Assassin’s Creed Shadows – Ninjaaaaaa !
Version testée : Xbox Series X
Plates-formes disponibles : PC, PS5
Genre : Action /Aventure
Prix conseillé : 79,99 €
Date de sortie : 20 mars 2025
Studio / Editeur :
Clé fournie par l'éditeur, merci à eux !
Depuis 18 ans, juste après que le premier opus soit sorti, le fantasme d'un Assassin's Creed au Japon avec un ninja comme ascendant est une demande persistante des fans. Maintenant que ce fantasme est devenu réalité et que le jeu est sur le point de débarquer, les attentes qui pèsent sur les épaules de cet Assassins Creed Shadows sont on ne peut plus élevées comme aucun des autres jeux de la licence n'en a eues.
Mais va-t-il avoir les épaules pour supporter le poids de ces 18 années d'espoirs et être à la hauteur de cette attente on ne peut plus longue ?
XVIème siècle après J.C. Le Japon a été forcé d'ouvrir ses frontières aux pays étrangers et subit une crise intestine sans pareille où violence, mort et instabilité politique sont le quotidien d'un peuple souffrant des conflits amplifiés par l'invasion étrangère et l'absence d'un gouvernement stable. Et ce, malgré la lente unification du pays menée dans le sang par Oda Nobunaga qui ne plaît pas à tout le monde. C'est dans ce contexte que vous incarnerez Naoe (à prononcer Naoue), une jeune guerrière du célèbre clan shinobi d'Iga sur le point d'être anéanti par les forces implacables de Nobunaga.
Derrière ce conflit, une bien plus vaste intrigue se dessine autour, entre autres, de la mystérieuse boîte que conservait le père de Naoe et un non moins mystérieux groupe de combattants cruels qui vont laisser Naoe pour morte. Son père n'ayant pas eu cette chance…
C'est alors que tout une convalescence commence pour Naoe. D'abord physique pour récupérer de son horrible blessure, puis morale pour se remettre de la mort de son père et faire plus que de le venger.
Oui, cette présentation du contexte et du début est longue, mais pas autant que dans le jeu. Le début est leeeeeent ! Tellement lent que ça aurait été un film, je l'aurais arrêté au bout de 15 minutes et n'y serais jamais retourné de ma vie. C'est une tendance de cette série, mais parfois , cette phase de démarrage est bien trop longuette pour moi.
Heureusement que les choses décollent enfin, mais faut vraiment s'accrocher sur les 2 premières heures hachurées de cinématiques longues et soporifiques, passée l'attaque d'Iga.
C'est alors qu'on se retrouve enfin devant un Assassin's Creed formule post Origins avec ses éléments de RPGs et son vrai Open World dont nous avons coutume. Les habitués ne seront pas dépaysés ni sur le déroulement du jeu, ni sur le gameplay furtif de base propre à la saga. Bien évidemment, le jeu apporte ses spécificités propres à son thème, à l'architecture de ses environnements et à son histoire, qui par soucis de spoil mais également pour éviter tout débat historique hors de propos et stérile car, bien que basé sur des faits historiques, nous restons devant un jeu qui veut nous faire découvrir la culture d'un pays à une certaine époque et non de savoir si la couleur du slip de Junjiro est bonne ou mauvaise. Et ce côté là, il le réussit haut la main ! Vous allez apprendre sans vous en rendre compte dans un jeu vidéo : BLASPHEME !
Du coup, passons plutôt à ce que propose le jeu, plutôt que des choix qui ont été faits et qui personnellement, ne m'intéressent pas car lorsque je joue, je souhaite m'évader et non pointer du doigt la véracité historique de tous les éléments. Rappelons néanmoins qu'Assassin's Creed est une passerelle vers la découverte de nouvelles cultures en se basant sur des faits historiques et en les adaptant selon des choix ludiques. Ces choix ont été faits, on peut les apprécier ou pas, mais en tant que joueur, il ne faut pas pour autant en dénigrer les qualités ludiques du jeu. Du coup, direction le gameplay !
