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The Witcher – Série Netflix (S1)

Cette fin d'année est marquée par le signe du Witcher, avec la sortie le 20 décembre de la série sur Netflix, alors qu'en fin novembre CD Projekt Red ressortait le troisième opus sur Nintendo Switch. En parallèle, Bragelonne a réédité le premier des recueils de nouvelles d'Andrzej Sapkowski, que je vous présentais d'ailleurs il y a peu (Le Dernier Vœu). Puis est tombée l'annonce que l'éditeur du jeu vidéo a signé un nouvel accord avec l'auteur de la saga, lui offrant l'exclusivité des droits pour réadapter The Witcher en jeu vidéo, roman graphique, jeu de société et produits dérivés. Une annonce qui s'accompagne de la mise en vente d'une statuette de Ciri dans la boutique en ligne de l'éditeur (vendue 247€).

Ayant terminé le visionnage des huit épisodes de la série, retrouvez ci-dessous mes impressions, limitées au minimum en termes de spoiler !

L'histoire mêle les trames de plusieurs nouvelles issues des deux premiers livres, Le Dernier Vœu et L'Épée de la providence, le tout relié par des événements qui ne sont qu'à peine mentionnés par les héros. D'un côté, nous plongeons dans le passé de Yennefer (incarnée par Anya Chalotra), subissant son apprentissage de magicienne des dizaines d'années avant que Geralt de Riv (incarné par Henry Cavill) ne parcoure le monde pour défendre les hommes contre les monstres. Des événements qui eux-mêmes se passent bien avant la naissance de la jeune lionne de Cintra, la princesse Cirilla (incarnée par  Freya Allan). Alternant gaiement entre le passé et le présent, il est parfois difficile de suivre, la série ne donnant pas toujours d'indications précises sur le moment où se déroule chaque scène. Ceux qui n'ont pas lu les livres devront attendre les derniers épisodes pour comprendre comment ces trois protagonistes qui ne se croisent pourtant qu'à peine sont reliés par le destin. Ce destin, d'ailleurs, est dans la bouche de tous les personnages, car eux-mêmes ont vu leurs vies dirigées par des décisions qui les dépassent. Aucun n'a choisi de devenir un sorceleur, une magicienne ou une princesse, et cela est bien retranscrit dans les dialogues.

Certains personnages gagnent en présence, en se retrouvant introduits plus tôt, comme c'est le cas pour Triss Merigold (incarnée par Anna Shaffer) qui apparaît bien plus tôt que dans les romans (Le Sang des elfes). Jaskier (incarné par Joey Batey) est exactement comme je l'imaginais, tel un parasite bavard n'ayant comme seule mission que de perturber la tranquillité de Geralt. La série change légèrement leur histoire, les faisant se rencontrer dans un des premiers épisodes, alors que dans les livres ils se connaissent déjà depuis longtemps lors de la même nouvelle. Leur amitié atypique n'en est en rien diminuée, Geralt tente de se débarrasser de Jaskier avec le même empressement qu'il montre lorsqu'il doit faire une promesse risquée pour sauver la vie du poète.

Les trames des nouvelles sont globalement respectées, même si la série va à l'essentiel, réduisant le nombre de protagonistes impliqués ou simplifiant la résolution du problème en supprimant phases d'enquête et discussions. Cela s'accentue sur les derniers épisodes, qui expédient de plus en plus les nouvelles, pour dédier un temps d'écran important à la bataille du Mont Sodden qui, dans les livres, ne se voit décrite que par quelques mentions et un mémorial que Geralt découvre des mois après les faits. Même si je ne peux que regretter l'absence de certains moments croustillants, il faut tout de fois être honnête avec le fait que la scénariste (Lauren Schmidt Hissrich) a essayé de conserver au maximum des moments-clés : la préparation des potions de sorceleur, les monologues entre Ablette et Geralt, les discussions ouvertes de Geralt avec les autres (rois ou manants), le manque d'argent chronique de Geralt, la méchanceté des gens, la notoriété grandissante de Geralt grâce aux ballades de Jaskier, la grogne des non-humains, la montée en puissance de l'Empire de Nilfgaard, la rencontre avec Yennefer...

