Detroit: Become Human – Asseyez-vous dans votre canapé et savourez
Attendu depuis 2015, Detroit: Become Human est enfin sorti la semaine dernière sur PlayStation 4. Grâce à un code donné par PlayStation, j'ai eu la chance de découvrir cette incroyable histoire.
Histoire
Nous nous situons en 2038 dans la ville de Detroit, complètement métamorphosée par la révolution androïde. Les créations plus vraies que nature de la société CyberLife sont partout, utilisées pour accomplir les tâches les plus pénibles que les humains ne veulent (ou ne peuvent) plus accomplir : femme de ménage, livreur, caissier, chauffeur, agent d'entretien... Ces androïdes sont censés être sans émotions et obéir sans réfléchir aux ordres. Totalement dédiés à leurs fonctions, ils ne profitent d'aucune considération, d'aucun droit. Après tout, ce ne sont que de simples machines, et non de "vraies personnes" !
Mais certains outrepassent leur programmation et se mettent à se comporter de manière irrationnelle... comme des humains ! Ils aiment, ils paniquent, ils craignent la mort... Ces déviants ne sont pas tolérés : dès les premiers signes, ils sont chassés et abattus sans pitié aussi discrètement que possible. CyberLife tient à ses profits et ne veut pas que des rumeurs se répandent, cela ferait mauvaise presse pour ses produits si les consommateurs réalisaient que leurs nouveaux amis sont potentiellement dangereux.
Cette évolution des androïdes pose alors une question fondamentale, avec une nette référence au chef-d'oeuvre d'Asimov, teinté de quelques références à Terminator : quels droits pour ces nouveaux êtres doués de conscience ? Les androïdes sont-ils égaux aux humains ? Eux qui ne touchent aucun salaire et voyagent dans un compartiment spécial dans les transports ne seraient-ils pas devenus des esclaves des temps modernes ?
Toutes ces questions éthiques mettant en exergue des problèmes comme le racisme, la tolérance, l'acceptation de la différence sont posées à travers le scénario qui nous emmène découvrir le quotidien de trois de ces androïdes. Le premier s'appelle Connor, il travaille comme consultant dans la police dans le service chargé d'arrêter ses confrères déviants. Le second se nomme Markus, il est assistant de vie auprès d'un homme âgé en chaise roulante dans une magnifique demeure. La troisième, Kara, aide un père isolé et violent à élever sa fille dans un quartier défavorisé de la ville.
Gameplay
Le jeu est avant tout focalisé sur l'histoire et les choix scénaristiques à prendre pour les personnages dont nous tenons la destinée en main. Scène après scène, nous incarnons l'un des trois héros et nous sommes amenés à choisir ce qu'il fait et ce qu'il dit, avec toutes les conséquences qui s'ensuivent, y compris les plus fatales. Le gameplay est assez limité et souvent très guidé (se rendre à tel endroit, nettoyer tels éléments...) avec souvent un recours aux QTE et une utilisation au maximum possible des fonctionnalités de la manette PS4 (son, pavé tactile, gyroscope...).
Certaines tâches doivent être accomplies pour continuer, tandis que d'autres sont optionnelles, même si l'optionnel se révèle souvent bien moins anodin qu'il n'y parait pour la suite des événements. Plutôt permissif, le jeu laisse le temps à l'observation, très rarement y-a-il une notion de délai avec un chronomètre un peu stressant. Chaque scène a une ou plusieurs fins différentes, les choix réalisés sont affichés à la fin sous la forme d'un algorithme de décision, sans pour autant révéler les potentielles autres possibilités : il faudra rejouer pour le découvrir ! A noter qu'il est même possible de rater des scènes entières, pour le meilleur ou pour le pire.
Ambiance
L'immersion est assurée par une mise en scène impeccable évoluant dans un environnement balisé, contrôlé et dirigé, Quantic Dream maîtrise à chaque instant ce que le jeu nous montre pour des images parfaites. Un grand soin a été apporté aux graphismes de cette version futuriste de Detroit, il y a d'ailleurs un directeur de la photographie comme sur les films, avec des clairs-obscurs et des jeux de lumière (éclairage urbain, grands panneaux publicitaires...), le tout sous une pluie quasi continuelle. Les personnages aux visages parfaits offrent des instants d'une rare émotion, portés par une bande-sonore qui sait magnifier les moments sans s'imposer. Les choses sont un peu moins bien gérées dans les phases de mouvement où la caméra fait parfois des siennes, elle s'adapte bizarrement au mouvement du personnage ce qui peut amener à rater un détail et à faire des choix faussés par une mauvaise perception de l'ensemble. Mais c'est bien le seul défaut que je trouve à cette expérience qui m'a tenue en haleine de bout en bout.
Conclusion
Certainement le meilleur jeu de Quantic Dream jusqu'à présent, Detroit: Become Human m'a donné l'impression d'être allée voir un très bon film au budget conséquent, tout en ayant eu l'opportunité d'en choisir les dialogues et les scènes. Chaque joueur aura eu une expérience différente, vraiment différente, et non pas basée sur d'infimes détails dans la trame. Le fait que la ramification des choix soit révélée est une excellente chose, j'aime cette transparence sur le fait que, parfois, peu importe ce qu'on tente, les choses doivent se passer ainsi. Trop souvent, j'ai été déçue dans certains jeux scénaristiques en découvrant que certaines parties se révélaient gravées dans le marbre.
Se vivant comme une expérience inédite, entre un film et un jeu vidéo, ne passez pas à côté de Detroit: Become Human si vous en avez l'opportunité. Vous rateriez une histoire riche en rebondissements dans laquelle vous êtes vraiment le héros ! Il existe une démo gratuite si vous avez envie de tester pour achever de vous convaincre. Si vous êtes déjà prêts à débuter l'aventure, le jeu complet est disponible en exclusivité sur PlayStation 4 à 69,99€ :