On va passer les éléments de base car tout le monde voit à peu près le genre de jeu qu'est Assassin's Creed. Et puis j'ai clairement la flemme de réexpliquer la vision de l'aigle, que la discrétion est préférable à l'assaut frontal, l'évolution de votre équipement, etc. Du coup, la première grosse spécificité de Shadows est l'ajout du grappin dans votre équipement par défaut qui permettra à Naoe (Yasuke n'y a pas droit) d'atteindre les hauteurs des bâtiments plus rapidement et de "sauter" sur de plus longues distances. Il sera un précieux atout dans votre furtivité.
Seconde spécificité : la possibilité de switcher à quasi volonté, passé un moment de l'histoire, sur un second personnage au prix d'un très bref temps de chargement. Cependant, contrairement à Assassin's Creed Syndicate, qui m'avait autant marqué que ma première couche de bébé au point que j'ai dû rechercher à nouveau son nom et le nom des jumeaux (et déjà à nouveau oublié celui du garçon), ce second personnage proposé est très différent de Naoe.
Nommé Yasuke, cet imposant samouraï noir recueilli en mer par des prêtres portugais et ancien vassal de Nobunaga n'a rien du ninja qu'est Naoe. Il est pataud, peine à escalader autre chose que des corniches basses sur lesquelles il est amusant de le voir s'y essayer, déjà bien, mais a un équipement bien plus puissant et résistant que Naoe et est une force de la nature lui permettant une approche plus bourrine et destructive que sa nouvelle compagne de route. Option bienvenue pour varier les plaisirs dans le gameplay, même si, Assassin's Creed oblige, je préfère personnellement le gameplay furtif de Naoe. Toutefois, incarner Yasuke sera indispensable pour accéder à certaines quêtes et activités, annexes comme principales ou bien encore pour avoir accès à certaines infos ou recruter certains alliés pour la "ligue" formée par Naoe pour traquer ce mystérieux groupe et essayer de stabiliser le pays. Pour le reste, à vous de préférer qui vous voulez incarner pour telle ou telle mission et surtout comment vous voulez l'aborder. Parce que cette fois l'assassinat ne sera pas forcément la seule option possible...
En réfléchissant à ce Shadows, ce que j'allais choisir de parler pour leur importance, ce que j'allais choisir de ne pas aborder parce que je sais que l'attention d'un lecteur n'est pas très élevée combinée à une malédiction de flemmardise+99, je me suis fait une réflexion sur la nature de ce jeu que je vous partagerai plus bas dans ce test. Peut-être allez-vous le partager également, peut-être pas, mais il m'est impossible de le faire sans introduire ce que j'estime être le 3ème angle clé des spécificités du jeu : le repaire. Passé un certain point de l'histoire, assez rapidement d'ailleurs, vous prendrez le contrôle d'une charmante bicoque avec un terrain spacieux qui vous servira de repère pour vous et votre Ligue. Vous pourrez customiser votre repère en ajoutant des pièces utiles comme la forge pour améliorer votre équipement ou le dojo pour entrainer vos alliés, mais aussi fabriquer des pièces et éléments décoratifs qui apporteront bonus ou n'auront qu'un effet esthétique. Perso, j'y ai mis plein de sakuras (pas du type qui chasse des cartes magiques, mais du type qui est célèbre pour ses floraisons toute roses au printemps). Inutiles, donc indispensables. Vous pourrez également, dès la construction d'un bâtiment essentiel et obligatoire suite au déblocage de votre domaine, avoir accès à des éclaireurs. Ces derniers, limités pour chaque saison (même s'il est possible de booster leur nombre au fil du jeu) auront plusieurs utilités, comme par exemple glaner des informations sur vos missions actives, détecter des missions annexes ou bien détourner des stocks de ressources dans les zones protégées, pour peu que vous ayez marqué les ressources en question durant votre passage. Il suffit d'envoyer un ou plusieurs éclaireurs selon la zone géographique que vous souhaitez couvrir sur la gigantesque carte de jeu et ils vous dévoileront les secrets de cet endroit. Il faut juste savoir où les envoyer et bien savoir gérer son stock d'éclaireurs.
