Dragon Age: The Veilguard – L’Aventure qui redéfinit l’Univers de Thédas
Version testée : PS5
Plates-formes disponibles : PC, Xbox Series, PS5
Genre : Jeu de rôle
Prix conseillé : PC : Standard : 59,99€ ; Collector : 79,99 - Xbox Series : Standard : 79,99€; Collector : 99,99€ - PS5 : Standard : 79,99€; Collector : 99,99€
Date de sortie : 31/10/2024
Studio / Editeur : Bioware / Electronic Arts
Clé achetée par mes soins
Autrefois un studio incontournable, reconnu pour la qualité de ses RPG, BioWare s'est retrouvé dans le viseur des joueurs après les échecs successifs du sympathique mais imparfait Mass Effect: Andromeda et du désastreux Anthem.
Aujourd'hui, BioWare revient avec un quatrième opus de sa licence Dragon Age, dix ans après la sortie d'Inquisition et malgré une annonce initiale dès 2018. On peut espérer que le studio ait particulièrement soigné ce nouveau projet.
Cependant, le studio était déjà sous le feu des critiques bien avant le lancement du jeu. Justifiées ? Voyons cela.
Trop "Woke" Dragon Age ?
La principale critique soulevée par les détracteurs concerne l’aspect prétendument “woke” de cet épisode de Dragon Age, principalement en raison de la présence de personnages non binaires. Pourtant, s’il est bien un média où l’inclusion a sa place, c’est le jeu vidéo. BioWare a toujours intégré des minorités dans ses œuvres et, si cet ajout permet à certains de se sentir représentés, c’est indéniablement une avancée positive.
Certes, on pourrait regretter par moments une écriture manquant un peu de finesse (un défaut récurrent dans le jeu, mais j’y reviendrai), mais on ne peut reprocher au studio d’essayer de faire évoluer ses récits.
Passons maintenant à l’essentiel : le jeu en lui-même !
A la poursuite du Loup implacable !
La fin de Dragon Age : Inquisition nous avait laissés sur une révélation de taille : Solas, l’elfe qui nous avait accompagnés tout au long de l’aventure, se révélait être Fen'Harel, le dieu créateur du Voile. Ce Voile sépare le monde en deux plans distincts, à savoir l'immatériel, d’où les mages tirent leur pouvoir et où évoluent les démons, et le monde matériel.
L’objectif de Solas est clair : il souhaite corriger son erreur en supprimant le Voile. Le problème ? Cette action libérerait les démons dans le monde matériel et provoquerait des ravages, avec de nombreuses pertes humaines.
Nous incarnons donc Rook, l’avatar du joueur, recruté par Varric (un personnage bien connu des fans de la licence) pour contrecarrer les plans de Solas.
Cependant, la quête prend rapidement un tournant : Solas se retrouve enfermé dans le monde immatériel tandis que deux de ses ennemis, les anciens dieux elfiques Gilan’nain et Elgar’nan, en sont libérés. Ces derniers ont alors pour objectif de dominer le monde, et c’est à Rook de les arrêter !
Si le scénario n’innove pas vraiment, il reste efficace et promet son lot de moments épiques ! Malheureusement, il est desservi par des dialogues en dent de scie.
Une direction artistique à tomber
Allons droit au but : même si certains regretteront son style "cartoonesque", Dragon Age : The Veilguard est magnifique ! Les environnements sont variés, et c’est un réel plaisir de les explorer, tant ils sont riches en détails et empreints de magie. J’ai été particulièrement impressionné par les textures, notamment celles des cheveux.
Sur le plan technique, le jeu est également une réussite : j’ai pu explorer en mode qualité sans subir le moindre ralentissement.
Le jeu brille également par sa mise en scène très cinématographique. Les moments épiques dont je parlais plus tôt sont sublimés par une bande-son exceptionnelle, signée Hans Zimmer et Lorne Balfe, qui nous offrent l’une des meilleures OST de l’année !
Un jeu trop manichéen
Je mentionnais plus tôt des faiblesses d’écriture concernant certains personnages non binaires, et il s’avère que c’est un défaut récurrent du jeu ! C’est d’autant plus décevant venant de BioWare, autrefois réputé pour sa finesse. Dans Dragon Age : The Veilguard, les gentils sont très gentils, et les méchants exagérément cruels. C’est là que le bât blesse.
BioWare était connu pour aborder des sujets complexes avec subtilité, et l’univers de Dragon Age était originellement bien plus nuancé. Le studio n’hésite même pas ici à contredire certains éléments établis.
