Cyberpunk 2077 – BD « Trauma Team »
« Cyberpunk 2077 est un jeu vidéo d'action-RPG en vue à la première personne développé par CD Projekt RED, fondé sur la série de jeu de rôle sur table Cyberpunk 2020 conçue par Mike Pondsmith. Le jeu présente un monde futuriste dystopique de type cyberpunk dans lequel la technologie coexiste avec une société humaine dégénérée. » nous informe gentiment Wikipédia.
Et c’est d’un produit dérivé de ce jeu dont je veux vous parler aujourd’hui : Cyberpunk 2077 – Trauma Team, une bande dessinée sortie en mars 2021 dans la collection des Panini comics. L’album reprend les épisodes 1 à 4 du jeu du même nom.
Se déroulant dans le monde de Night City, la mégalopole qui est au cœur de cet univers, l’action donne le rôle principal à Nadia. Nadia est médecin pour une société privée du nom de Trauma Team International. Son rôle : au sein d’une équipe, répondre à l’appel de clients en détresse et tenter de les sauver. Un seul objectif : le client et rien d’autre. Mais lors d’une mission, son équipe est décimée. Elle reprend néanmoins le travail et nouvel accident : son co-équipier meurt. Des relations étranges s’instaurent entre son client fort mal en point et elle qui doit le sauver à tout prix. Je ne vous dévoilerai pas la fin, ce serait dommage.
Bien que l’essentiel, à mon avis, ne réside peut-être pas dans l’histoire en elle-même, somme toute assez banale, mais dans le traitement qui en est fait. Et là on a affaire à une pure merveille !
Car même si l’histoire est traitée de façon linéaire, elle se trouve imbriquée dans plusieurs trames qui la sillonnent et l’éclairent : dialogue entre Nadia et une psy qui l’interroge sur son état de santé après la mort de ses équipiers (peut-elle vraiment reprendre le travail ? ), flashback sur le guet-apens mortel, sur les quelques instants de bonheur avec l’homme de sa vie…
Le personnage de Nadia est loin d’être traité superficiellement. Dans une bulle jaune (indiquant par cette couleur qu’elle est dans le cabinet de la psy), elle met en avant son désir d’aider les gens. Elle a signé avec la Trauma Team en croyant qu’elle pourrait assumer ce rôle de bon Samaritain et elle se retrouve à sauver n’importe qui, même le pire des truands, sous prétexte que c’est lui le client ! Cela la répugne, elle se sent frustrée, mal dans sa peau et le petit geste qui la remet dans ses bottes, c’est de donner des antibiotiques à une enfant malade. Elle n’en a pas le droit ! Les pauvres peuvent crever.
Tout cela est sous-tendu par un scénario tendu, musclé. Quelques bribes de mots, de phrases, des injures, des ordres... On va à l’essentiel. Pas de pathos superflu. Il faut dire que l’auteur n’en est pas à son coup d’essai. L’Américain Cullen Bunn est surtout connu pour avoir été à l’œuvre sur des personnages de Marvel : Spiderman, Wolverine et surtout Deadpool. Je ne vous détaillerai pas tout son CV. Il est immense, à l’image de son talent. Une étoile aussi à Thomas Davier qui a traduit le texte en français.
Et puis … Et puis il y a l’image. Le dessin est lui aussi nerveux, découpé. Beaucoup de gros plans sur des yeux : hagards, froids, douloureux, sournois. Les douilles dorées pleuvent dans une mare de sang, étroite vignette coincée entre deux scènes de bagarre. Plongée et contre-plongée bien sûr. Plans rapprochés, lointains. En alternance. Jamais comme on s’y attend. Histoire de rester passionnant, d’accrocher le lecteur. La couleur joue entre le froid et le chaud ! Ainsi, en pleine page, cet immense bâtiment noir aux rares fenêtres éclairées se découpant sur un ciel orageux tandis qu’à la porte d’entrée, le rouge et le jaune éclaboussent une scène d’enfer, les personnages y sont microscopiques, écrasés, déjà anéantis. Miguel Valderrama, tout récemment arrivé dans le monde des comics, en est le dessinateur et Jason Wordie le maître des couleurs.
Un dernier mot sur la qualité irréprochable de l’impression sur un papier glacé assez épais et l’on pourra dire qu’on a là un objet de valeur et que s’en passer serait fort dommage !