Iron Harvest – Avez-vous déjà vu… des Mechas issus de la Grande Guerre ?
La dernière fois que j'ai joué à un jeu de stratégie en temps réel, c'était en 2013, lors de la sortie de la première extension de StarCraft II : Heart of the Swarm. Depuis, j'ai eu tendance à bouder le genre, à part une ou deux parties éventuelles d'Age of Empire, je n'ai jamais ressenti d'envie spécifique de me relancer dans un STR, n'ayant plus spécifiquement d'attrait pour ce style... On m'a pourtant proposé de tester Iron Harvest, il y a quelques jours, suite à sa sortie sur l'Epic Game Store, après un bref trimestre d'exclusivité sur Steam.
Iron Harvest prend place dans un univers un peu particulier. Il revisite l'issue de la première Guerre Mondiale et se concentre sur 3 nations fictives se battant pour un territoire bien réel : l'Europe Centrale et l'Europe de l'Est. Rusviet, Saxonie et Polonia vont donc s'affronter avec des unités d'infanterie classiques, ainsi que des Mechas fumants et rutilants, développés grâce à des investissements massifs dans l'armement industriel. Comme bon nombre de jeux du genre, le titre de KING Art nous propose de jouer les 3 nations au travers du mode histoire. On débutera l'aventure avec la nation de Polonia, en suivant les péripéties de la jeune Anna, qui va devoir apprendre à survivre seule, puisque son frère la quitte après un très bref tutoriel permettant de prendre en main le jeu, et en profitera pour nous faire croiser le chemin d'un ourson qui deviendra une véritable machine à tuer, accompagnant notre courageuse héroïne. A noter que chaque nation dispose de son "animal totem", que je vous laisse le soin de découvrir (le nom des nations devraient vous mettre la puce à l'oreille).
Sans être transcendante, l'histoire se laisse suivre et fera réfléchir le joueur sur divers aspects de la guerre. On évite le discours trop polarisé de "la guerre c'est mal", et les différents points de vue permettent de voir que personne n'est épargné. Mention spéciale pour les doublages, qui permettent de choisir entre anglais/polonais/russe et allemand, et propose en sus un mode "Immersif" qui va adapter, en fonction du personnage choisi, la langue parlée. C'est tout bête, mais entendre la langue natale dans le doublage des personnages aide beaucoup à l'immersion, qui plus est, les acteurs sont excellents ! Pas de panique cela dit, les sous-titres sont eux bien en français, vous ne serez pas obligé d'apprendre 3 langues pour comprendre ce qui se dit.
Le cœur du jeu est lui assez classique dans ses mécaniques, et fera penser à Company of Heroes plus qu'à Age of Empire et autres STR de "construction". J'entends par là qu'on ne vous demandera pas de créer une base de A à Z en récoltant moult ressources et en bâtissant une armée avant de partir en guerre. On gérera plutôt des petits pelotons devant s'aventurer sur une carte, qui contient un objectif principal (souvent itératif) et quelques objectifs secondaires à compléter pour capturer une zone, s'armer ou récupérer quelques ressources. On pourra d'ailleurs reprocher une certaine redondance aux objectifs, qui ont tendance à se répéter ou à s'éterniser un peu artificiellement.
En combat, il faudra étudier le décor pour en profiter au maximum et éviter de perdre trop rapidement ses unités. Se mettre à couvert derrière un muret, s'enfermer dans une maison, prendre position sur une mitrailleuse... les options tactiques sont nombreuses, et nécessitent d'être assez réactif, sous peine de vivre des retournements de situation fort rapides. Si l'ennemi s'empare d'une mitraillette, vos soldats vont automatiquement se mettre à plat ventre, ce qui ralentira considérablement leur vitesse de déplacement. Pareil, laisser un groupe de fusiliers face à un mecha ne sera pas une idée merveilleuse, surtout si ce dernier dispose d'un lance-flammes. J'ai été assez étonné de l'IA ennemi, que j'ai trouvée assez retorse, même en difficulté normale, et je me suis surpris à baisser le cran de difficulté pour certaines missions. Nul doute que les afficionados du genre s'en sortiront, mais n'étant pas un gros joueur du genre, j'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois... et j'ai compris un peu tardivement que nos unités pouvaient changer de classe en récupérant certains objets laissés à même le sol par nos ennemis. Enfin, les méchas de Nikola Tesla sont une chouette idée sur le papier, et procurent un réel sentiment de puissance au joueur dès lors qu'il en manipule un, mais déséquilibrent totalement les affrontements, tant ils roulent sur les unités d'infanterie plus classique. On aura ainsi tendance à laisser pour compte ses unités standards pour mettre le paquet sur ces bécanes surpuissantes et modélisées avec beaucoup de soin.
Enfin, un rapide point sur la partie technique du titre... je ne sais pas si le pathfinding est un souci technique ou ergonomique, mais ce dernier est souvent pénible et ne répond pas forcément comme on l'attend, en déterminant des chemins ou des couvertures pas toujours très réussis. Graphiquement, ça tient la route, sans jamais réellement briller (sauf pour les méchas, comme je le disais ci-dessus).
Pour résumer, je ne cache pas que j'ai passé un moment assez sympathique sur Iron Harvest... qui m'a rappelé les sessions de jeu de mon père sur Company of Heroes que j'observais avec intérêt quand j'avais 12-13 ans. Jouer à un titre du genre en 2020, ça m'a donné l'impression de revenir 15 ans en arrière, ce qui ne m'a pas déplu. Pour autant, sans être déplaisant à jouer, j'aurais apprécié un équilibrage plus fin des unités, et des missions un peu plus variées et écourtées.