Par exemple, les Corbeaux antivans, présentés depuis Dragon Age : Origins comme une guilde de tueurs – Zevran, l’elfe compagnon du héros de Ferelden, en avait dressé un portrait peu flatteur – sont maintenant une faction alliée et ont troqué leur rôle d’assassins sans scrupules pour celui de protecteurs de la ville de Treviso.
Et cela se ressent dans l’ensemble du jeu. Autrefois, l’équipe du joueur était hétéroclite, incluant des personnages à la morale douteuse, et le joueur lui-même pouvait prendre des décisions moralement ambiguës, voire carrément maléfiques. Dans The Veilguard, le choix se limite à être gentil et prévenant, gentil et drôle, ou gentil et déterminé… Au final, les choix semblent bien moins impactants que dans les précédents jeux de la licence.
Malgré ce défaut, l’équipe qui accompagne Rook reste attachante, et les interactions entre les personnages sont plus nombreuses qu’auparavant.
Un gameplay fonctionnel ?
Une fois de plus, Dragon Age : The Veilguard souffre de la comparaison avec les précédents opus de la série.
BioWare a choisi d’axer le gameplay davantage sur l’action : fini le contrôle de tout le groupe, vous incarnez uniquement Rook.
Les combats sont donc assez classiques, avec une frappe légère, une frappe lourde, une esquive, et une parade. Le tout fonctionne bien, et Rook est très réactif. En plus de ces actions de base, Rook peut équiper trois compétences utilisables en combat ainsi qu’une attaque ultime pour infliger des dégâts massifs.
Comme dans Mass Effect, une pause active permet de donner des ordres aux compagnons, et certaines compétences disposent de synergies. En pratique, cela consiste à appliquer un effet de statut (fissure, affaiblissement, etc.) avec une compétence et à en utiliser une autre pour faire "exploser" cet effet, maximisant ainsi les dégâts.
Cependant, cela reste assez limité, surtout en comparaison avec Dragon Age: Origins, où il était possible, par exemple, de geler un ennemi avant de le briser instantanément avec un sort de pierre !
Si les phases de combat sont fonctionnelles, elles deviennent rapidement répétitives. Le jeu semble avoir délaissé son identité de RPG pour se rapprocher du Beat 'em all, y compris dans sa structure !
En effet, lors des missions, il s'agira avant tout d'évoluer dans un environnement de type "couloir" et de massacrer les monstres pour pouvoir continuer d'avancer.
Les affrontements contre les boss, notamment les dragons, sont dans la même veine, à quelques exceptions près, et les énigmes sont d'une facilité déconcertante.
Un point positif cependant : BioWare n’a pas opté pour un monde ouvert, mais pour plusieurs zones en couloir à explorer. Malheureusement, la qualité du level design n’est pas au rendez-vous, rendant l'exploration peu captivante.
Pour être clair, ce n'est pas mauvais en soi, mais ça manque cruellement d'inspiration.
Une déception ?
Qu’on se comprenne bien : j’ai pris plaisir à explorer à nouveau Thédas. Cependant, je regrette le manque de prise de risque, tant au niveau du scénario que du gameplay, que j’ai trouvé trop simpliste.
Nous étions nombreux à attendre ce nouveau Dragon Age comme le messie, nourrissant l’espoir de retrouver la complexité qui faisait la force des premiers jeux. Et c’est encore plus frustrant, car BioWare a pris son temps pour peaufiner son jeu, ce qui a fait monter nos attentes. De surcroît, les amateurs de C-RPG ont récemment été comblés par l’excellent Baldur's Gate 3.
En plus du reste, les amateurs de C-RPG ont, depuis, le droit à l'excellent Baldur's Gate 3. Pour rappel, c’est BioWare qui avait développé les deux premiers opus de la franchise avant de laisser tomber Donjons et Dragons pour se concentrer sur... Dragon Age !
Si le jeu n’est pas mauvais en soi, il est bien loin de ce que l’on espérait. BioWare semble vouloir caresser les joueurs dans le sens du poil, nous offrant une expérience trop lisse. L’ancien BioWare, audacieux et inventif, semble bel et bien révolu.
Dragon Age : The Veilguard s'inscrit dans la continuité de ce que BioWare propose depuis son rachat par EA : un jeu moins complexe qu'auparavant. Pourtant, il bénéficie d'une direction artistique remarquable et d'une mise en scène à la hauteur de son récit. Malheureusement, les dialogues et le gameplay ne suivent pas.
En résumé, ce jeu souffre des mêmes défauts que bien des blockbusters : il éblouit par sa beauté, mais une fois l'effet de surprise dissipé, il ne reste que peu de choses à retenir.