre n'est pas en reste. Avec un casque vissé sur les oreilles, j'ai alterné entre surprises, frissons et moments de flottements planants, grâce à des compositions au piano extrêmement réussies. N'attendez toutefois pas de cette œuvre qu'elle soit étudiée longuement. Bien que le récit se révèle captivant tout du long, il ne m'a pas semblé délivrer de message philosophique particulier. Ou alors, ce dernier m'a échappé, ce que je n'exclus pas. En l'état, on reste tout de même face à un scénario qui vous tiendra en haleine un peu moins de 4 heures. Cela peut sembler court, mais on reste dans la moyenne des jeux de type cinematic platformer, et force est de constater que je ne me suis pas du tout ennuyé !

Côté gameplay, on reste aussi en terrain connu pour qui a déjà joué à des jeux de ce style. On évolue essentiellement sur un plan horizontal - même si le jeu se permet plusieurs écarts de mise en scène bienvenue à ce niveau - et l'on devra user d'une capacité un peu spéciale obtenue très tôt dans l'aventure qui consiste à liquéfier une curieuse matière extraterrestre. On aura plusieurs puzzles disséminés durant l'aventure ayant un usage assez malin de notre pouvoir face à cette matière noire. Pour le reste, on aura droit aux traditionnelles courses poursuites et autres jeux de cache-cache pour éviter de passer de vie à trépas, la plupart des formes de vie rencontrées n'ayant qu'une envie : vous tuer. Pour les habitués du genre, ne comptez pas sur des énigmes trop élaborées ou sur des esquives à la frame près. Le jeu ne propose qu'assez peu de défis dans l'ensemble, et évite de trop casser le rythme en nous faisant buter sur certaines épreuves.

Si vous attendiez un jeu du même acabit qu'INSIDE, il faudra peut-être accepter de revoir légèrement à la baisse vos attentes. Somerville est un très bon cinematic platformer, aucun doute là-dessus. En revanche, si on lui retire son esthétique léchée, il ne reste qu'un jeu d'aventure linéaire et sans grande surprise parmi d'autres. Pour ma part, j'ai passé un bon moment dessus, et il s'ajoute sans peine à ma liste des "surprises de l'année". Et si le tarif de 24,99€ vous semble légèrement excessif eu égard à sa durée de vie, sachez qu'il est disponible sur le Xbox (et PC) Game Pass sans frais supplémentaires !