ESO – Bilan des premières semaines
Si les premières semaines après la sortie d'un nouveau MMORPG à abonnement ne sont pas forcément significatives de la vie du jeu sur le long terme, elles fournissent cependant de nombreux indicateurs sur l'adhésion des joueurs au système et sur la pérennité du mode payant, car c'est après ce premier mois que sont perdus, ou pas, de nombreux potentiels abonnés. The Elder Scrolls Online ne fait pas exception à la règle. Points forts et points faibles, voici un petit tour d'horizon.
Maintenances et bugs
S'il est des sujets qui amènent de nombreux commentaires, sur les forums et en jeu, ce sont bien ces deux-là. Cette dernière semaine a vu un nombre important de maintenances au niveau du jeu. En une semaine, ce sont pas moins de 6 maintenances qui ont eu lieu, prenant toutes plusieurs heures, soit quasiment une maintenance par jour. Ces maintenances ont aussi été l'occasion de mettre en place plusieurs patchs correctifs, essentiellement en ce qui concerne les quêtes.
D'un autre côté, les signalements de bugs en jeu se font légion et il n'est pas rare de voir un attroupement de joueurs à un même endroit, attendant qu'une quête se débloque ou qu'un PNJ apparaisse. Sur les forums officiels, de nombreux sujets sont écrits concernant ces problèmes, et un certain agacement s'en dégage.
Autre indicateur, le nombre de messages écrits de la part de joueurs qui affirment ne pas avoir envie de s'abonner à la fin de ce premier mois, à cause d'un jeu trop buggué ou trop peu souvent accessible à cause des maintenances.
The Elder Scrolls Online n'est pas le premier jeu à souffrir de ces critiques, et ne sera certainement pas le dernier. La présence de bugs est en fait, à ma connaissance, universelle à la sortie d'un nouveau jeu massivement multijoueur. Pour certains jeux, cela se règle en quelques semaines, pour d'autres, cela peut prendre plusieurs mois, voire des années. Certains blâment le manque de bêta tests, d'autres les équipes de développeurs, mais le fait est qu'il est virtuellement impossible d'éviter les bugs, surtout sur des serveurs accueillant des centaines de milliers de joueurs. Gérer les interactions entre le jeu et les joueurs et entre les joueurs eux-mêmes requiert une capacité d'anticipation des comportements surhumaine, et il est bien plus simple de bénéficier des retours de la part des joueurs pour cibler les failles et les résoudre.
De ce fait, et si l'on regarde les notes de patch successives, on peut constater que les résolutions de failles se font progressivement dans les zones plus avancées et donc plus peuplées, au fur et à mesure que les joueurs envoient des rapports de bug.
Concernant les maintenances, elles sont le pendant automatique des bugs, puisqu'il s'agit pour Zenimax de les résoudre rapidement afin d'offrir aux joueurs la meilleure expérience possible. Certes, les maintenances empêchent les joueurs de se promener en Tamriel, et sont particulièrement longues actuellement (entre 3h et 5h), mais je décerne tout de même un bon point à Zenimax sur ce sujet, qui se montre bien plus réactif que d'autres studios dans la résolution des bugs.
Gageons qu'à la vitesse actuelle de résolution, le jeu devrait être stable avant la sortie de Raidelorn, là où d'autres jeux ont mis des mois à y arriver.
La communauté en jeu
Nous entrons ici concrètement dans ce qui s'avère être un des points noirs du jeu à l'heure actuelle. Si les mégaserveurs présentent certains avantages, ils présentent aussi des inconvénients majeurs.
Pour les programmeurs déjà, les mégaserveurs s'avèrent être une bonne pioche pour la gestion du JcJ. De nombreux jeux avec des serveurs plus petits souffrent de problèmes en terme de nombre de joueurs sur les cartes JcJ ou de problèmes de liaison entre serveurs pour les files d'attente communes. Ce n'est pas le cas ici car tous les avatars et équipements des joueurs sont stockés sur un seul et même serveur.
Ensuite, en terme de maintenance et de mise à jour, réduire le nombre de serveurs permet aussi de réduire le temps et l'équipe nécessaire à ces opérations.
Côté inconvénients, nous pouvons en lister un certain nombre :
- Le chat général en toutes les langues, donc régulièrement illisible pour les joueurs non versés dans les langues étrangères. Certes, il existe plusieurs canaux à langue spécifique, comme frzone, enzone ou dezone, mais ceux-ci ne sont pas du tout utilisés par les joueurs.
- Pas d'hôtel des ventes. Oui, c'est probablement une conséquence des mégaserveurs. Quand on regarde le temps d'affichage du contenu d'une banque de guilde ou d'un magasin de guilde, qui pourtant ne gère pas plus de 500 joueurs, on imagine sans peine ce qu'il en serait d'un hôtel des ventes de plusieurs centaines de milliers de joueurs. Le nombre d'objets serait pléthorique et la gestion un cauchemar pour les serveurs.
- Conséquence directe du manque d'hôtel des ventes, le canal de chat est spammé par les offres de vente ou d'achat, alors qu'il n'y a pas de canal dédié au commerce.
Par ailleurs, d'autres problèmes viennent ternir le jeu plus indirectement.Nous pouvons par exemple parler du forum officiel, peu clair et peu lisible, déserté par une grosse partie de la communauté. Il s'y mélange des sujets dans les 3 langues principales, avec une organisation hasardeuse.
Nous pouvons aussi parler de la communication de Zenimax qui a par exemple annoncé ce week-end une maintenance, plus de 2 heures après que celle-ci ait débuté.
Le jeu
En ce qui concerne le jeu, les avis présentés sur les forums sont conformes à ceux présentés lors des différentes phases de bêta, à savoir un jeu beau, immersif, à l'univers respecté et qui encourage l'exploration. Le système de points de compétences semble faire l'unanimité, même si quelques uns regrettent qu'au final, les joueurs se bornent à reproduire les archétypes qu'ils connaissent dans d'autres jeux, ce qu'on ne peut guère reprocher à Zenimax.
Enfin, d'autres joueurs argumentent que le jeu n'encourage pas la formation de groupes, et donc l'aspect multijoueur en dehors des donjons. C'est vrai, mais c'est le cas de beaucoup de MMO, pour lesquels la vraie expérience multijoueur commence une fois le maximum atteint.
Conclusion
En conclusion, il me semble évident que Zenimax fait de réels efforts pour être à l'écoute et réactif face aux demandes de la communauté. La présence régulière de MJ (Maîtres de Jeu) en jeu pour débloquer les joueurs coincés, les maintenances et les patchs réguliers (5 patchs en seulement 3 semaines) montrent qu'ils sont attentifs. En revanche, leur communication laisse à désirer, comme beaucoup de studios avant eux, et bien que ce thème soir récurrent dans les forums, il n'a pas encore trouvé un écho auprès de Zenimax.
Certains systèmes de jeu sont ennuyeux ou perfectibles, mais relèvent essentiellement de parti-pris par les équipes de Zenimax en amont (Serveurs multilingues, magasins de guilde). C'est déstabilisant pour des joueurs qui ont pris certaines habitudes avec leurs précédents jeux, mais c'est aussi en cassant les habitudes qu'il est possible de se forger une identité propre.
The Elder Scrolls Online a sans aucun doute sa propre identité et des parti-pris qui en déconcertent plus d'un. Espérons que le studio restera motivé dans les semaines à venir pour nous offrir un jeu stable et exempt des bugs principaux. Une baisse significative de la communauté au delà du premier mois de jeu porterait certainement préjudice à leurs ambitions.