Sludge Life – Un jeu au parti-pris qui divise
"Bon sang, mais qu'est-ce que c'est que ce truc ?"... Une phrase que j'ai pas mal répétée lorsque j'ai pris en main Sludge Life pour la première fois. Cela fait plusieurs années déjà que je sais que l'éditeur Devolver Digital ne fait rien comme les autres, et que sa sélection de jeux est très éclectique, avec pas mal de bonnes pioches dedans. Cela ne m'a pourtant pas empêché d'être surpris face à la proposition du titre... Paru l'an dernier sur PC, le jeu s'est vu porté en début de mois sur Switch, et c'est durant ma semaine de vacances que j'ai parcouru cet univers ... à nul autre pareil !
Ce qui surprend de prime abord au lancement de Sludge Life, c'est son aspect graphique. On pourrait penser que le jeu n'est pas beau, et dans un sens, il ne l'est pas, mais c'est assumé, et ça renforce l'aspect cradingue de l'oeuvre. C'est low-poly, l'aliasing est volontairement présent et les lieux visités ne sont pas des plus ragoûtants... A ce monde ouvert, on devra ajouter un peu de couleurs, en trouvant des surfaces à taguer. Elles sont nombreuses et parfois difficiles d'accès, et apporteront un peu de "charme" (si l'on peut dire) à l'ensemble. Les différents protagonistes ne sont pas en reste, et on s'amusera à chercher qui est le plus perché du lot, tant leurs propos sont parfois lunaires.
Derrière cet univers si particulier se cache une critique sociétale qui se ressent autant par les lieux visités que par les personnages rencontrés. On comprend assez vite que les employés de l'usine dans laquelle on travaille sont en grève, et que cela a des répercussions sur les lieux alentours. Bien qu'assez peu subtil dans sa forme et son humeur à base d'étrons, le jeu distille son propos ça et là, via quêtes et défis, et parviendra à vous tenir en haleine quelques heures.
L'aventure est effectivement plutôt courte et se bouclera en moins d'un après-midi. On pourra bien sûr y revenir si on se sent l'âme complétionniste, pour terminer la liste de défis proposé par le studio. Pour ma part, j'en ai accompli quelques-uns, mais n'étant pas le client cible, j'ai eu beaucoup de mal à m'éterniser dans ce monde ouvert, si ce n'est pour fumer clope sur clope afin de me la jouer bad-boy (et jouer aux mini-jeu dispos sur le PC qui fait office de menu). Côté gameplay, on se retrouve face à un jeu à la première personne, qui reprend quelques codes du Fast-FPS, l'aspect shoot en moins. Les déplacements sont rapides, la gravité curieuse, et la liberté de mouvements se veut assez conséquente. Le jeu est permissif et compte sur votre soif d'exploration pour atteindre des endroits qui paraissent à première vue inaccessibles, il vous offre même des objets pour faciliter l'exploration verticale !
En ce qui concerne le portage en lui-même, au vu du titre, on ne s'étonnera guère de voir que la Nintendo Switch sait faire tourner Sludge Life sans mal. C'est fluide, les chargements sont rapides, et que ça soit en mode Nomade ou TV, on ne dénotera aucun décrochage de la machine. Tant mieux !
Reste maintenant à savoir à qui on peut recommander ce jeu édité par Devolver Digital... Si vous cherchez un monde ouvert brut de décoffrage, qui fait abstraction des centaines de points d'intérêt sur une carte, vous êtes probablement au bon endroit, pour peu que vous accrochiez à sa direction artistique... originale et à son scénario sur fond de révolte sociale.
N'étant pas en mesure d'extraire mes captures Switch (mon adaptateur a rendu l'âme), les images sont celles de l'éditeur. Le jeu final dispose bien d'un sous-titrage français.