Crackdown 3 – Boum Shakalaka !
Encore une de ces situations tendues où la moindre erreur peut m'être fatale. Me voilà encerclée de toutes parts de créatures hostiles prêtes à me sauter dessus, sans aucun scrupule, et à m'assener le coup final qui me mettra à terre. Les fous... Ils ne savent pas que je suis un des meilleurs éléments de l'Agence. Gavé d'orbes d'agilité et aux compétences de force, d'endurance, de tir, et bien d'autres, toutes au maximum.
Qu'ils les appellent leurs renforts ! Je vais tous les renvoyer ad patres, leur faire regretter d'avoir osé s'approcher de moi dans mon état de rage de voir tous ces gens souffrir par leurs méfaits diaboliques dans le but d'assouvir je ne sais encore quel plan sadique qui répondra à leurs ambitions démesurées.
Leur nombre grandit : ils sont désormais bien une vingtaine d'individus dans leur uniforme blanc à me faire face. Je vais, je pense, devoir utiliser une de mes techniques préférées : sauter en l'air et retomber sur le poing pour provoquer une onde sismique tellement puissante qu'ils vont se faire désintégrer. Ce ne sont pas leurs armes chétives et primitives qui vont les protéger d'une telle force bru...
Que...? J'ai été touché. Une de leurs armes s'est enfoncée dans mon cou. Je n'ai pas vu son utilisateur s'approcher. Un voile noir brouille ma vue. Je perds conscience...
- Combien de fois il faut vous le dire ? On endort Mr Stéphan au gaz anesthésiant AVANT de tenter de soigner sa rage de dent !
À chaque fois c'est pareil ! Je vous jure, ces internes...
Avant de commencer ce test, je désire mettre les choses au clair : je ne vais pas me soucier des promesses faites dans l'annonce, ni celles faites au fil des ans de développement et qui sont ou ne sont pas dans le jeu final. C'est contre-productif de s'attarder sur des promesses vides. Et pour offrir un test le plus objectif qui soit afin que chacun puisse comprendre les forces et les faiblesses du titre et ainsi voir si le jeu est susceptible de vous satisfaire, il est préférable de parler de ce que le jeu propose.
Campagne
Ceci étant établi, parlons Crackdown 3 et plus particulièrement, dans un premier temps, de sa campagne. Vous jouez un membre de l'Agence (Jaxon, incarné par le survolté et hilarant Terry Crews) sur l'île artificielle de New Providence et allez mourir dès la cinématique d'intro. La technologie de l'époque étant ce qu'elle est, vous allez être régénéré complètement grâce à un système de clonage, mais allez perdre toutes vos compétences et votre expérience dans le processus. Ce sera donc une priorité de regagner votre force d'antan pour pouvoir faire face à l'horrible multinationale qui règne d'une main de fer dans la ville.
Les joueurs de Crackdown, premier du nom, seront donc dans des eaux complètement connues dans son concept de chasse aux orbes d'agilité et d'expérience acquise dans le domaine affilié à la manière de “s'occuper” des ennemis. Quant aux joueurs de Crackdown 2... Suis-je bête: ce jeu n'a jamais existé !
On retrouve donc le gameplay très arcade propre à la série, décomplexé et sans prise de tête, où le fun passe avant tout. Tellement pas prise de tête que le système de ciblage et de localisation des dégâts pour pouvoir sauter dans tous les sens tout en affrontant des nuées d'ennemis est de retour en version améliorée et reste dans l'ensemble réussi et plus souple qu'avant. Un bon point pour cela. Malheureusement, cette souplesse ainsi que cette accessibilité sont appliquées un peu partout dans le jeu et ce n'était probablement pas une très bonne idée en fait.
Voyez-vous, la campagne est très, très, courte pour du monde ouvert. Je l'ai finie en 9 heures en récoltant quasiment tout et en faisant toutes les missions annexes. La faute à non seulement un manque de contenu sur la carte, mais également une forte répétitivité qui fait qu'une fois qu'on a fait un type d'assaut, les autres deviennent un jeu d'enfant, puisque le schéma pour les réaliser reste identique entre eux.
Et je ne parle même pas des adversaires qui ont certes du répondant, mais n’en restent pas moins ultra prévisibles. Surtout que le jeu étant ouvert, on peut acquérir rapidement et facilement une certaine arme, le broyeur, qui grosso-modo lance un rayon de feu et que vous ne lâcherez que pour faire mumuse avec le fusil créateur de trous noirs les 3 minutes après son obtention pour revenir ensuite au broyeur bien plus mortel. Non, sérieusement, cette arme est beaucoup beaucoup trop efficace sur tout le monde, aucun ennemi n'ayant de résistance au feu, contrairement à son homologue toxique. Même les boss ne sont qu'une formalité pour elle.
Je veux bien que la série Crackdown propose d'incarner un agent surboosté, aux capacités surhumaines et que le jeu veut que le joueur se sente surpuissant, mais il y a clairement un manque d'équilibrage dans ses armes. Car si les coups physiques de votre agent peuvent être dévastateurs à haut niveau, ils requièrent cependant le risque de se prendre des dégâts car il faut être plus ou moins au corps à corps pour les faire voler. Et ça, ça offre un certain équilibre. Alors que le broyeur... Ce n'est même pas une arme spéciale qui sert de récompense à un défi corsé, non, mais du loot d'ennemi qu'on croise la plupart du temps. Et une fois qu'on récupère un équipement, il est débloqué aux avant-postes pour une utilisation à volonté. Encore heureux qu'elle ne soit pas disponible en multijoueurs...
