Curious Expedition 2 – Un excellent roguelite
C'est en 2016 que Curious Expedition a su charmer bon nombre de critiques, y compris chez nous, grâce au talent des Allemands de chez Maschinen-mensch, qui ont pondu un rogue-lite extrêmement profond qui vous faisait incarner un explorateur londonien du 19ème siècle et vous envoyait dans différentes régions du globe afin de glaner des trésors antiques et de faire ami-ami (ou pas) avec les autochtones, le tout sans devenir marteau. Curious Expedition 2 est donc la suite de cette œuvre. Après une sortie en début d'année sur PC, le titre s'est vu porter sur l'hybride de Nintendo mi-août, pour mon plus grand plaisir !
Au vu des bases solides du premier volet, le studio allemand n'a pas eu besoin de réinventer la roue. On retrouve donc la plupart des mécaniques roguelite du premier épisode. On doit choisir, d'entrée de jeu, parmi 8 personnages, qui ne sont ni plus ni moins que des classes "personnifiées", puis monter son petit équipage après avoir sélectionné un endroit où poser notre ancre pour accomplir divers objectifs. Notre fine équipe doit d'ailleurs être composée avec soin, puisque chacun disposera de talents particuliers qui faciliteront certaines tâches. Partir à l'aventure sans traducteur risque de compliquer pas mal le dialogue avec les locaux par exemple... Chaque choix doit être fait judicieusement, bien qu'il s'agisse avant tout et surtout d'un style de jeu à définir, afin de savoir les forces et faiblesses de son équipe.
Une fois en jeu, les aventuriers que nous sommes devront explorer l'inconnu en avançant sur un damier qui se dévoilera progressivement. Chaque action aura un impact sur la santé mentale de son groupe. S'enfoncer dans la jungle profonde pourra avoir un impact assez fort sur la jauge, qu'on pourra quelque peu compenser en mangeant une bonne viande rôtie, ou en se rendant dans un village amical où l'on se reposera sereinement. Certaines cases déclencheront des événements aléatoires qui auront également un impact sur les membres de l'équipage : la découverte d'une épave peut être une belle occasion de trouver un trésor de grande valeur... mais elle est peut-être trop endommagée pour qu'on se risque à l'explorer. A vous de choisir, et de croiser les doigts en espérant un lancer de dés chanceux, afin de récupérer le trésor sans trop de tracas.
Vu que les lancers de dés malheureux ne suffisent pas à contenter le sadisme du studio, ce dernier a également ajouté un système qui singe très efficacement Darkest Dungeon, à savoir, les traits de caractères ! Pour oublier l'horreur des jungles tropicales, un personnage peut devenir alcoolique et débloquer le trait "Alcoolisme", ce qui a pour conséquence de réduire la loyauté de votre comparse s'il ne se bourre pas la gueule régulièrement. Là, on reste dans le gentillet. Il se peut aussi qu'un membre de l'équipage devienne soudainement cannibale et bouffe l'un de vos camarades durant la nuit. Petite joie de constater cela à l'aube, avec un chef d'expédition stupéfait et un autre totalement terrifié qui préfère se barrer plutôt qu'être le suivant à finir dans l'estomac de notre nouvel Hannibal Lecter.
Dans d'autres situations, les traits débloqués peuvent être positifs, mais on passe tellement de temps à se prendre claque sur claque qu'on finit aussi désespéré qu'un membre d'équipage. On finit d'une partie lessivé, et bluffé par l'habilité qu'ont les développeurs à rythmer leur titre avec tout un tas d'événements aléatoires. Chaque expédition est unique et procurera un tas d'émotion.
Graphiquement, pour ceux qui se souviennent du titre précédent de Maschinen-mensch, on a franchi un sacré cap ! Adieu pixelart douteux, bonjour BD belge. Les décors sont inspirés et détaillés, et on pestera essentiellement sur les animations basiques des différents protagonistes. Le portage Switch est une franche réussite et m'a semblé plus intuitif que la version PC.
J'avais fait l'impasse sur le premier opus de The Curious Expedition, à cause de son style graphique un peu rebutant et ses mécaniques un poil obscures, mais je suis ravi d'avoir pu essayer cette suite qui m'a fait découvrir un titre profond, riche, et qui a su occuper mes insomnies de ces dernières semaines.