SimCity – Les SDF
La plupart des joueurs vous diront que les SDF (sans-domicile-fixe) de SimCity sont les seules imperfections de leur monde virtuel. C'est peut être une des raisons qui a poussé Matteo Bittanti, un universitaire, à les analyser de près. Pour lui, ils ont une valeur, ils représentent "un symbole emblématique des conditions de vie néolibérales de l'Ouest". Il a décidé d'en écrire deux livres répartis en 600 pages qui sont aujourd'hui disponibles. Ces livres sont au prix de 220 dollars et retranscrivent les différents messages postés sur les SDF dans SimCity. Son étude se porte sur les années 2012 et 2013, il a analysé des forums où des tactiques anti-SDF avaient été abordées. Il y a même un guide vidéo mis en place par un joueur pour essayer de régler ce "problème" :
Beaucoup d'idées ont été développées par les joueurs comme l'annonce le site de Matteo : "de la transformation des sans-domicile-fixe en zombies à la destruction au bulldozer des parcs où ils se rassemblent".
Pour lui, ces commentaires sont partagés dans un monde virtuel mais ils symbolisent un problème réel de société. Il a confié que les "jeux vidéo représentent ce qu'on appelle souvent 'la vraie Amérique'… Cette vraie Amérique opère avec une logique de jeux vidéo et cette logique-là, c'est le néo-libéralisme comme on peut le constater à San Francisco, que je vois comme l'épicentre de l'inégalité. A San Francisco, soit vous conduisez une Tesla et buvez des cappuccinos à sept dollars, soit vous êtes à la rue".
Nous constatons que le descriptif des livres sur Amazon est très clair :
De la surprise au désespoir, du choc à la résignation, ces posts mettent en exergue les tréfonds de cette simulation, l'influence pas si subtile de l'idéologie dominante sur le design du jeu, l'interaction entre le jeu et la société, ainsi que la politique et le divertissement. Extirpés de leur source d'origine et reproduits sur le papier sans l'habillage habituel d'une discussion sur Internet (la signature de l'auteur, les bannières du site, les photos d'avatar, etc), ces échanges bâtissent un récit atypique. Le ton absurde de certains de ces dialogues rappelle les pièces de Ionesco. D'autres révèlent des préjugés racistes et de classe, et présentent une vision hautement politisée qui affirme que les algorithmes apparemment "neutres" étaient faits pour être outrepassés.
Si vous le souhaitez, voici une vidéo pour découvrir le sommaire des livres :
Et vous que pensez vous de tout cela ?