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Visions of Mana – Le Messie tant attendu déçoit un peu

Version testée : PC (Steam)
Plates-formes disponibles : PC (Steam, GeForce NOW), PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series
Genre : J-RPG
Prix conseillé : 60€
Date de sortie : 29 août 2024
Studio / Editeur : Square Enix
Clé fournie par l'éditeur, merci à eux !

Visions of Mana est le dernier né de la célèbre série de JRPGs de Square Enix, un studio bien connu pour ses franchises cultes comme Final Fantasy et Dragon Quest. Dans cet opus, on retrouve tout ce qui fait le charme des JRPGs : un univers fantastique et coloré, un système de combat dynamique et une bonne dose d’exploration. Mais malgré tout, le jeu souffre de certains défauts qui l’empêchent de vraiment briller. Il arrive à un moment où les attentes sont élevées, surtout avec l'héritage de la saga Mana et les autres mastodontes du genre qui ont placé la barre très haut. Nous avons eu l'occasion de jouer au jeu un petit peu avant la sortie et voici ce qu'on en a pensé.

Un monde coloré mais sous-exploité

L’un des aspects les plus frappants de Visions of Mana est sans conteste ses graphismes. Le jeu propose des paysages colorés et enchanteurs qui donnent véritablement vie à cet univers fantastique. Les développeurs de Square Enix ont su créer un monde visuellement sublime, avec des décors variés : des champs de blé doré, des forêts mystiques, des ruines sous-marines éthérées, et des couchers de soleil magnifiques qui peuvent faire rêver. Cet univers respire l’inspiration anime et, en ce sens, les graphismes atteignent leur objectif. Chaque paysage semble avoir été conçu pour émerveiller le joueur, contribuant à une immersion visuelle immédiate.

Cependant, cette beauté est ternie par un sentiment de vide. Visions of Mana propose un monde semi-ouvert, c'est-à-dire que le joueur évolue dans de vastes zones interconnectées, mais celles-ci manquent cruellement de contenu. Les environnements, bien que charmants à regarder, sont souvent dénués de personnalité et d’interaction. En parcourant ces grands espaces, le joueur se retrouve souvent à voyager d’un point A à un point B sans rencontrer grand-chose d’intéressant. Cette impression de vide est exacerbée par l’absence de personnages ou d’événements marquants dans certaines de ces zones. Ainsi, malgré des graphismes d'une grande beauté, l'exploration finit par devenir une activité monotone, qui semble servir uniquement à rallonger la durée de vie du jeu plutôt qu'à enrichir l'expérience.

Une progression doucement lente

Un autre défaut majeur du jeu réside dans son rythme particulièrement lent au début de l'aventure. Les premières heures de jeu sont laborieuses, notamment parce que le joueur n'obtient pas de reliques spirituelles avant plusieurs heures de progression. Ces reliques, appelées vaisseaux élémentaires, sont des objets clés dans le jeu qui permettent non seulement de débloquer de nouvelles compétences pour les personnages, mais également d'interagir avec l’environnement (par exemple, créer des rafales de vent pour atteindre des hauteurs ou générer des bulles d’eau pour traverser des zones aquatiques). Cependant, le fait que ces reliques ne soient accessibles qu’après trois bonnes heures de jeu ralentit énormément l’action initiale.

Pendant ce laps de temps, le joueur est souvent relégué à des combats relativement simples et à de longues traversées de zones vides, ce qui contribue à rendre le début du jeu frustrant et ennuyeux. Le système de combat, bien qu’intéressant, ne suffit pas à compenser le manque de progression. Cette lenteur initiale risque de décourager les joueurs moins patients, qui devront persévérer avant de voir le jeu véritablement décoller.

Des personnages attachants mais stéréotypés

Visions of Mana propose une galerie de personnages variée et colorée. Le protagoniste, Val, est un garde des âmes chargé de protéger un groupe d’individus appelés « Offrandes », qui ont été choisis pour se sacrifier au pied de l’Arbre de Mana dans le but de préserver l’équilibre élémentaire du monde. Val est un héros initialement simple et dévoué à sa mission, mais qui, au fil de l’histoire, devient de plus en plus tiraillé par des dilemmes moraux.

Aux côtés de Val, on trouve Karina, une jeune rebelle au fort caractère, qui incarne parfaitement le stéréotype du personnage « tsundere » (dur à l’extérieur, mais sensible en réalité). Elle est un des rares personnages à connaître une évolution notable tout au long du jeu, passant de la rébellion immature à une héroïne plus nuancée et consciente de ses responsabilités. Morley, un ranger stoïque, finit par montrer une facette plus douce et chaleureuse, tandis que la reine Palmina, d’abord perçue comme hautaine, dévoile un esprit intellectuel et même un sens de l’humour inattendu.

