Skull & Bones – Ahoy, Capitaine !
Version testée : PS5 et Xbox Series
Plates-formes disponibles : PC, PS5, Xbox Series et Amazon Luna
Genre : Aventure / RPG
Prix conseillé : 69,99€
Date de sortie : 13 février 2024
Studio / Editeur : Ubisoft Singapour / Ubisoft
Clé fournie par l'éditeur, merci à eux !
Annoncé en 2017 avec une sortie prévue pour 2018, Skull & Bones a ensuite été agité par de nombreuses vagues qui ont repoussé son développement. Le jeu a ainsi dérivé, telle une bouteille à la mer, jusqu'en cette année 2024, où il a enfin atteint le rivage. Que vaut finalement ce titre après ces nombreuses années de développement ? Est-ce le jeu de pirates dont le monde a rêvé après le succès d'Assassin's Creed Black Flag ? Pas tout à fait, même si le naufrage prédit par bons nombre de joueurs n'a pas eu lieu.
Si j'ai un conseil à vous donner d'entrée de jeu, c'est de ne pas vous fier au tutoriel du jeu, qui est aussi raté que confusant. Vous débarquez en pleine bataille sans aucun contexte, avec votre équipage qui crie sans raison et des actions contextuelles qui vous indiquent rapidement comment gérer un affrontement. Puis c'est le silence, petite cutscene et vous vous réveillez pour personnaliser votre pirate qui voit son reflet dans l'eau d'un tonneau. A croire que les jeux à gros budget se sont passés le mot pour rater le tutoriel, entre Suicide Squad en début de mois et Skull & Bones maintenant.
Les choix de départ n'étant pas extrêmement nombreux, il ne m'aura pas fallu plus de cinq minutes pour créer mon pirate, qui aura pour objectif de se rendre sur un petit îlot à l'aide d'une boutre (un petit bateau arabe), où on l'enverra pêcher le requin et récupérer quelques boîtes qui flottent à la surface de l'eau à quelques centaines de mètres. Ensuite, on se rendra à Saint-Anne, l'une des grosses zones terrestres du jeu, où l'on rencontrera un pirate de renom qui nous prendra sous son aile pour faire de nous une véritable terreur des mers !
Avant que l'on ne récupère un navire digne de ce nom, il faudra passer par ce tutoriel en deux temps qui prend le temps de nous expliquer un peu tout ce qu'on a besoin de savoir. Si l'on voit directement le potentiel navale du titre, on comprend dans le même temps qu'on aura pas grand-chose à faire sur la terre ferme. Dans Skull & Bones, le véritable personnage de l'aventure, c'est votre bateau, pas le pirate, qui n'est qu'un avatar désincarné dont on peut personnaliser l'apparence qui vaquera entre différents PNJ et ira de panneaux en panneaux pour accepter différents contrats et faire monter son infâmie. N'espérez nullement vous poser sur la terre ferme pour vous battre au sabre ou au tromblon, ou même récolter différentes ressources (qu'on aura soit en récupérant le butin de bateau abattu, soit via des marchands ou soit en complétant des QTEs digne des pires jeux mobiles pour récolter plus ou moins d'acacias, par exemple. Rien de tout ça n'est possible, vous aurez juste droit de vous poser à quelques endroits prédéfinis pour accomplir un panel d'actions rachitiques qui fait peine à voir quand on sait que le jeu a près d'une décennie de développement derrière lui.
En mer, heureusement, vous aurez bien plus à faire ! Après avoir accepté quelques quêtes principales ou secondaires, vous embarquerez et dirigerez votre vaisseau où bon vous semble sur la carte. Un peu comme Sea of Thieves, vous pourrez au choix opérer en suivant une quête précise ou en partant librement en mer pour aller faire une quelconque chasse au trésor ou partir farmer des ressources. Selon le matériel choisi pour embarquer, vous ne pourrez accomplir que certains objectifs bien précis. Impossible par exemple de chasser le requin avec votre navire de guerre. Il faudra opter pour la boutre ici. Qu'importe le matériel pour lequel vous optez, il faudra en revanche se plier aux conditions météorologique capricieuse de l'océan indien. De jour comme de nuit, la météo est changeante et le vent bouge assez souvent, ce qui peut vous aider comme vous gêner dans votre traversée. Impossible dans S&B de changer la direction de la voile, ça dépendra de votre navire. En cas de vent opposé, on devra utiliser la fonction "sprint" du bateau qui vous permettra d'avancer contre vents et marées. A noter que, comme tout "sprint" dans le jeu vidéo, ça entame une jauge d'endurance qu'il faudra bien gérer, encore plus en plein affrontement.
