Gamescom 2019 – Carrion
Jouer les héros est très fréquent dans les jeux vidéo. Jouer les méchants l'est moins, mais c'est également une possibilité régulièrement proposée. Par contre, ce qui est rare, c'est de jouer un monstre, une créature qui n’a pour but que de survivre et de quitter le complexe dans lequel les hommes se sont amusés à l'expérimenter. Carrion est un de ces jeux.
Dans un style très rétro, le joueur contrôle une masse informe rouge avec des tentacules qui peut se déplacer librement dans les niveaux, que ce soit au sol, contre les murs ou au plafond. Il suffit de s’y diriger, les tentacules font le reste dans une animation qui fait fortement penser à un symbiote sans hôte de l’univers cinématographique de Marvel. Même si l’inspiration pour le jeu a été davantage la créature du film The Thing (de James Carpenter), tout comme l’ambiance d’ailleurs.
Manier cette chose n’est théoriquement pas compliqué : gâchette gauche pour se déplacer discrètement, gâchette droite pour lancer sa tentacule sur des obstacles après avoir visé du joystick droit et les deux autres boutons de tranche servent pour des compétences spécifiques glanées dans des cocons de transformation (invisibilité, lancer de tentacules, charge puissante, etc). C’est dans la pratique que les choses sont un peu plus délicates ; notamment en termes de précision avec la tentacule, car bien que très jouissif, il est délicat parfois de réaliser des enchaînements précis sous le feu ennemi dans ce jeu relativement difficile tant la vitesse de mouvement de la créature est un poil trop rapide. De même que l’aspect discrétion est très limité dès lors qu’on a atteint une certaine taille. Et lorsque le seul moyen de se débarrasser des militaires est de les tuer indirectement avec un élément du décor ou de les attraper et faire joujou avec en les faisant virevolter dans tous les sens avant de les recracher, l’exposition et l’approche exigent une certaine dose de préparation. Heureusement qu’en plus des pouvoirs, les cocons vous renforcent également, augmentant votre taille jusqu’à atteindre cette imposante sorte de blob qui pourra absorber des montagnes de dégâts avant de perdre de sa prestance si elle est trop endommagée.
Le jeu se transforme alors en sorte de léger Metroidvania où il faudra débloquer son chemin en actionnant des commandes, évitant pièges et systèmes de sécurité tout en semant la destruction et le chaos grâce à une physique un peu exagérée, ou restaurer sa santé en festoyant autour des cadavres de scientifiques et autres badauds qui traineraient dans le coin.
C’est vraiment jouissif, mais l’aspect confiné des niveaux, du moins sur la version présentée, bien qu’augmentant la sensation oppressante de l’ambiance pour distiller un sentiment de film d’horreur, limite à mon sens l’expérience vidéoludique de créature imposante qui ravage tout sur son passage. Peut-être existe-t-il des environnements en extérieurs au lieu de ce complexe souterrain aux couloirs étriqués ?
Mais dans son concept, et dès les premiers instants, le sentiment jouissif d’être une créature horrifique et toute puissante qui ne sème que la mort sur son passage est vraiment intéressant et j’ai hâte de voir ce que donnera le jeu final lorsqu’il sortira courant 2020 sur PC, PlayStation 4 et Xbox One.