Police Simulator : Patrol Officers – Bonjou… oh ça sent l’shit, là d’dans, garçon !
Journal de patrouille du mardi 08 novembre 2022 de l'inspecteur Tugényal.
8h00 Début de patrouille.
8h53 Fin de l'inspection surprise des toilettes. Je me sens plus léger d'environ 1,8 kg.
8h54 - Je reçois un appel de mon partenaire, mon frère, mon livreur de donuts. Je lui dois la vie en ce jour funeste où la machine à café a lâché au poste.
10h37 - Je sors du commissariat pour me trouver nez à nez avec un crime horrible. Une immondice de l'humanité. Du terrorisme primaire : quelqu'un a osé venir nous demander son chemin ! Bien évidemment, nous ne pouvions pas laisser passer cette attitude hostile et la vieille aura de la chance si elle atteint son 97ème anniversaire dans 10 jours d'après le médecin de la prison.
10h47 - Mais le pire crime de la journée, c'est durant la saisie faite au magasin de jeu vidéo. Déjà, Maurice ne nous donne pas l'intégralité des 300€ hebdomadaires de protection, mais en plus il ose vouloir nous remplacer par un jeu vidéo. Police Simulator : Patrol Officers qu'il s'appelle comme jeu.
Forcément, par cet acte de rébellion, il nous a forcé à faire une bavure.
15h19 - Le bottin a enfin complètement craqué, déchiré par la violence de son visage qui venait cogner ce pauvre livre et Maurice nous a tout raconté. Ses bas de laine, ses magouilles de cartes Pokémon, ses 5 à 7 avec la sœur de sa femme et ce jeu...
Nous n'arrivions pas à croire ce qu'il nous disait sur ce jeu, alors nous avons décidé d'enquêter nous-mêmes en l'insérant dans notre Xbox Séries X gracieusement offerte Noël dernier par l'orphelinat des enfants brisés.
15h29 - APÉROOOO !
Comme absolument pas teasé de manière subtile, Police Simulator : Patrol Officers est un jeu de simulation d'officier de police... américain, je précise. Avec donc ses lois, ses délits, ses subtilités bien... américaines.
Le jeu étant même appelé l'anti-GTA par les p'tits gars derrière le jeu.
Ils n'avaient probablement pas saisi à quel point c'était vrai...
D'abord, dans le concept. Au lieu de jouer de la racaille qui fait ce qu'elle veut au détriment de la loi et des autres pour se monter un empire criminel dans un fun coupable d'être une pourriture sans nom, dans Police Simulator : Patrol Officers, vous incarnez un officier de police d'une ville américaine imaginaire. Votre rôle sera de patrouiller à pied ou en voiture pour faire régner la loi en mettant, chaque jour de patrouille, l'accent sur un type de délit comme demandé par le Poste Central.
Vous arpenterez les rues pour donner des contraventions pour jetage de déchets sur la voie publique, stationnement invalide, puis vous monterez progressivement de grade au fil des patrouilles avec des situations plus complexes à gérer comme les fouilles, délits de fuite, accidents, jaywalking (le fait de ne pas traverser en dehors des passages piétons). Mais attention ! Nous sommes dans un anti GTA : ici, il y a des règles ! Vous ne pouvez pas faire ce que vous voulez, comme vous voulez !
Et on va en parler tout de suite dans le gameplay de l'anti GTA.
Le gameplay
Comme je le disais juste au-dessus, vous ne pouvez pas faire ce que vous voulez. Contrairement à la réalité, les bavures sont ici sanctionnées. Vous avez deux compteurs pour chaque journée de patrouille. Un qui correspond au mérite de vos actions qui grimpe au fil de vos bonnes décisions et un qui commence à 100 points et sur lequel des points sont retranchés à chaque fois que vous faites un truc qu'il ne faudrait pas.
Malheureusement, les lois américaines sont bien différentes de celles d'ici et il faudra alors apprendre sur le bout des doigts chaque subtilité. Le jeu vous guide un peu, mais vraiment pas beaucoup. Ce qui peut être problématique pour quelqu'un qui n'a jamais été passé à tabac lors d'un contrôle de police à Chicago, alors que tout avait débuté par une traversée de passage piéton avec un pied en dehors des clous...
