Ghost of Yotei – Une suite magistrale
Version testée : PS5 Pro
Plates-formes disponibles : PS5 (PC l'an prochain)
Genre : Action/Aventure
Prix conseillé : 79,99€
Date de sortie : 2 octobre 2025
Studio / Editeur : Sucker Punch Productions / Sony Interactive Entertainment
Clé fournie par l'éditeur, merci à eux !
Sorti sur PlayStation 5 en ce début de mois, Ghost of Yotei marque un tournant magistral dans l’évolution de la franchise initiée par Ghost of Tsushima. Là où son prédécesseur fascinait par son exploration du Japon féodal et sa beauté cinématographique, cette nouvelle œuvre de Sucker Punch transcende l’expérience, offrant une fresque encore plus poétique, plus technique, et surtout plus viscérale.

Dès les premières minutes, le jeu impose sa grandeur. Les paysages de Yotei, inspirés de la région montagneuse du Hokkaido, débordent de vie. Les effets de lumière, la brume qui caresse les pins, ou le vent qui fait danser la végétation composent une symphonie visuelle qui repousse les limites du réalisme. Sur PS5, l’utilisation du ray tracing et du SSD ultra-rapide transforme chaque déplacement en un panorama fluide et vivant. Le monde n’est plus seulement contemplatif : il respire, et c'est d'autant plus vrai sur PS5 Pro qui a droit à des modes graphiques complémentaires permettant de disposer d'un jeu fluide et beau à la fois. Pour ceux qui sont prêts à sacrifier un peu de cette fluidité, vous pourrez compter sur un mode qualité qui sublime le tout... ça n'a pas fonctionné pour moi, qui ai préféré disposé du mix entre confort et fluidité visuelle.



Si GoT brillait par sa narration épique, GoY choisit une approche plus introspective. Exit Jin Sakai, c'est ici Atsu qui fait office d'héroïne, et très clairement, on y gagne au change. Si l'on peut soupirer en constatant que l'un des studios de Sony nous sort une énième histoire de vengeance (où l'on devra éliminer tour à tour les monstres ayant massacré sa famille), force est de constater que la narration est ici à la hauteur. Atsu, de par son histoire, son vécu et son tempérament, se révèle être une protagoniste bien plus intéressante que Jin. Elle est brutale, sûre d'elle, tout en faisant preuve de compassion à certains moments, et révélant son humanité durant certains moment de l'histoire principale, surtout, par le biais de certaines quêtes secondaires. Le studio a soigné sa narration globale, a affiné son écriture, et a pris beaucoup de galon en terme de mise en scène. La sensation de ne pas cocher une check-list est aussi à saluer. J'ai décroché de Ghost of Tshushima à cause de cela. Ici, rien ne semble imposé. On peut certes coller des points d'ancrages sur la carte, mais il suffit souvent de jeter un coup d'oeil sur l'horizon pour repérer un feu au loin, ou des chevaux sauvages qui s'enfuient, et autres phénomènes du genre, pour trouver une occupation et flâner le plus naturellement du monde d'une quête à l'autre.

Le système de combat, lui, atteint un niveau de perfection rarement vu. L’ajout de postures dynamiques via le switch d'armes et de contre-attaques couplé au retour haptique de la manette DualSense change profondément la sensation d’impact. Chaque duel devient une chorégraphie millimétrée, entre tension pure et ballet mortel. Les animations sont d’une fluidité surprenante, et la bande son — signée par Toma Otowa enrichi d’instruments traditionnels Ainu — confère une dimension spirituelle aux affrontements et vient accompagner parfaitement nos errements à cheval dans les plaines de Yotei. En ce qui concerne le doublage, j'ai, pour les besoins de cet article, tenté la VF, mais j'ai lâché prise après une heure, privilégiant la version japonaise, bien plus qualitative. La version anglaise s'en tire par ailleurs avec les honneurs.

Techniquement, le jeu surpasse tout ce que Tsushima avait réalisé. Les transitions environnementales en temps réel, les particules et le travail sur l’eau et la neige mettent en évidence l’expertise du studio. Même les PNJs, souvent secondaires et mal modélisés dans le premier opus, bénéficient d’un langage corporel et d’expressions capables de raconter une histoire sans mots. C’est une avancée majeure dans la narration par le détail, et, parce que la comparaison est inévitable au vu du timing de sortie, bien au-dessus d'un Assassin's Creed Shadows (qui gagne des points ailleurs, notamment sur son monde, que j'ai trouvé un peu mieux fignolé).
Cependant, Ghost of Yotei n’est pas exempt de défauts. La collecte de quelques points pour améliorer nos capacités s'avère un peu répétitive, tout comme l'aspect "chasseur de primes" qui tend à se répéter à la longue. Quelques problèmes de caméra persistent dans les environnements clos, et certains arcs secondaires peinent à captiver autant que le reste. Mais ces légères imperfections n’altèrent en rien la puissance du tout, qui surpasse en tout point la copie précédente.

Ce qui frappe vraiment après plusieurs heures de jeu, c’est la cohérence de l'ensemble. Que ce soit visuelle, sonore, narratif ou ludique. Tout converge vers une immersion totale, comme on en voit peu dans le monde du jeu vidéo. Avec Ghost of Yotei, on a droit à un open-world quasiment parfait.
Ghost of Yotei est bien plus qu’une suite. C’est une réinvention d'une formule pourtant toute jeune. Un hommage à l’art du sabre, au cycle de la nature et de la vengeance, et surtout, un superbe hommage au Japon. Ghost of Yotei est sans conteste un des grands coups de coeur de cette année. Merci Sucker Punch.