Car oui, des batailles, vous en aurez pléthores sur les mers. Différentes factions naviguent sur l'océan, et on devra gérer nos relations avec chacune selon vos contrats du moments et vos objectifs de progression. Si les batailles de départ se révèlent assez simple, avec juste des boulets de canon et la proue du bateau pour faire des dégâts, ça se complexifiera ensuite avec pleins d'autres types d'armes que l'on utilisera, de même que nos ennemis. Ces ajouts progressifs donnent un aspect tactique au titre qui nécessite une certaine rigueur de placement pour éviter les attaques d'armes incendiaires par exemple, avec l'utilisation d'objets pour buffer une unité et réparer notre bien via la roue d'action, plutôt bien fichu au demeurant. Plus notre réputation grandira, plus on débloquera d'éléments cosmétiques et fonctionnels pour notre navire, ce qui motive grandement à multiplier les contrats pour faire grandir notre réputation de pirates.
Dommage toutefois que la première saison ne soit pas lancée de suite, ça aurait permis de voir comment le scénario avance et comment l'éditeur compte faire pour garder les joueurs au long cours. Je ne peux toutefois passer outre un gros point noir pour moi, c'est l'abordage d'un vaisseau ennemi. Ce dernier se fait uniquement via une micro cinématique. Ca aurait été l'occasion de mobiliser notre avatar pour en faire autre chose qu'un pion, mais Ubisoft n'a pas jugé bon d'inclure ça. Quel dommage !
En parlant de joueurs, on est face à un jeu qui se joue uniquement en ligne, avec le peu d'avantages et les nombreux inconvénients que ça engendre. En l'état, la plupart des bugs que j'ai rencontré sont liés aux serveurs. Typiquement, le chat est indisponible depuis le premier jour d'accès anticipé sans aucune raison. J'ai aussi été jeté à plusieurs reprises du jeu sans raison apparente, ma connexion étant stable. De nombreux messages d'informations et d'alertes surviennent aussi, pour me notifier par exemple 12 fois de suite que je suis traqué puis en fait non, c'est terminé. D'autres fois, c'est un dialogue avec un PNJ qui se bloque et qui force à relancer la session… C'est casse-pied, je dois le confesser, mais il convient d'indiquer que c'est un fait récurrent avec bon nombre de jeu service au lancement. Gageons que tout cela disparaisse d'ici quelques jours/semaines.
Côté visuel, c'est globalement très propre en mode qualité, bien que le framerate soit limité à 30 dans cette configuration. Le mode performance dégrade pas mal la qualité visuelle, mais permet comme à son habitude de vivre l'aventure en 60 images par seconde, ce qui est un confort dont on peut difficilement se passer durant de gros affrontements. Côté son, c'est moins glorieux, plusieurs soucis de mixage viennent entamer l'immersion et l'équipage à une fâcheuse tendance à se mettre à chanter au moment qui ne s'y prête pas du tout. Je passais donc régulièrement dans le menu radial pour les faire taire. La version française s'en tire plutôt bien, même si l'anglais a, une fois n'est pas coutume, ma préférence.
Avec Skull & Bones, Ubisoft a donné naissance à une véritable créature de Frankenstein, qui fascine autant qu'elle repousse. Certains de ses systèmes fonctionnent admirablement bien, surtout en mer. Voir son navire évoluer au fur et à mesure de l'aventure est plaisant, naviguer dans les mers est relaxant et se battre contre des vaisseaux ennemis se révèle être une expérience qui provoque des montées d'adrénaline bienvenues et extrêmement gratifiantes. A côté de cela, on a malheureusement le droit à un jeu qui fait fi de nombreuses mécaniques et les restreint trop pour son propre bien. Sur terre, c'est souvent décevant, vu qu'on a juste droit à des hubs pour échanger avec les marchands, récupérer des contrats et personnaliser son pirate, et beaucoup d'îles qu'on aimerait explorer ne sont pas modélisés, ce qui fait qu'on se contente de QTEs abrutissants et décevants quand on voit l'envergure du titre. Espérons que le suivi à long terme parvienne à gommer quelques défauts et que Skull & Bones suive le même chemin que Rainbow Six Siege.
L'avis de Thoraxe
Skull and Bones est un jeu où la navigation va être l'élément principal et en tant que grand amateur de simulateur, j'avoue apprécier ça. Alors certes, il manque beaucoup de choses au titre comme les combats terrestres à l'épée qui sont peut-être la chose que j'ai le plus lu depuis sa sortie, mais le titre a su me plaire grâce à ces graphismes magnifiques où je peux me laisser porter à la contemplation des paysages. Les combats maritimes peuvent vite devenir intenses et me font rentrer en immersion totale. La météo dynamique est aussi un point important pour l'immersion et, à mon sens, Ubisoft l'a très bien intégrés dans le gameplay. Et je conclurai par les choses qui m'ont de toute façon fait aimer le jeu : on peut posséder un lémurien !