Bye Sweet Carole – Un conte séduisant de prime abord
Version testée : PS5
Plates-formes disponibles : PC, PS4/5, Xbox One/Series et Nintendo Switch 1
Genre : Aventure
Prix conseillé : 24,99€
Date de sortie : 9 octobre 2025
Studio / Editeur : Little Sewing Machine / Maximum Entertainment
Clé fournie par l'éditeur, merci à eux !
Certains jeux ont cette capacité rare à captiver dès les premières secondes, simplement par la beauté de leur univers. Bye Sweet Carole fait indéniablement partie de cette catégorie. Véritable vitrine artistique, le titre de Little Sewing Machine s’impose dès son introduction comme une œuvre d’animation à la croisée de Disney classique et de conte macabre à la Neil Gaiman. Chaque plan, chaque mouvement rappellent la minutie d’un dessin animé, avec des jeux de lumière époustouflants et un sens du détail qu'on ne voit pas si souvent dans le jeu vidéo indépendant. Pourtant, derrière cette splendeur, se cache une expérience qui peine à maintenir son rythme, plombée par des choix de gameplay discutables.
On incarne Lana, une fillette piégée dans un monde onirique où les lapins deviennent messagers du mal et les miroirs, des portails vers d’autres dimensions. Le cadre est magique, les décors peints à la main plongent dans l'atmosphère gothique et poétique évoquant les grands classiques européens de l’animation. Bye Sweet Carole émerveille d’abord par sa direction artistique : tout semble fait pour nous envoûter. Les transitions fluides entre exploration et cinématiques donnent le sentiment d’assister à un film d'animation vivant, rendant chaque instant visuellement mémorable.
Malheureusement, le jeu peine à transformer cette richesse visuelle en expérience ludique équilibrée. Dès les premiers mini jeux, les premières failles apparaissent : ces passages, censés varier les phases d’aventure, manquent souvent de précision et d’intérêt. Pire, certains basculent presque dans le (mauvais) comique de répétition, avec une héroïne qui doit reprendre son équilibre tous les 3 pas effectués sur un rebord. D’autres moments souffrent quant à eux d’une ergonomie approximative, provoquant des morts parfois sottes et brisant la magie du moment. C'est franchement dommage, car l’univers pousse à la contemplation et s'avère extrêmement réussi, mais tout s'effondre à cause du gameplay qui impose des séquences laborieuses, ralentissant inutilement la progression. On passe ainsi d'une émotion extrême à l'autre, émerveillé par un énième tableau plus beau que le précédent, puis énervé parce qu'on sait déjà que Lana va manquer de tomber 3 fois et qu'il faudra se taper 3 fois un mini jeu qui consiste à garder un joystick au centre d'une barre d'équilibre... A observer, ça passe (ma moitié m'a regardé parcourir le jeu, des étoiles plein les yeux)... mais manette en main, je peux vous assurer qu'il n'y avait plus beaucoup de lueurs dans mon regard à la fin.
Le rythme global du récit est par ailleurs trop étiré et accentue encore cette impression de décalage. Bye Sweet Carole prend un plaisir certain à vouloir faire rêver le joueur, quitte à rallonger artificiellement une trame qui traîne (alors que j'ai terminé le jeu en un peu moins de 6 heures). Entre exploration contemplative et énigmes simplistes, l’aventure s’étire au point de faire perdre un peu d'éclat à ce compte qui s'avère assez original au demeurant, de par son approche horrifique.
Reste l’essentiel : une patte artistique et un travail d'orfèvre sur la mise en scène et l'ambiance sonore. Aucun amateur de jeux narratifs ne devrait passer à côté de cette direction artistique d’exception, qui est une véritable déclaration d’amour à l’animation traditionnelle. Bye Sweet Carole est une œuvre sincère, touchante dans ses ambitions, mais inégale dans son exécution. Aussi triste que cela puisse paraître, le meilleur moyen de l'apprécier, c'est sans doute via un Let's play.