Ambition: A Minuet in Power – Les tribulations d’Yvette
J'avais déjà eu l'occasion de tester la démo d'Ambition: A Minuet in Power sur Steam à l'occasion de l'un de ces festivals organisés sur la plateforme. Cela ne remplace pas la folie des salons (qui nous manque bien en ce moment) mais ça permet néanmoins de découvrir de nouveaux jeux, et ça avait été le cas pour celui- ci, une bonne surprise pour un jeu que je n'attendais pas du tout. C'est donc avec grand plaisir que je me suis relancée dans l'aventure parisienne de ce jeu narratif.
Nous sommes le 19 mars 1789 et incarnons Yvette, une jeune femme naïve qui débarque à Paris. Elle répond à l'invitation de son fiancé, le mystérieux Armand de Marbo. Mais malheureusement, quand elle arrive au lieu du rendez-vous, le baron est porté disparu. Yvette se rend donc à sa maison mais le manoir, assez délabré d'ailleurs, brille tout autant de l'absence du maître des lieux. La seule potentielle piste est une invitation à une fête mondaine, qu'Yvette se décide d'honorer. Une nouvelle vie débute alors pour la jeune femme, de salons en salons, en pleine époque de tension entre les nobles, la bourgeoisie, les militaires, le clergé et les révolutionnaires à quelques mois de la Révolution française.
Le jeu alterne entre les jours "libres", où il est possible de visiter une destination de la capitale, et les jours de fêtes. Ces dernières sont le coeur du gameplay, des scénettes où il faut choisir quelles personnes rencontrer parmi les convives, puis ensuite mener des conversations.
Des choix de réponse sont proposés avec pour la plupart des conséquences, surtout en termes de crédibilité, mais aussi de réputation. Réputation auprès de l'interlocuteur s'il est important, mais aussi auprès de la faction qu'il représente. Et comme il n'est pas possible de plaire à tout le monde, une bonne réponse auprès d'une faction ou d'un personnage pourra à l'inverse impacter négativement d'autres factions ou d'autres personnages. Certains choix pourront également augmenter le niveau de péril, et risquer de déclencher des événements violents. D'ailleurs, la décision même de se rendre à une fête plutôt qu'à une autre quand il y a conflit de calendrier aura déjà des conséquences.
Entre chaque fête, Yvette doit se reposer car une Yvette avec un trop haut niveau de fatigue sera moins alerte, et donc moins appréciée. Mais il faut aussi se préparer. La tenue est primordiale, et oblige à faire un passage auprès du couturier pour s'acheter des toilettes adaptées. Chaque robe apporte des bonus particuliers auprès de factions, et devra donc être choisie en fonction de chaque fête et de son organisateur ou organisatrice. Comme ce train de vie coûte cher, et qu'en plus des robes, il faut aussi payer le personnel de maison (oui, le baron n'a pas pensé à laisser de l'avance pour les gages de ses gens avant de disparaître), Yvette fait le commerce de potins et de rumeurs auprès d'un journaliste assez louche d'une gazette. Au besoin, ces potins peuvent aussi être convertis en bonus ou en malus pour une faction, afin de directement influer sur l'équilibre entre les factions dans la capitale. Mais, bien sûr, ces échanges ne sont pas sans risques, et Yvette peut perdre de la crédibilité ou se faire des ennemis à force de vendre trop de secrets. Bien sûr, obtenir les meilleurs potins oblige aussi, lors des discussions, à faire les choix les plus risqués... autant dire que la fortune n'est pas assurée !
Certains joueurs pourront trouver Ambition: A Minuet in Power un peu lent. Certes, c'est beaucoup de texte à lire. Même s'ils sont agréables, les graphismes n'en sont pas moins qu'en 2D, avec des écrans pour les dialogues très typiques du Visual Novel, où l'animation de l'interlocuteur est réduite au plus strict minimum de quelques réactions exagérées. Mais cela fonctionne bien, avec une belle mise en musique d'une bande sonore composée par John Robert Matz. Les différentes petites intrigues des salons donnent envie de continuer à explorer, tout comme les quêtes annexes qui se débloquent au fur et à mesure (à réaliser entre chaque fête), avec toujours ce mystère de la disparition du baron de Marbo, qui semble ne pas laisser indifférentes les rares personnes qu'Yvette tente d'interroger. Et pour ceux qui seraient lassés de tout lire, des icônes résument les conséquences de chaque choix de dialogue (quand il y en a) ce qui fait qu'au final, il est tout à fait possible de lire certaines parties en diagonale, sans aucun risque de faire des bêtises.
Sans être génial, Ambition: A Minuet in Power n'en reste pas moins un sympathique divertissement, qui propose quelque chose d'un peu différent dans le genre du jeu narratif, avec une histoire qui mêle mode, romance, policier et politique. Un seul gros défaut : pour un jeu dont l'intrigue se déroule à Paris à l'époque de Louis XVI, il n'est proposé qu'en anglais. Dommage !