Flashback 2 – La nostalgie, c’est pas toujours bien
Il y a des jeux qui marquent une vie de gamer. Pour ma part, l'un d'eux fut sans conteste Flashback, sorti il y a un peu plus de 30 ans (aïe, ça fait mal) sur Amiga (en premier) et surtout sur Megadrive (la console où j'ai fait connaissance avec ce jeu).
Développé par Delphine Software, un studio français mythique, le jeu nous plaçait dans la peau de Conrad Hart, amnésique au cœur d'une jungle plutôt hostile, aux pieds d'un hologramme le représentant et lui demandant de rejoindre New Washington. Une aventure qui va le mener au centre d'un complot interstellaire.
Je ne saurais vous dire pourquoi ce jeu m'a marqué tout particulièrement. Est-ce son univers dystopique, teinté de science-fiction, à la Total Recall ? Sont-ce ses cinématiques, incroyables pour l'époque ? Une chose est sûre, si je devais retenir une seule chose, ce sont les crises de nerfs que j'ai pu avoir à cause de son gameplay un peu rigide, faisant rappeler à certains moments Prince of Persia.
Malgré tout, Flashback a laissé une empreinte indélébile dans ma mémoire de joueur et quand j'ai appris que Microids avait mis en chantier une suite directe, autant dire que mon petit coeur a cessé de battre un petit instant. D'autant plus qu'en réalité, une suite avait déjà été offerte au jeu en 1995, mais cette fois-ci en 3D, sous le nom de "Fade to Black". Une aventure clairement dispensable, qui ne faisait pas honneur à son illustre prédécesseur. Au revoir donc cette suite qui n'en était pas vraiment une, et bienvenue à Flashback 2, la vraie suite, supervisée en plus par d'anciens de Delphine Software, notamment la légende Paul Cuisset.
On avait donc laissé Conrad à la fin de Flashback en fuite dans un vaisseau spatial, en plein coeur d'une galaxie non répertoriée, et décidant de se placer en cryogénisation en espérant être retrouvé par les siens. Au final, on le retrouve dans une sorte de laboratoire, en assez mauvais état, et de surcroît accompagné (dans sa tête en tout cas) d'une intelligence artificielle, AISHA.
On retrouve dans Flashback 2 la vue sur le côté, comme le jeu original. Avec toutefois une petite nuance, car Conrad peut se déplacer aussi librement sur l'axe vertical, dans une sorte de 2.5D plutôt agréable. De ce fait on a une impression de profondeur beaucoup plus présente. On peut ainsi se déplacer de cette manière pour accéder à des coffres, activer des bornes de sauvegarde ou tout simplement progresser.
Sur le papier, cette idée a tout pour plaire. Mais manette en mains, la réalité est toute autre. Conrad est loin d'être un plaisir à faire bouger, on a l'impression qu'il pèse une tonne. Les mouvements ne sont pas précis, à un point qu'on est obligé de s'y reprendre à plusieurs fois quand on veut activer un objet ou parler à quelqu'un. On se croirait revenu 20 ans en arrière.
La palette d'actions n'est pourtant pas très étoffée. On bouge, on active des objets. Avec le joystick on vise et avec la gâchette on tire. Et pourtant, même ce gameplay très basique est dans les choux, avec une précision de Conrad ahurissante. Si j'étais lui, j'irais voir un ophtalmo sans tarder, car là, même mon père et sa cataracte pourrait faire mieux. D'autant plus que les gunfights sont très répétitifs et ennuyeux à mourir. Et ce n'est pas le pseudo-bouclier (qui fonctionne une fois sur trois) et le dash en avant qui ajouteront un peu de piquant là-dedans.
Dans Flashback sur Megadrive, ce qui m'avait fortement accroché, c'était sa direction artistique. Un univers futuriste, à la limite du cyberpunk dans ses environnements urbains, presque Bladerunneresque. Sa suite tente elle aussi de reprendre cet univers particulier, mais malheureusement, là encore, c'est un gros raté. En fait, la direction artistique en elle-même n'est pas si catastrophique. Mais elle est complètement desservie par une réalisation technique datée : environnements moches, des textures floues, des PNJ pour qui on ne prend pas la peine d'ajouter quelques détails... je vais m'arrêter là, car la liste de défauts techniques est vraiment longue. Mention spéciale quand même pour les animations et l'IA, qui semblent toutes deux sorties d'un jeu PS2 (pour être gentil). Si vous regardez attentivement, vous verrez que les PNJ ont la même boucle de comportement qu'ils répètent à l'infini sur environ 5 secondes, comme un poisson dans un bocal.
C'est véritablement un crève-cœur pour moi d'être aussi dur avec un univers qui a eu autant d'impact dans ma vie de joueur. J'avoue être dans la plus grande incompréhension de voir un résultat pareil, surtout quand on sait qu'un grand nom comme Paul Cuisset est derrière ce projet.
En définitive, ce Flashback 2 laisse un petit goût amer dans la bouche. Un impression d'inachevé, de gâchis même, qui se fait sentir dans de nombreux aspects du jeu. La nostalgie, c'est bien. Mais des fois, je crois qu'il faut aussi savoir laisser les oeuvres cultes dans leurs tiroirs pour en garder un souvenir intact.
Points forts | Points faibles |
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Le doublage de Donald Reignoux, toujours impeccable | Une réalisation technique datée |
L'univers attirant | Des contrôles pesants |
Les animations |
Un gâchis... pour moi, c'est le mot qui résume le mieux ce Flashback 2, qui aurait pu... non, qui aurait DÛ rendre un vrai hommage à une oeuvre majeure dans la culture vidéoludique française. Mais il faudra se contenter au final d'un jeu passable, qui saura peut-être contenter les joueurs avec plus d'indulgence.