SWTOR – The Star Wars that I used to know
Cet article se base non seulement sur des faits avérés, mais aussi des sentiments et observations personnelles.
Dans un premier article, j'avais parlé de comment l'Univers Etendu s'était formé dans les années 90 et avait construit une base de fans pour les sorties de l'édition spéciale puis du début de la Prélogie. Les modifications apportées par cette nouvelle série de films ont été abordés dans un second article. Il y a indéniablement eu un avant et un après Episode I, que ce soit au niveau du nombre des productions mais aussi de leurs thèmes et du public visé. Et après l'Episode III ? Vu qu'il n'y a plus de films à accompagner, va-t-on revenir à l'ancienne formule ? Ou bien une nouvelle va-t-elle se dessiner ? Quelle sera la nouvelle période dominante maintenant que les deux cycles cinéma sont à égalité ? Et... Pardon, la question ne se pose pas ? C'est Georges Lucas qui décide ? Le même Georges Lucas qui s'est mis une partie des plus anciens fans à dos avec des nouveaux films jugés trop différents des anciens ? Avis qualitatif que partagent même certains nouveaux fans ? En 1996 avait été créé un livre spécial, encyclopédie à usage interne où se trouvaient classé tous les éléments Star Wars. En 2000, l'Holocron était fondé, organisme officiel utilisant ce livre pour déterminer le canon de l'UE et régulant les nouvelles sorties pour qu'il n'y ait pas de contradiction. Seulement, à partir de 2006, Georges Lucas va se pencher sur certaines œuvres et les autoriser à s'affranchir du canon. Chacun des projets sur lesquels le "grand maître" s'est intéressé a été critiqué et a vu des fans se détourner de l'univers Star Wars. D'autres ont commencé à élaborer des univers parallèles. Je ne parle pas de la classification de l'Holocron, si vous la connaissez. Mais des fans qui décident de piocher certains éléments dans le lot et d'inviter Georges à s'en carrer d'autres où ils pensent. Les fissures se multiplient.
Le plus gros morceau de cette période est aussi le plus controversé : The Clone Wars de Catherine Winder et Cary Silver. Série de 5 saisons (la guerre en elle-même se déroule sur 2 ans) depuis 2008. Plus une sixième née de conditions particulières. Populaire auprès d'un nouveau public, elle reçoit tout de même la même critique que la Prélogie : trop enfantin. Sauf que cette fois, c'est dit par ceux qui ont découvert Star Wars par la Prélogie. Personnellement, je n'ai jamais réussi à regarder une saison entière (j'ai pourtant essayé plusieurs fois) sans vertiges, douleurs oculaires ni vomissements. Désolé, je ne peux médicalement pas être objectif. A côté de ça, on leur reproche ce passe-droit au niveau du canon qui lui permet de tout chambouler régulièrement, un non respect de ce qui a déjà été fait dans l'univers y compris les films que les créateurs ont reconnu ne jamais avoir vu. Oui, cette série est en contradiction avec les films, avec certains personnages qui changent d'âge (l'actrice qui interprète Barriss Offee dans les films a 4 ans de plus qu'Hayden Cristensen, pas 10 de moins et ça se voit) ou de personnalité. Beaucoup ont applaudi l'écrivain Karen Traviss quand elle a claqué la porte devant la suppression de tout son travail de bien meilleure qualité parce que la série faisait un choix conspué (bon, il y a eu aussi un problème de royalties mais tout a pesé). Il parait même qu'il y a du plagiat de ce qui a déjà été fait après un certain nombre de saisons, mais en moins bon. Certains ont fini par craindre que la fin soit différente de l'Episode III. Mais ceux qui avaient débuté Star Wars par ce média l'espéraient. Que dire pour contrebalancer les critiques ? Ah oui, c'est officiellement du Star Wars et ça a été éminemment validé par Georges Lucas.
Côté bds, Dark Horse change de stratégie. Jusqu'à présent leurs parutions étaient des mini-séries, qui s'arrêtaient après deux ou trois arcs maximum. Voilà maintenant qu'ils se lancent dans des histoire dont ils n'imaginent même pas la fin. Dureront-elles longtemps ? Dark Times de Mick Harrison est le premier, se déroulant dans la continuité de l'Episode III et suivant des Jedi et séparatistes cherchant à échapper au nouvel Empire. Suivent Knight of the Old Republic de John Jackson Miller qui se passe dans les années précédant le jeu du même nom, Legacy de Jon Ostrander et Jan Duursema qui visite le futur deux siècles après les films, et Rebellion (auteurs multiples) qui nous ramène entre les épisodes IV et V. Il y aura même un crossover entre ces quatre séries, baptisé Vector. Toutes auront du mal à passer le cap des quatre ans, même s'il y aura des reprises ultérieures en mini-séries. Il y eut une tentative d'en créer une cinquième sur la guerre Yuuzhan Vong, mais plusieurs contradictions avec les romans de la période concernée ont fait qu'elle n'a pas marché. Plus récemment, l'Aube des Jedi d'Ostrander et Duursema qui nous emmenait à la fondation de l'Ordre a dû être raccourci car la licence (qui faisait le plus gros du chiffre d'affaire de Dark Horse) va leur être retirée en 2015. A côté de cela, nous pouvons trouver plusieurs histoires mettant en vedette Dark Vador et une utilisation évidente de la licence Clone Wars. Et un peu à part, les bds promotionnelles pour le lancement de The Old Republic.