Bien que ces personnages soient attachants, ils ne parviennent pas à sortir des clichés auxquels ils sont initialement associés. Val est l’archétype du héros loyal et confus, Karina la jeune fille rebelle, Morley l’homme fort et taciturne, et Palmina, la reine autoritaire. Ces archétypes, courants dans les JRPG, ne sont pas nécessairement un problème en soi, mais dans Visions of Mana, ils sont rarement remis en question ou développés au-delà de leur surface. Ce manque de profondeur empêche les joueurs de vraiment se connecter à eux, rendant leur évolution parfois trop prévisible.

Un scénario gâché par les dialogues

L’histoire de Visions of Mana repose sur un thème central intéressant : le sacrifice. Les « Offrandes », ces individus choisis pour se sacrifier, doivent donner leur vie pour sauver leur monde de désastres élémentaires. Ce concept soulève des questions philosophiques intrigantes, notamment sur la valeur de la vie, le libre arbitre, et la justification du sacrifice pour le bien commun. Le débat sur la légitimité de ces sacrifices est lancé, mais malheureusement, il n’est jamais pleinement exploité. Les personnages acceptent assez facilement cette destinée au début, et bien que certains d'entre eux finissent par remettre en question ce système, ces questionnements arrivent tardivement dans l'histoire et manquent d'impact.

Là où le bât blesse vraiment, c’est au niveau des dialogues. Le jeu souffre d’une écriture parfois très pauvre, avec des échanges qui manquent de dynamisme et d’émotion. Les discussions entre les personnages sont souvent convenues, sans grande originalité ni profondeur, ce qui est d’autant plus décevant compte tenu du potentiel de l’intrigue. Au lieu d’explorer de manière nuancée les dilemmes éthiques liés aux sacrifices des Offrandes, le jeu préfère les ignorer ou les traiter de façon superficielle. Ce manque d’exploitation narrative finit par affaiblir le propos du jeu, qui aurait pu offrir une réflexion plus poussée sur le sens du sacrifice et le conditionnement social qui y est lié.

Un système de combat intéressant

Heureusement, le système de combat de Visions of Mana vient relever l’expérience. Le jeu propose un système de personnalisation assez poussé, permettant aux personnages de débloquer plusieurs classes liées aux éléments (feu, eau, vent, etc.). Chaque personnage peut adopter des rôles distincts selon l’élément auquel il est lié, ce qui offre une grande variété de stratégies en combat. Par exemple, Val peut devenir un défenseur (Aegis) lorsqu'il utilise la relique de la Lune, tandis que Karina peut se transformer en une puissante lanceuse de sorts en tant que Moon Charterer si elle équipe cette même relique.

Le système de classes offre une flexibilité qui permet aux joueurs d’expérimenter diverses combinaisons, rendant les combats dynamiques et stratégiques. Cependant, malgré cette richesse, le système de combat peine à évoluer. Après quelques heures, on aura vu l’essentiel des mécaniques de combat, et bien que certains boss tardifs viennent relancer l’intérêt, les affrontements peuvent devenir répétitifs à la longue. Ce manque de renouveau dans les combats finit par peser, surtout dans un jeu qui s’étend sur une cinquantaine d’heures.

Des quêtes secondaires oubliables

Enfin, un dernier point négatif à souligner concerne les quêtes secondaires, qui sont largement décevantes. Visions of Mana propose plus de 130 quêtes secondaires, mais la plupart d'entre elles se résument à des tâches répétitives et sans grand intérêt, comme la collecte de matériaux ou la chasse à des monstres. Ces quêtes ne font que rallonger artificiellement la durée de vie du jeu sans véritablement apporter de valeur ajoutée à l’expérience du joueur. Pire encore, certaines d’entre elles obligent à revisiter des zones déjà explorées, accentuant la monotonie de l'exploration.

Conclusion

Visions of Mana est un jeu aux multiples contradictions. D’un côté, il brille par ses graphismes somptueux et son système de combat engageant ; de l’autre, il est freiné par une narration inégale, des personnages stéréotypés, des dialogues pauvres et une progression initiale très lente. Si les fans de la série pourront apprécier le retour de l’univers de Mana dans un format moderne, le jeu n’arrive pas à pleinement réaliser son potentiel, notamment en ce qui concerne l’exploitation de ses thèmes philosophiques. Il en ressort une expérience agréable, mais incomplète, qui aurait pu être bien plus mémorable avec un développement narratif et ludique plus poussé.

Points forts Points faibles
Les environnements La pauvreté des zones
Un système de combat engageant Les dialogues
Le scénario pas assez développé
Des combats qui deviennent monotones

En résumé, Visions of Mana est un jeu visuellement époustouflant qui séduit par son univers et ses combats, mais peine à maintenir l'intérêt à cause d'un rythme lent et d'une narration superficielle. Malgré ses qualités, il ne parvient pas à exploiter pleinement ses thèmes philosophiques ni à offrir une expérience aussi riche qu'espéré. Les fans de la série y trouveront leur compte, mais le jeu laisse un sentiment d'inachevé.



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