Je regrette cependant quelques petits détails. Par exemple, Geralt accepte de l'argent avant le travail réalisé, alors que cela est contraire à son "code" : il ne se fait payer que sur les résultats (amenant bien souvent le pauvre bougre à repartir bredouille car il a du mal à faire respecter la parole donnée une fois la menace éradiquée). Je ne comprends pas certains changements qui ne s'expliquent aucunement par une nécessité de réduire le budget, de simplifier la trame ou de réduire le nombre de personnages (en vrac, sans en révéler trop : pourquoi Foltest est-il opposé à l'intervention de Geralt, pourquoi est-il fait mystère des parents de la strige, pourquoi Geralt ne pêche-t-il pas pour manger, pourquoi le marchand n'engage-t-il pas Geralt...).

Mais le principal point qui me gêne concerne la relation entre Geralt et Ciri. Je vais être obligée ici de révéler quelques détails sur la naissance de la princesse de Cintra, mais cela m'est nécessaire pour expliquer ma réserve. Lorsque Geralt sauve la vie du père de Ciri, il fait appel au droit de surprise et, contre tout attente, cela se révèle être une enfant.

Dans les livres, Geralt s'oppose de toute les fibres de son âme contre cet état de fait. Lorsqu'il revient à Cintra six ans après, c'est pour annoncer à la Reine Calanthe qu'il refuse de se plier à la destinée et il lui laisse l'enfant. Quelques années après, il croise Ciri par hasard dans la forêt de Brokilone et renvoie Ciri auprès de Calanthe malgré l'insistance de la petite fille et de son ami druide, Sac-à-Souris, qui le met en garde contre la destinée bafouée. Ce n'est que la troisième fois qu'il accepte enfin de prendre ses responsabilités et de devenir le tuteur de la princesse.

Dans la série, les événements de Brokilone sont en partie repris dans d'autres circonstances qui n'impliquent pas Geralt. La discussion avec Calanthe (incarnée par Jodhi May) n'a pas pour but de laisser Ciri, bien au contraire : Geralt insiste lourdement auprès de la reine pour prendre en charge Ciri, sous le prétexte de la protéger contre l'attaque imminente des Nilfgaardiens. Ainsi, les bases même de leur relation sont changées. Quand Geralt retrouve Ciri, elle ne le connaît pas et n'a pas grandi avec le poids de ce rejet, consciente de subir les conséquences du destin repoussé, bafouant sa volonté de s'y plier pour devenir une sorceleuse. Cela n'a pas un gros impact sur cette première saison où les deux personnages sont séparés, mais je me demande comment cela sera traité en saison 2, et si cela ne changera pas trop la relation difficile qui unit Geralt et Ciri.

Même si j'espérais que la série suive avec plus de soin les livres d'Andrzej Sapkowski, notamment sur les motivations des personnages principaux, l'univers de la série de Netflix fourmille de détails adressés aux fans qui sauront reconnaître les signes. D'ailleurs, cette série leur est entièrement dédiée, ne perdant pas de temps à expliquer l'univers et ses coutumes, au risque de perdre les néophytes qui n'ont ni joué au jeu, ni lu les livres. Et cela se ressent dans les critiques : au moment où j'écris ces lignes, le site Rotten Tomatoes affiche 93% d'avis positifs des fans, face à 56% par les médias officiels (ce qui a d'ailleurs fait réagir la showrunneuse sur Twitter). La performance d'Henry Cavill vaut à elle-seule le visionnage, l'acteur s'étant inspiré avec force du jeu vidéo, jusque dans ses mimiques et ses attitudes, et je le trouve à mon humble avis bien plus convainquant en Geralt de Riv qu'en Superman. La série n'est pas exempte de défauts, mais les 8 épisodes se laissent regarder avec une joie à ne pas bouder en cette fin d'année.

En plus, bonne nouvelle : une seconde saison a déjà été commandée, dont le tournage est prévu en début d'année 2020 ! Nul doute que nous entendrons encore parler du si célèbre sorceleur pendant longtemps, de nombreuses aventures restant à être contées, que ce soit dans la série, les livres, ou peut-être dans un nouveau jeu vidéo ?



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