Until Dawn – Un remake un brin superflu
Version testée : PS5
Plates-formes disponibles : PS5 et PC
Genre : Aventure narrative / Horreur
Prix conseillé : 69,99€
Date de sortie : 4 octobre 2024
Studio / Editeur : Ballistic Moon pour le remake (Supermassive Games pour la version originale) /
Clé fournie par l'éditeur, merci à eux !
Sorti en août 2015 sur Playstation 4, Until Dawn a propulsé le studio anglais Supermassive Games sur le devant de la scène et aura fait frissonner des millions de joueurs qui ont pu découvrir une aventure narrative de qualité, singeant avec brio les teen movies horrifiques avec une histoire qui monte graduellement en tension et différents personnages que le jeu (et les joueurs ?) se plait à malmener. Un succès mérité, qui a mené à d'autres projets commandés par Sony. Un jeu VR, un film (dont le tournage vient de s'achever) et le remake dont on va parler aujourd'hui... un choix étonnant, pour un jeu pas si vieux que ça, qui s'était en outre illustré à l'époque par ses graphismes travaillés. On en parle.
Pour qui a loupé le coche à l'époque, Until Dawn est un jeu narratif qui propulse les joueurs au cœur d'une montagne isolée de toute civilisation, dans un chalet où s'installe un groupe de jeunes en vacances bien décidé à passer du bon temps, que ce soit en buvant, en draguant ou en faisant d'autres activités plus ou moins stupides. Le séjour se passe assez mal après une "blague" qui tourne mal et mène à la mort de deux filles du groupes (rien que ça) et, après une ellipse temporelle d'un an, on retrouve une grande partie du groupe qui se réunit au même endroit pour rendre hommage aux disparus, en faisant la fête… parce que pourquoi pas !
En toute franchise, le pitch de départ n'est pas le point du titre. J'irai même plus loin en disant que sa narration est parfois assez mal fichue, même si elle se situe dans le haut du panier si on compare cette œuvre aux teen movies horrifiques. Tous les clichés sont respectés : des jeunes adultes qui singent chacun un archétype. Du sportif au beau gosse en passant par la peste, le blagueur ou encore la fille réservée, toutes les cases sont cochées et aucun ne semble avoir été pourvu de plus de deux neurones… et il faut bien avouer que c'est un vrai plaisir coupable de voir tout ça à l'écran, même si tout va rapidement prendre une tournure plus sombre.
Bien vite, on comprend que nos personnages sont observés et poursuivis, avec des jeux de caméra qui laissent peu de place au doute et font monter la tension du joueur. On sait, mais on n'est pas totalement maître des décisions des protagonistes que l'on dirige à tour de rôle, ce qui rend tout ça très stressant et tend tout le long de l'aventure, et ce n'est pas les passages chez le psychiatre ou les multiples totems prédisant l'avenir funeste de nos "héros" qui vont nous calmer.
Fidèle au genre qu'il représente, Until Dawn va faire en sorte de séparer tout le monde et va ensuite nous obliger à faire des choix plus ou moins cornéliens. Est-ce qu'on tente de relever un tel, ou est-ce qu'on court lâchement pour se barricader dans la cabane ? Va-t-on préférer sauver lui, ou l'autre ? Certains choix sont moins "fatals", mais peuvent influer plus loin dans l'aventure. Si on a été salaud avec un de nos amis, il pourrait très bien s'en rappeler plus tard… alors attention ! Sur un plan plus "gameplay pur", on sera également amené à effectuer un grand nombre de QTEs. C'est simple, il y en a pratiquement partout, surtout quand on choisit de mettre en danger, en optant pour un trajet accidenté plutôt qu'en contournant prudemment un flan de montagne, par exemple. Préparez vous donc. J'ai fait l'aventure une première fois il y a plus de 8 ans, et j'en garde encore des séquelles... Pour ceux qui n'aiment pas cela, ou qui ont des handicaps, le studio a ajouté tout un tas d'options d'accessibilités qui permettent d'allonger le délai d'exécution, de mettre en pause, de valider automatiquement les QTEs, ou plus vieux, de rendre aléatoire la réussite ou l'échec au bon vouloir de votre machine. Diaboliquement efficace !
Pour le reste, on est face à un titre qui ressemble grandement à sa première itération. Certes, il a été refait sous l'Unreal Engine 5, et force est de constater que le résultat à l'écran est splendide. Les environnements sont extrêmement détaillés, l'éclairage crève l'écran, les nouveaux angles de caméras rendent honneur au jeu et les visages sont plus détaillés que jamais, avec la possibilité de choisir deux formats d'écran, en 16/9 ou en "cinéma". Dommage toutefois que Ballistic Studio ne soit pas parvenu à gommer ce côté Uncanney Valley, qui nuit à l'immersion. Plus embêtant encore, ce nouveau rendu met à mal la PS5, qui voit son framerate chuter très régulièrement et qui se voit greffer de nouveaux bugs. Interagir avec un objet est parfois très pénible à présent. Bien que ça ne m'a pas gêné outre mesure, ce nouveau rendu modifie pas mal l'atmosphère du titre. Ce qu'on gagne en richesse visuelle, on le perd en ambiance. A voir si vous préférez le réalisme du remake ou l'ambiance "obscure" de la version PS4.
Sur l'aspect sonore, si l'on exclut la synchronisation labiale totalement ratée en français, c'est plutôt réussi. Au casque, le jeu gagne considérablement en ambiance, avec une localisation des sons qui m'a fait sursauter pas mal de fois, et les quelques musiques ne m'ont pas dérangé… ni franchement marqué. En terme de contenu complémentaire, les fans de la première heure risquent de se ronger les ongles, vu que le titre n'a droit qu'à deux pauvres scènes post-génériques, ce qui rend incompréhensible son positionnement tarifaire. Dommage, c'était le candidat parfait pour faire les fameuses "mises à jour" PS4 vers PS5 dont PlayStation est si friand.
Avions-nous besoin d'un remake de Until Dawn sur PS5 ? En toute franchise, non. Certes, la recréation du titre sur l'Unreal Engine 5 sublime un jeu déjà agréable à regarder, mais en dehors de ça, difficile de justifier une dépense de 70€ pour si peu de nouveautés. En dehors de quelques angles de caméras, d'une nouvelle description des personnages et de deux scènes post-génériques, c'est le même jeu qu'en 2015... à ce tarif, c'est salé. Qui plus est, le jeu peut se targuer d'être plus beau, mais ce qu'il gagne en finesse visuelle, il le perd en fluidité. Partant de ce postulat, difficile de conseiller cette version PS5, à moins que vous ne découvriez le jeu en 2024... et même là, j'aurais tendance à vous inviter à cueillir une version sur PS4, que vous trouverez à 10/15€ sans trop de mal.