Les environnements sont sublimes. La flore japonaise, ses lieux culturels, son urbanisme pittoresque vont vous en mettre plein les mirettes. Et c'est sans compter la météo au fil des saisons qui n'a pas qu'un intérêt esthétique, puisqu'elle pourra influer sur votre approche et votre visibilité en plus de son animation. Rares sont les jeux où le climat est aussi varié et bien réalisé. Entre la pluie fine, les orages menaçants, le vent qui fait frémir les feuilles et plier les branches, les chutes de neiges, les journées de soleil éclatant, les développeurs ont fait un excellent travail sur la météo locale et leur impact sur les paysages. Il n'y a qu'un jeu qui me vient en tête et il parle également du Japon. Comme c'est étrange...
Évoluer dans ces environnements pourra se montrer parfois fastidieux à cause de difficultés à escalader des éléments aisément abordés par les précédents assassins, mais aussi dû à un manque de visibilité lorsque la flore est trop intense. Mais en dehors de cela, contrôler nos deux guerriers sera un pur plaisir.
Le jeu est ardu et demandera discipline et timing pour progresser efficacement dans les zones hostiles et pour combattre vos adversaires. Le ciblage d'adversaires via R3 entrainant le lock de caméra, cela n'aidera pas forcément dans les zones étroites puisque la mise en transparence des obstacles visuels est quasi inexistante dans le jeu. Et cela peut rendre les choses encore plus compliquées, surtout avec Naoe qui encaisse très mal les coups. Un système de mise en transparence des décors obstruant l'action durant les combats ou un meilleur placement automatique de la caméra aurait été plus qu'apprécié.
Mais tout ça ne sont que des moments infimes du jeu. Personnellement, je prends mon pied à me balader dans les différentes provinces pour aider les autochtones, utiliser mes éclaireurs pour piller les camps et quartiers explorés. J'aurais personnellement aimé voir derrière cet Assassin's Creed Shadow, une sorte de clin d’œil à Tenchu qui combine ninjas, furtivité et assassinats. Beaucoup d'entre vous ne connaîtront pas, mais c'est un de mes fantasmes ludiques que de revoir la série revenir sur le devant de la scène. Je ne sais pas qui possède la licence de nos jours, mais cet Assassin's Creed arrive un peu à combler ce vide dans mon petit cœur blessé. D'autant plus que, et je vous l'ai teasé un peu plus haut, en jouant à ce jeu, j'ai eu comme une révélation sur ce que tentait d'accomplir, volontairement ou involontairement cet opus : Duo de protagonistes comme dans Syndicate, gestion de repaire et d'alliés comme dans le sur-excellentissime Brotherhood, impact climatique présent depuis Origins, sans compter l'Animus et la période moderne fortement en retrait, mais qui essaie de dessiner un vague complot moderne... Et si ce Shadows se voulait être un hommage entier à la série ? Et si les développeurs avaient voulu mettre tous les éléments les plus appréciés de la série, adapté à la sauce Shadows en guise de remerciement pour leur fidélité, de leur patience d'avoir enfin un Assassin's Creed au Japon ? Réalité ou pas, je n'en sais rien. Moi c'est ce que j'ai envie d'y voir derrière ces éléments de gameplay à la fois familiers mais remaniés. Enfin je dis ça, mais je me suis aussi fait la réflexion que j'aurais préféré avoir le grappin de Batman Arkham City, plutôt que celui proposé. Du coup, mes nouveaux anti douleurs sont peut-être plus puissants que je ne le pensais...
Assassin's Creed Shadows n'est pas mon épisode préféré de la série (Black Flag Forever), ni même mon second (Ezioooo !), mais reste un très très très bon opus qui nous envoie dans un Japon magnifique et hostile durant une de ses périodes les plus troublées et le sublime par un gameplay abouti et très complet pour des dizaines et des dizaines d'heures de jeu. Malheureusement pour les fans qui attendaient ce jeu depuis presque 20 ans, la claque n'est pas là. Non pas que le titre ne tient pas ses promesses, car il les tient haut la main mais plus à cause du fait que de sérieux concurrents sont passés avant ces dernières années comme l'excellentissime Ghost of Tsushima qui a fortement laissé son empreinte.