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Myst – L’âge de la VR

Initialement sorti en 1993, le célèbre jeu rempli de mystères n'arrête pas de faire parler de lui, même s'il sera bientôt trentenaire (un âge canonique dans les jeux vidéo). Cette fois, il revient dans une nouvelle version intégralement repensée, qui supporte la réalité virtuelle (Valve Index, HTC Vive, Oculus Rift, Rift S, et Quest via Oculus Link.). Rien que ça ! Mais rassurez-vous, si vous ne possédez pas de casque VR, vous pourrez tout de même profiter de l'expérience car le jeu a aussi été pensé pour les écrans classiques et sort d'ailleurs sur Xbox via le Gamepass, la console de Microsoft ne proposant aucune option VR.

Bien que je ne sois pas friande de réalité virtuelle, j'ai débuté par là, afin de me faire ma petite idée. Mon casque HTC Vive planté sur la tête, je lance facilement la partie, l'interaction avec l'interface est aisée. Aucune configuration longue et fastidieuse n'est à prévoir avant de pouvoir fouler les terres mystérieuses de Myst. Par contre, les raccourcis sont un peu moins intuitifs, tout se gérant avec le pad tactile des manettes (indifféremment celle de droite ou de gauche). Comme j'étais par défaut en mode "marche", je me suis rapidement assise pour ne pas tituber (et je suis d'ailleurs restée dans mon fauteuil pour le reste de la séance). Heureusement, je trouve vite comment activer la téléportation, et mon mal des transports se calme. Enfin, peu importe le mode que vous préférez, vous pourrez choisir.

Avec un peu d'habitude, le "glisser" de la marche devient plus aisé, même si cela reste complexe pour descendre les escaliers, ou d'une façon générale dès qu'il y a plusieurs niveaux. Un bon point pour ces repères préenregistrés exactement à la bonne distance et dans la bonne direction, qui ont été placés à proximité de chaque manivelle et autres boutons à activer. Il suffit d'approcher suffisamment le repère de marche pour que le jeu propose de se positionner là. Cela facilite grandement la navigation (et c'est qu'il en existe un bon paquet de bidules et de trucs à presser). Malgré tout, je garde une nette préférence pour les jeux VR qui proposent de pointer depuis la manette, puis de valider avec la gâchette, le pad tactile ne servant alors qu'à bouger la caméra.

Le gros point fort est la liberté donnée à l'exploration. Le premier Myst limitait à un chemin, le mouvement ne se faisait que d'un repère à un autre (quelque chose de très normal à cette époque). Les angles de vue étaient donc limités à ces endroits uniques, avec un côté très frustrant de ne pas pouvoir admirer le paysage dans sa globalité. Désormais, les âges de Myst sont visitables sans autre contrainte que les murs invisibles. Vous désirez vous poster sur le haut de la falaise pour admirer la mer ? Faites donc ! Vous voulez couper à travers les arbres pour vous rapprocher de la fusée ? Foncez ! En VR, cela est un peu moins notable, mais dans le mode 2D classique, quelle joie !

L'occasion parfaite de faire la transition... J'avoue que je ne suis pas allée bien loin en réalité virtuelle. J'ai fait le tour de l'île principale, j'ai activé les sept leviers accessibles, puis je me suis rendue dans la salle souterraine, sur le port, pour écouter le message enregistré par Atrus pour Catherine. Même si j'adore le réalisme de la VR, je me sens de moins en moins en phase avec le monde virtuel au fur et à mesure des minutes qui passent. Cela n'a rien à voir avec le jeu, je trouve juste que la VR, surtout avec l'HTC Vive, devient désagréable au-delà d'une petite demi-heure, le casque pèse trop lourd, les yeux piquent, le mal de mer grandit...

Une fois désharnachée, quel bonheur pour moi de découvrir à l'écran les magnifiques environnements recréés en 3D sous Unreal Engine. Des textures de haute-qualité, une mer réaliste, de l'herbe qui bouge doucement au vent, des mouettes qui jouent dans le ciel... L'île de Myst, et par la suite les différents âges, renaissent du passé, ils resplendissent de mille couleurs, tout en gardant cette touche spéciale, un peu pastel délavé, si spécifique à l'univers. En plus, les musiques ont été conservées, ces mêmes notes qui m'ont fait vibrer la première fois, quand j'ai découvert Myst, l'un de mes premiers jeux vidéo... Nostalgie, quand tu nous tiens.

Quelques changements me font par contre tiquer. Pourquoi avoir supprimé l'intégration des vidéos et les avoir remplacées par des personnages en 3D ? C'était l'une des innovations majeures de Myst à l'époque du lancement original et une touche très caractéristique du titre. Les images étaient-elles de si mauvaise qualité qu'elles ne pouvaient être sauvées ? Cela m'étonne avec les outils à notre disposition aujourd'hui, et m'attriste aussi un peu, car il ne faut pas oublier que ce ne sont pas des acteurs qui jouent, mais les deux frères co-créateurs de Myst, Robyn et Rand Miller. Cela me donne un peu l'impression qu'ils se font priver de leur héritage.

Les textes en français sont "posés" sur les jolies pages, sans aucun travail réalisé sur la typographie, juste une police de base bien moche genre Arial. Efficace, certes, pour les non-anglophones, mais quel manque de sensibilité pour ce jeu qui avait été conçu avec l'objectif de limiter au maximum l'interface afin de ne pas briser l'immersion. À ce propos, je ne comprends pas bien l'ajout de l'appareil photo, accessible uniquement depuis le menu principal (une plaie en VR). Certes, cela respecte la volonté des créateurs, mais de l'autre côté, quel intérêt de mettre en place une fonctionnalité aussi peu intuitive ? Au final, on en revient, comme d'ailleurs cela n'aurait jamais dû être autrement, à noter sur un petit carnet !

Enfin, les connaisseurs remarqueront des changements ici et là, comme la suppression du monde de Rime, le manque d'animation à l'arrivée dans un âge, des changements pour les livres, l'énigme du labyrinthe... Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais ce n'est pas une copie intégrale, et je ne comprends pas bien tous les choix effectués.  Quelques-uns sont cependant positifs. Je salue la possibilité de rapporter les pages rouges et bleues en même temps, moins d'allers-retours inutiles. Ainsi que l'option de départ de proposer des énigmes aléatoires qui offrent aux anciens joueurs la possibilité de se creuser les méninges presque comme au premier jour (surtout si, comme moi, vous avez rejoué régulièrement au jeu et que vous commencez à connaître la plupart des solutions par coeur).

Un titre qui n'est donc pas exempt de défauts, et qui plaira surtout aux nouveaux joueurs, les graphismes des versions plus fidèles à l'original restant malheureusement datés. Les anciens tenteront peut-être de résister, mais n'y arriveront pas. Soyons honnête, ils y trouveront leur plaisir également, ne serait-ce que grâce aux graphismes améliorés, mais peut-être seront-ils, comme moi, déçus des quelques libertés prises. Enfin, le prix reste correct, surtout avec le support du VR. Comptez environ 25€ pour une partie de maximum une dizaine d'heures environ (plus ou moins, suivant si vous trichez ou pas !).



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