Defiance – Journal d’un pillarche #16 : on y va !
Ils étaient là, tous les trois : John Cooper, Torc Mok et même Falon McNeil. Cooper arborait sa tête des mauvais jours, bon sang ! Tous semblaient tendus, même moi je suppose, et cela semblait bien légitime au vu des circonstances : prendre d’assaut la base la mieux défendue du Fléau de l’Ouest ne sera pas une partie de plaisir nous en étions tous conscients. Cependant, ce qui devrait être fait depuis longtemps arrivait maintenant à point nommé : il était plus que nécessaire désormais de mettre un frein à cette propagation du Fléau de l’Ouest qui se répandait tel un cancer.
John repliait la carte déroulée négligemment sur la table lorsque son hailer sonna.
« Enfin ! Faites la entrer », dit-il simplement. Torc et moi nous sommes jetés un coup d’œil, quelqu’un allait il intégrer l’équipe de commandement aussi tard ? Après le débrief ? En simple observateur alors, n’ayant pas été informé de la marche à suivre.
Et c’est là que je la vis et je ne pus en croire mes yeux. Elle était comme dans mes souvenirs que le temps n’a pu effacer. Bien sûr, j’étais nettement plus jeune, et elle encore une enfant, mais c’était bien elle. Je restai là, comme prostré, Cooper dû le remarquer car il me demanda :
« Quoi ? Qu’est ce qui t’arrive Yul ? Tu n’as jamais vu un joli brin de fille ? »
Je l’ignorai superbement.
« Tia ? », dis-je.
« Oui ? » répondis-t ‘elle. « On se connait ? » sur un ton de défiance.
« Tu ignores donc ton nom de famille ? »
Visiblement incrédule, mais piquée à vif. Il n’y avait aucun doute, je reconnaitrai cette moue entre mille. En l’absence de réponse de sa part, je pris les devants :
« Tu te nommes Tia, Tia Arach, tu es ma petite sœur. »
Ses yeux en amande s’écarquillèrent soudainement, sa mâchoire inférieure s’ouvrit progressivement, cependant aucun son n’en sortit. Aucuns des autres n’auraient osé briser le silence qui s’ensuivit.
Le Fléau de l’Ouest
Le Fléau de l’Ouest (appelé également Shkathe'Nado) formait le groupe d’élite de Ekaru Kome, originaire de la colonie d’Omec et ayant émigré sur la côte Ouest après leur rencontre en 2030 avec les soldats de l’EMC (Earth Military Coalition). Mais à présent, ils ne servent que leur sinistre dessein qui est de contrôler le monde et d’éradiquer les humains aussi bien que tous les votans ne ralliant pas leurs causes. Tous leurs membres portent des armures de combat renforcées au blindage lourd ainsi que la toute dernière génération d’implant EGO comprenant, entre autres choses, un dispositif télémétrique permettant de capturer leurs mouvements. Les membres du Fléau de l’Ouest ne sont désormais plus constitués que de Castithans et d’Irathients. Enfin, pour l’anecdote, les officiers utilisent des brouilleurs d’identité afin de les mettre à l’abri des tentatives d’assassinat.
Durant les Guerres Pâle, leur perfidie leur a valu l’attribution de toutes sortes d’atrocités perpétrées sur les civils ainsi que l’amplification par la violence des hostilités. Le Fléau de l’Ouest était là lors de la Bataille de Defiance, mais ils ont ensuite disparus… Jusqu’à la venue de Nim Shondu, le frère d’Ara, à leur tête. La suite, vous la connaissez, ce dernier a été défait grâce au courage d’une poignée de pillarches et c’est exactement ce qui va se repasser aujourd’hui.
En route
Cependant que nous étions dans le T4 de Torc qui nous rapprochait du lieu de l’affrontement final, Cooper dévoila les derniers points.
« Leur première ligne de défense photonique sera prise d’assaut par le groupe de pillarche mené par Fallon, et ce ne sera pas du gâteau, nos éclaireurs ont indiqué que ces dernières étaient protégés par des mecas, et vous savez à quel point ils sont résistants. Mais cela doit être fait car nous devrons entrer Yul et moi dans le bunker avant que les renforts n’arrivent. L’appui sera fait par la deuxième équipe de pillarches qui aura la tâche de s’occuper des snipers et soldats qui ne manqueront pas de se déployer derrière leur ligne de défense principale. Nous profiterons de la pagaille pour nous faufiler. Reste la grande inconnue : que trouverons-nous à l’intérieur en terme de résistance ? Nos espions ne sont jamais allés aussi loin. Il va falloir… »
J’étais ailleurs (mauvaise idée). Quant à Tia, elle était bien là, assise à côté de moi, les mains jointes sur ses cuisses et l’air refrogné. Elle n’avait toujours pas décoché un mot depuis nos étranges retrouvailles. Cependant je trouvais cela légitime et ne voulais pas la brusquer car cela faisait longtemps que nous nous étions perdus de vue et je me doutais bien qu’il lui faudrait du temps pour digérer cette surprise. Je tentai malgré tout un regard dans sa direction, avec la ferme intention de soutenir son regard si toutefois elle daignait le poser sur moi. Et ce fût le cas, enfin, l’espace d’un court instant. Elle rabaissa les yeux et articula faiblement : « Tu m’as laissé tomber ».
« Ecoute, si j’ai disparu du jour au lendemain c’est que… »
« Ce n’est pas le moment d’évoquer les vieux souvenirs. », coupa John. « Donc pour finir, Tia, comme convenu, tu t’occuperas de leur borne-relais à l’extérieur de la tour, ces idiots la laisse tout le temps sans surveillance, c’est d’autant plus stupide qu’elle revêt un intérêt stratégique pour relayer les communications de leurs hailers. Torc t’escortera. »
Cela semblait bien ficelé, et il le fallait. La moindre erreur pouvait être fatale à notre armée car le Fléau de l’Ouest dispose notamment d’une flotte aérienne, dont on ignore encore la façon dont celle-ci peut voler à cause des débris en suspensions dans l’atmosphère, qui d’ordinaire interdisent justement tout vol au-dessus de trente mètres d’altitude. Mais il y a pire : les monolithes. Ces machines de guerre ayant fait leurs premières apparitions durant les Guerres Pâles sont aussi hautes qu’un immeuble de quatre étages et sont dotées d’une puissance de feu pouvant balayer tout et tout le monde sur leur passage. Une fois sur place et juchées sur leurs gigantesques pattes métalliques, mieux vaut battre en retraite je vous l’assure.
La route, du moins ce qui en restait, avait désormais totalement laissé place à de la terre battue et irradiée par les retombées radioactives causées par l’explosion d’une terrasphère. Nous approchions de notre objectif, il n’était plus qu’à quelques encablures désormais. Torc écrasa le frein et stoppa le T4. Devant nous, les chefs de groupe, enfin ceux qui avaient été désignés par les pillarches pour cet assaut exceptionnel, nous attendaient en bas du promontoire qui surplombait la première ligne de défense de la Tour Sutro.