Licence Clone Wars qui sera aussi réutilisée dans les romans, mais n'aura pas un très gros succès. Le public visé par DelRey est plutôt ancien et issu de l'UE première génération. La période reine dans ce domaine reste dans la continuité de ce qui a déjà été fait. Les critiques du côté fouillis du Nouvel Ordre Jedi sont intégrées et l'écriture de l'Héritage de la Force puis du Destin des Jedi est confié à trois auteurs coopérant sous la direction de Troy Denning. A noter que le nom du méchant du premier de ces deux cycles a été choisi suite à un concours auprès des fans. Et aux Etats Unis, l'aventure continuait dans des histoires dont nous avons très peu de chances de voir publiées en France, et qui avaient fini par le mettre le trio originel de côté. Côté Prélogie, ils tentent comme Dark Horse de surfer sur l'après-Episode III. Mais après que Karen Traviss ait claqué la porte suite à des problèmes financiers et l'effacement de ses précédents écrits à cause de Clone Wars (dont elle avait pourtant écrit quelques histoires dans cette catégorie), personne ne propose de quoi occuper cet espace. Dommage, la 501e paraissait très prometteur. Alors ils tentent d'autres directions. Comme la trilogie Dark Bane de Drew Karpyshyn. Ou plus récemment les livres promouvant The Old Republic. Enfin, il y a eu le Dark Plagueis de James Luceno, très attendu depuis que ce nom avait été murmuré dans le dernier film.
Passons maintenant aux jeux vidéos. En 2008, Georges Lucas a voulu refaire le coup des Ombres de l'Empire avec le Pouvoir de la Force et le mettra en avant au dessus du reste de l'UE. Il était même question de l'intégrer à la continuité des films. Mais le jeu ne se prêtait pas à une telle attention, ses développeurs ayant admis que leur seul but était de voir où la démesure pouvait aller. Résultat, à rajouter sur la liste des œuvres critiquées responsables du départ d'une partie des fans. La plus grosse réussite dans ce domaine est la série des Lego Star Wars, qui ont lancé avec succès la gamme des jeux Lego (qui a même fini au cinéma). D'autres estampillés Clone Wars. Et évidemment le nouveau mmorpg The Old Republic, qui nous a tous rassemblé ici (même ceux qui n'y jouent pas puisque la section swtor fut la toute première de Game-Guide 😉 ).
Rares sont les films qui engendrent des communautés de fans limite extrémistes. Star Wars, la première trilogie, avait réussi cet exploit. Les premiers temps de l'Univers Etendu se sont nourris de cet état, mais l'ont bien rendu. Et ont assuré un succès qui a permis la Prélogie. Mais au moment de tourner ces nouveaux films, un choix s'est présenté : fallait-il continuer à encourager cette communauté au risque de marginaliser la licence ou bien l'ignorer pour viser un public plus large au risque de la perdre ? C'est la sécurité financière à court terme qui a été choisie et Georges Lucas s'est brouillé avec une partie des fans. Dans les années qui ont suivi, nombre de ses choix ont continué l’hémorragie (Vous noterez que je n'ai pas parlé de la modification continuelle des films. Ca ne concerne pas l'UE, même si ça fait partie des mauvais choix en question). Et pour les nouveaux fans ainsi arrivés, une partie n'est pas restée ou ne pioche qu'épisodiquement dans la liste proposée, et une autre a rejoint les anciens pour remplir le cahier de doléances. Le canon ne voulait plus rien dire puisque trop souvent ignoré ou choix de travailler en dehors. Même pour les fans qui restaient, nombre ont décidé de faire des coupes et de ne garder que ce qui les arrange. Le créateur qui se voulait grand manitou, alpha et omega, se voit passer de l'image de sage Jedi à celle d'un immonde Sith corrompu par le côté pognon obscur. L'UE perd de sa cohérence et de sa cohésion, des éléments qui faisaient autrefois sa force. Et à côté de ça, plusieurs séries télé de la fin des années 90-début des années 2000 se sont vues continuer sous forme de livres. Je ne sais pas si ça se faisait avant et si ça a continué après mais en France il y a eu une grosse vague à cette période, publiée par Fleuve Noir qui avait Star Wars en figure de proue : Buffy/Angel, Charmed, Dark Angel, Firefly... On perd ici du caractère exceptionnel. L'UE s'effondre, s'efface un peu. Pas si étonnant que l'on retrouve si peu de mouvements contre ce reboot qui a suivi le rachat par Disney. Qu'y-a-t-il encore à défendre ? Que reste-t-il de sacré ? L'Univers Etendu va avoir un nouveau visage. Mais pour l'instant, il ressemble encore fortement au dernier, le si critiqué et désespérant. A l'image de Rebels qui doit remplacer Clone Wars mais a quasiment le même style graphique. Ce dernier visage qui n'aurait jamais pu rassembler autant de monde que ce qui l'a précédé, même avec le soutien de l'énorme machine commerciale mis en place depuis 15 ans. Alors, qu'est-ce qui nous attend avec Disney ?