Aragami 2 – En bon français, on dit le second art de Gami
Sorti en 2016, Aragami fut une intéressante surprise. Non pas parce qu'elle était complètement à la traîne en terme de technique, mais parce que les sensations de jeu faisaient penser un peu au regretté Tenchu par son système d'infiltration ninja.
Aujourd'hui, une suite arrive, portant le nom logique d'Aragami 2, encore une fois avec un grand étonnement, puisqu'elle essaie d'apporter du changement au jeu d'infiltration.
Nous sommes en septembre 2021 et il y a comme une sensation de déjà-vu dans l'air en fait...
Vous êtes un Aragami après les événements du premier opus. Propulsé dans un village rempli d'individus comme vous, vous aurez le double objectif de libérer la région de l'armée de l'Akatsushi qui sème la terreur dans le coin et de retrouver votre humanité. Car rappelons-le, un Aragami est un amas de chair ressuscitée par une miko désespérée (prêtresses japonaises dont les légendes narrent des capacités et sensibilités aux esprits extraordinaires) pour la vengeance et dont l'âme est morcelée par le processus de mort et de "résurrection".
Le jeu propose ainsi une histoire qui tourne autour de ces deux objectifs. Cependant, contrairement au premier épisode, le jeu joue la carte de la coopération. Ne vous attendez donc pas à un scénario ficelé au petits oignons dans les moindres détails, mais à une architecture pensée un peu comme un MMO ou un jeu en Live Service avec des chapitres et des missions qui peuvent être jouées et rejouées encore et encore pour améliorer son rang, gagner de l'expérience ou pour les aborder d'une manière différente. En effet, vous pouvez avancer sans vous faire voir ni toucher à quelque ennemi que ce soit, neutraliser les gardes sans les tuer, ou bien les transformer en sashimi d'humain. Perso, j'aime bien mélanger un peu avec essentiellement de la furtivité durant laquelle j'élague pacifiquement et discrètement les troupes ennemies, et puis il arrive pour certaines missions que je pète un câble et massacre en fourbe toute présence dans des gerbes de sang faramineuses. Mais je diverge.
Vous pouvez donc former une escouade d'Aragamis jusqu'à 3 joueurs pour exécuter vos missions avec plus d'efficacité, même si, soyons honnêtes, toutes sont largement faisables en solo. Afin de coller à tout jeu en co-op, vous aurez la possibilité de customiser votre personnage de divers équipements, de masques, de hauts, de pantalons et d'épées ainsi que de leur appliquer diverses couleurs et des runes que vous aurez préalablement débloquées en réussissant des missions ou en trouvant des plans. Curieusement, le lag entre joueurs n'est pas de la partie, mais les soucis d'animation et des bugs de collision avec les ennemis, si alors que c'est un des rares soucis qu'il n'y avait pas en solo. En soi, le online est un maladroit, surtout que cela devient un calvaire de trouver la bonne mission sur la carte. Rien que ce point aurait pu être évité par un petit indicateur visuel au lieu de devoir explorer tous les points d'intérêts (il y a plusieurs missions par points). Pour éviter le spoil, le jeu bloque l'accès aux missions du joueur qui a le moins progressé dans l'histoire des trois. C'est une chose bienvenue. Il faudra donc le mettre à niveau en faisant les missions qu'il lui manque pour progresser ensemble dans l'histoire. Surtout que contrairement au solo, votre limite de défaites avant l'échec de la mission, les découvertes de joueur ou de corps, argent ramassé, expérience, performance, tout est partagé. C'est à la fois une bonne idée, mais une très mauvaise également parce que pour le moment les joueurs avec qui j'ai pu jouer n'ont pas compris qu'il est préférable de ne pas foncer dans le tas comme de gros débiles. Un double tableau de résultats de mission, un pour le groupe et un pour le joueur qu'on incarne, aurait pu être intéressant, ne serait-ce que pour jauger à quel point on se positionne dans le groupe en terme d'efficacité, plutôt que de se taper des classement B en groupe alors qu'en solo on aligne les S...
Votre Aragami aura la possibilité de se déplacer normalement ou discrètement, sauter, attaquer, parer, utiliser sorts et objets selon la personnalisation de votre Aragami, courir, déplacer des corps, et même utiliser le Bond des Ombres, déjà présent dans le premier jeu et qui vous permettra d'atteindre et de vous accrocher sur diverses corniches. Rien d'exceptionnel donc, et encore moins sur les éliminations (KOs ou assassinats) qui vous rappelleront n'importe quel jeu où l'infiltration est de mise. Et qui seront probablement bien mieux réalisées...
Car ne passons pas par quatre chemin : le jeu est une catastrophe technique. Aragami 2 est déjà peu performant pour de la PS2, alors, sur les consoles actuelles, le jeu nous renvoie droit dans le passé tant le niveau technologique est faible. On se plaît à redécouvrir des bugs qu'on ne voyait plus depuis des décennies, tout en retrouvant scintillements, aliasing, tearing, disparition d'éléments, bugs de collision, trous faisant passer dans le décor et j'en passe... ce jeu est une véritable ode à la disparition des bêta testeurs.
Mais vous me connaissez depuis le temps et devez savoir que si la technique pêche, du moment où le gameplay n'en est pas gêné, ça ne me dérangera pas plus que ça. C'est pour cela que j'arrive quand même à m'amuser dessus.
Alors non, je ne dis pas que le gameplay n'est pas entaché, parce qu'il mériterait qu'on s'attarde sur toutes ses tares, bugs et autres incohérences. Mais honnêtement, je n'ai pas le courage de me demander pourquoi le jeu a une belle souplesse d'enchaînement pour les déplacements (clairement le point fort du titre) mais dès lors qu'on a besoin de cette souplesse pour autre chose, comme pour rapidement déplacer un corps fraîchement neutralisé avec furtivité (violente ou pas), il faut attendre la fin d'une animation pataude qui s'éternise alors qu'on est déjà chaud en timing pour ne pas être détecté par les ennemis proches. Je ne vais même pas chercher à comprendre pourquoi les développeurs ont abusé de la vibration à l'excès. Peut-être ont-ils découvert cette fonctionnalité et ont décidé de la mettre vraiment partout et à fond ? Je n'ai pas non plus envie d'aborder l'IA qui est une des plus stupides que je n'ai jamais vue. Parfois l'alerte sera donnée alors que vous êtes discret depuis le début planqué dans les hautes herbes, parfois vous pouvez faire tout le boucan que vous voulez et ils ne broncheront pas ou oublieront la seconde suivante. Et ne me lancez pas sur le fait que lorsque vous tuez, ce sont des hectolitres de sang qui giclent partout sur les surfaces (en soi, ce n'est pas un souci), mais que les ennemis marchent littéralement dans le sang et ne soupçonnent même pas qu'il y a un problème ? À croire que dans l'univers du jeu, les menstruations sont tellement abondantes (et à croire que les femmes se baladent toutes sans sous vêtement, alors qu'on n'en voit pas une seule de tout le jeu dans les missions) que c'est normal de trouver ce genre de souillures sur le sol, les murs, les plafonds, contre les arbres, etc. IA minable, donc et je vous passe de ces absurdités dont vous n'avez pas idée...
Parler de cela et bien plus de choses de ce genre qui sont la preuve que le jeu aurait mérité davantage de gestation avant de sortir. Problème de moyens ? De temps ? De motivation ? De connaissances ? Je l'ignore...
Par contre, ce que j'aimerais savoir, c'est pourquoi je m'amuse quand même malgré tous ces défauts accablants et aberrants ?
Je dois être bon à interner, finalement...
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