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Season: A letter to the future – Pixel et contemplation

J'ai l'habitude de dire qu'il y a deux types de jeux vidéo : ceux que l'on fait et qu'on oublie assez vite, et ceux qui nous laissent une marque qui peut disparaître plus ou moins rapidement. Pour ma part, Season: A Letter to the Future est définitivement à ranger dans la seconde catégorie.

Développé et publié par Scavengers Studio, un studio quèbecquois fondé en 2015, dont le premier jeu était Darwin Project, un battle royale qui n'aura pas laissé une grande trace dans le paysage vidéoludique. Peut-être un mal pour un bien, car le studio se consacra alors à son second projet. Et c'est justement le jeu qui nous intéresse aujourd'hui : Season: A Letter to the Future.

Il me semble difficile de ne pas faire un petit point sur la situation du studio, qui a connu de graves remous ces dernières années. Quelques employés ont en effet témoigné des conditions de travail difficiles et ont dressé un tableau pas très édifiant des comportements internes.

C'est en particulier le co-fondateur du studio, Simon Darveau, qui est au coeur des critiques, instaurant un climat sexiste et toxique et étant à l'origine de harcèlements sexuels. Il a été suspendu indéfiniment depuis la révélation des faits et le studio a essayé d'apaiser la situation en engageant une société externe de Ressources Humaines, pour l'aider à accompagner les salariés tout en affirmant que le harcèlement ne serait pas toléré.

Bref, une situation pas très positive. Toutefois, je pense qu'il est important de dissocier cette situation du jeu en lui-même. Essayons donc de rester objectif et de juger le jeu pour ce qu'il est, ne serait-ce que par respect pour les développeurs qui ont travaillé dessus.

 

Season: A Letter to the Future est un jeu narratif  sur PC et consoles Playstation qui nous plonge dans un monde  presque surréaliste, dans un village paisible, où l'on incarne une jeune femme qui décide de partir explorer le monde dans le but de consigner ses souvenirs, avant que la saison ne change (comprenez par là un changement radical dans le monde)., équipée d'un appareil photo et d'un magnétophone.

Season, c'est donc une sorte de road-trip à vélo, dans une sorte de contemplation où le joueur y puise ce qu'il a envie. Estelle, la jeune femme que l'on incarne, dispose d'un journal, que l'on peut remplir à sa convenance, comme une sorte de scrapbooking. Ainsi, on pourra prendre en photo ou enregistrer tout ce que l'on veut, puis les ajouter dans le journal : paysage, bruits des oiseaux, personnage rencontré, dessin sur le mur... ce sont tout autant de vestiges d'un présent qu'Estelle pourra laisser aux générations futures.

Chaque zone parcourue bénéficie d'une double page de journal, et les remplir pourra faire grimper une jauge, permettant de conclure la zone et de débloquer des décorations à ajouter sur le journal pour l'embellir. Mais là encore, le joueur est libre de faire ce qu'il veut. Si l'on veut continuer à découvrir la zone et remplir encore le journal, libre à nous de le faire. Le journal est ainsi notre propre témoignage, nous renvoyant à nos propres réflexions.

Et c'est vraiment là que le jeu est exceptionnel, au-delà de sa narration, de ses personnages, de ses environnements. Dans un jeu vidéo, généralement les interactions sont à sens unique : le jeu nous apporte quelque chose. Season va encore au-delà en nous permettant d'ajouter un peu de nous dans le jeu.

 

On reste donc ainsi libre d'explorer le monde comme on le veut et de passer autant de temps que l'on veut dans chaque zone, certaines nous touchant forcément plus que d'autres.

Contemplatif, le jeu l'est assurément. Mais le monde qu'explore Estelle n'est pas non plus figé. On pourra y rencontrer quelques personnages plutôt attachants avec qui l'on pourra discuter.

L'occasion de parler un peu du doublage VF. En effet, le jeu est doublé en français (même s'il n'est pas si bavard que ça), mais avec un accent quèbecquois, toutefois pas si prononcé. Très sincèrement, ça surprend beaucoup au début, on est plutôt habitué à des doublages sans accent. Et pourtant, j'ai trouvé que ça collait plutôt bien avec l'ambiance générale et j'ai beaucoup d'affection pour ce doublage. Mais force est de constater qu'il divise, certains appréciant cet accent, d'autres pas. Il est toutefois possible de mettre les voix en anglais si vraiment ça dérange.

 

Au-delà d'un jeu, Season: A Letter to the Future est une expérience. Une sorte de simulation où le joueur va ajouter un peu de lui et s'investir émotionnellement bien plus que dans tout autre jeu aussi contemplatif. Est-ce que cela va chambouler complètement ma façon de voir les choses ? Non, clairement pas.

Toutefois, il est certain que Season a laissé une marque dans mon petit coeur de joueur qui ne va pas disparaître de si tôt. Son ambiance particulière, ses personnages, cette espèce de mélancolie positive, le jeu est une sorte de parenthèse enchantée, une petite bulle rien qu'à soi qui durera 6-7 heures, selon vos envies de prendre votre temps ou non.

Disponible aussi sur Playstation 4 et 5



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