Des points seront ainsi soustraits sans qu'on comprenne vraiment pourquoi, ce qui est très frustrant. Surtout lorsqu'on a des actions très proches à disposition.
En parlant d'actions, vous pouvez en effectuer tout un lot, que ce soit avec des outils ou de simples ordres de mains pour gérer la circulation, par exemple.
Anti-GTA oblige, le tout est géré via une roue d'actions.
Anti-GTA oblige, cette roue d'action est tout sauf ergonomique et réactive.
Du genre, j'ai besoin de mon stun gun.
Dans GTA, je maintiendrais le doigt sur le bouton de la roue des armes, ce qui ralentit le jeu, puis je sélectionne le stun gun avec le joystick et je relâche le bouton de la roue : voilà mon stun gun sélectionné et dégainé.
Ici, il faudra rajouter une validation sur la roue par une pression de bouton pour valider le choix et, comme si ce n'était pas assez fastidieux, il faut ensuite dégainer l'équipement sélectionné. Sachant que pendant ce temps le jeu ne ralentit pas, laissant libre au véhicule de se barrer librement. Sans même compter que certains "équipements", comme les gestes de circulation, vont demander d'autres actions à faire...
Et ce n'est qu'un seul exemple parmi d'autres !
Votre personnage est par exemple aussi obligé de contourner des obstacles comme des petites murettes ou des rambardes, plutôt que de les escalader pour aller derrière. C'est fastidieux, surtout que, lorsque certains éléments sont "chronométrés" (comprenez que les gens ne vont pas vous attendre sagement pour que vous leur mettiez une prune), vous perdez 15 secondes pour contourner un muret, c'est assez contraignant.
Tout comme l'élaboration de la prise en main à la manette n'a pas été pensée avec efficacité et fluidité en tête. Tout est confus, brouillon et peu efficace.
La technique
Là encore, on est effectivement en plein anti-GTA, puisqu'on est loin du soin apporté à beaucoup de choses et au souci du détail comme le fait si bien Rockstar. Le visuel est tellement banal et sans originalité que les mirettes du joueur vont s'ennuyer. Il est même très compliqué de repérer les délinquants alentour malgré le fait qu'il y ait un message d'annonce et que l'individu passible d'une bastonnade soit survolé d'une flèche tellement discrète que même avec seulement 2 passants dans les environs (il y en a rarement plus en même temps), on ne peut le distinguer aisément.
Le jeu est également articulé en quartiers, et non en open world. D'ailleurs, ces quartiers ne sont pas bien grands et on n'a même pas le temps de finir la musique d'intro de Starsky et Hutch, qu'on est déjà sur le point de se retrouver hors zone.
Les hitboxes sont également ridicules.
Exemple tout bête : des passants vont vous dire bonjour et vous pouvez leur répondre. Seulement il faut être très près d'eux, et également avoir un visuel sur eux ET dans le bon angle, très réduit pour avoir le droit de répondre.
Le fun
Au cas où vous ne l'auriez toujours pas compris, on est sur de l'anti-GTA. C'est à dire qu'on est sur quelque chose de très sérieux, de très carré, de très simulation.
Ça convient aux gens ou pas en termes de fun, mais ce dernier sera différent. Il est ici très clean, très sage, très limité.
On peut jouer à deux, mais cela ne changera pas grand-chose côté fun.
Il y avait pourtant un potentiel, mais le jeu va régulièrement le réfréner d'une manière ou d'une autre durant les patrouilles. Un peu comme s'il avait peur que le joueur s'amuse plus hors clous qu'en suivant les règles et les lois.
Et c'est extrêmement frustrant.
On est effectivement sur un Anti-GTA, mais pas dans le sens marketing avancé par le jeu.
Dans le sens où, contrairement au jeu de Rockstar, Police Simulator : Patrol Officers est un titre qui n'offre ni la possibilité, ni la liberté au joueur de s'exprimer et de s'épanouir dans ce monde. Car alors qu'il propose pourtant quelques outils comme les scores de comportement, il ne laisse pas le choix au joueur de trouver sa place dans le jeu parce que ces outils ne lui donnent aucune confiance de faire les choses correctement.
Et c'est peut-être là le plus gros problème...