Le mâchage des choses est tellement poussé dans Crackdown 3, que la plupart des missions peuvent être achevées sans même s'occuper des ennemis. Il suffit d'esquiver les tirs en sautant comme un cabri et de détruire directement les objectifs. Sans compter les avant-postes, lieux où vous pouvez changer votre équipement, agent, ou utiliser le déplacement rapide qui se débloquent dès lors que vous touchez sa zone. Malgré le fait que des ennemis seront là pour le protéger.
À croire que les ennemis ne sont là que pour faire joli...
Le jeu est tellement simple que j'aurais pu sans exagération le terminer en moins de 5 heures si je ne m'étais pas amusé à me balader, chercher des orbes secrètes, escalader des grands buildings et sauter dans le vide pour ensuite en pleine chute me demander comment je vais survivre à la chute. Oui, parce que sur ma vingtaine de morts, plus des trois quarts sont liées à des sauts débiles de ce genre, une à une erreur d'appréciation de ma part concernant mon niveau de munitions et la dernière, disons que je l'ai cherchée en montant toutes les alertes de défense au niveau maximum et qu'au lieu de partir pour me mettre à l'abri et semer mes assaillants, j'ai bien passé 15 minutes à buter tout ce petit monde qui arrivait sans cesse en force avant de plier devant la montagne de cadavres de soldats ennemis, de robots, de drones que j'ai laissés.
Et tout cela est frustrant. Très frustrant que de subir le symptôme Saïtama où on incarne un personnage qui surpasse tellement ses opposants que l'ennui et la lassitude prennent rapidement le pas à l'ébauche de fun qui commençait à poindre le bout de son nez.
Surtout que le jeu offre de nombreux agents aux "styles différents" comme ils disent. Malheureusement, ils se contrôlent tous de la même manière, réagissent de la même manière et le "style différent" se résume à des skins de personnages qui permettent de booster le gain de certains types d'expérience pendant que d'autres boosteront les gains dans d'autres catégories d'expérience.
Alors on préférera probablement conserver Jaxon, le personnage de base, pour être déçu de voir son caractère déchaîné dans l'intro, s'effacer complètement dans le jeu en dehors de quelques rares punchlines en jeu. Surtout qu'à côté les deux voix off, Echo et le responsable de l'Agence dont j'ai déjà oublié le nom, commenteront toutes vos actions, empêchant tout développement de la personnalité de l’Agent. Une belle sous exploitation de Terry Crews si vous voulez mon avis.
Reste alors une technique visuellement moyenne avec de nombreux freezes et quelques objets destructibles dans une application de la physique volontairement exagérée qui colle bien à l'aspect arcade du titre.
Précisons que la campagne peut se jouer à deux, mais uniquement avec des gens de votre liste d'amis. Le jeu n'étant toujours pas officiellement sorti en écrivant ces lignes, il est donc impossible de tester ce morceau. Autant la manoeuvre est compréhensible pour assurer des parties saines avec des personnes de confiance, autant une option pour se trouver de nouveaux camarades de jeu aurait été appréciée pour ceux qui n’ont pas d’amis avec le jeu.
Probablement pour le côté multijoueurs du titre...
Multijoueur
Et finalement, parlons-en de ce mode multijoueur !
Oubliez New Providence et entrez dans l'Alterzone, théâtre des affrontements multijoueurs en 5 contre 5 et articulés autour de deux modes : Team Deathmatch dans lequel il faudra tuer l'équipe ennemie et récupérer les plaques des défunts pour marquer des points, ainsi que de la capture de territoire où il faudra capturer et protéger des terrains jusqu’à épuisement des points pour engranger 250 points au total.
Dans ce mode qui quitte le style coloré de la campagne pour plusieurs environnements beaucoup plus réduits et simili tronesques, tout est destructible. Oui, tout. Cela apporte quelques légers aspects tactiques intéressants, sans pour autant être si importants que cela, lors des affrontements déjà très nerveux sans ni sacrifier le dynamisme, ni même le gameplay Crackdown. Et c'est là un point intéressant, puisque c'est à la fois sa plus grande force, mais également sa plus grande faiblesse.
Voyez-vous, comme dans la campagne, il est aussi possible de locker vos adversaires. Ce qui permet de sauter dans tous les sens, sans pour autant perdre votre cible des yeux. Mais cela enlève tout réel challenge de visée, puisque c'est le placement et l'unité de l'équipe qui finalement permettront de se démarquer de ses adversaires dans des affrontements bien chaotiques.
Le fun est là, mais il manque de la variété (peu de maps, peu d'armes à disposition, peu de gadgets, peu de modes de jeux) et de l'originalité, la destruction, finalement n'étant qu'un gimmick qui n'aura pas l'impact espéré.
Conclusion
Au final, Crackdown 3 est un jeu à l’aspect très mitigé. Sa campagne trop courte pour un monde ouvert, trop facile, qui néanmoins arrive à offrir des moments complètement fun si on décide de se lâcher pleinement et de faire du n'importe quoi en "hors piste". Et son mode multijoueurs finalement pas assez riche pour offrir une expérience de jeu profonde et passionnée, mais qui offre un gameplay tellement nerveux et amusant qu'il serait dommage de ne pas s'y essayer. Crackdown 3 n'est pas vraiment un bon jeu. Mais Crackdown 3 n'est pas non plus un jeu horrible. Ce n'est pas non plus un jeu moyen.
On est clairement dans le cas du jeu qui pourrait satisfaire les joueurs amateurs de bons plans à pas cher et les possesseurs du Game Pass (le jeu y sera inclus dès sa sortie). Ni plus, ni moins. Mais plein pot, vous n'en n'aurez malheureusement pas pour votre argent tant le contenu est faible, et c’est bien dommage.