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Hitchhiker – Voyage en auto-stop dans les rêves

Envie de partir faire un roadtrip depuis le siège passager ? Alors embarquez avec moi dans Hitchhiker (qui signifie auto-stoppeur en anglais) :

Les premières minutes sont perturbantes car il n'y a pas une grande liberté de mouvement. Assis dans une voiture qui louvoie au milieu de la campagne dorée sur une route américaine, Copernic, le personnage principal, est en pleine discussion avec un viticulteur. Quelques options de dialogue s'affichent à l'écran, à sélectionner avec le clavier ou en regardant vers le haut ou vers le bas avec la souris qui contrôle la tête, et donc la caméra.

Les environnements sont minimalistes mais jolis, même si je note assez vite une répétition des décors. Cela est assumé car le personnage ne se trouve pas dans la vie réelle, il est bloqué dans un rêve. Et la réalité ne tarde pas à se déchirer, la radio se met à répondre au personnage et, peu après, des oiseaux emmènent la voiture dans une danse mortelle à travers les champs. Le scénario est assez simple, même s'il y a pas mal de rebondissements et beaucoup de questions, y compris jusqu'à la fin qui laisse plusieurs éléments à l'interprétation du joueur. Copernic, amnésique, tente de rassembler le puzzle de son passé et surtout de comprendre ce qui est arrivé à sa petite-amie. Chaque conducteur rencontré, et il y en aura cinq, connaît Copernic, et lui livre des bribes, une distorsion d'événements réels créés par l'esprit endormi et inquiet de Copernic.

Il n'y a aucune possibilité de mouvement, le chemin est entièrement tracé du début à la fin, pour un jeu narratif pur et dur. Une des scènes se passe hors de la voiture, dans un diner, mais même là, Copernic est assis à la table, et il n'en bouge pas. Le reste se déroule dans l'intérieur confiné des voitures, avec un gameplay entièrement basé sur l'observation. Quelques énigmes, simples elles aussi, interrompent les dialogues. Il faudra les résoudre avec les objets cachés de la voiture (dans la boite à gants, sous le pare-soleil, dans les vide-poches...), mais aussi dans le sac transporté par le personnage ou au-delà des vitres de la voiture. Rien de bien compliqué cependant, j'ai à chaque fois trouvé en quelques essais/erreurs, ce qui ne pimente donc pas trop l'expérience.

Ce qui fait surtout la force du jeu, c'est son ambiance, avec des graphismes différents pour chaque conducteur, autant dans les couleurs que dans la musique. Dans l'excellent guide qui accompagne le jeu, les inspirations du studio sont partagées, et j'ai trouvé ces informations bien trop intéressantes pour ne pas vous les présenter.

  • la première course, qui se déroule sur une route californienne, s'inspire des œuvres des peintres Maynard Dixon et Ed Mel, dans la voiture d'un sympathique agriculteur local moustachu.
  • la seconde emmène dans une banlieue de l'Oregon, qui reprend une suite de tableaux célèbres de René Magritte, l'Empire des Lumières, avec ses maisons répétitives, presque hypnotiques. Hops est un vieil homme qui vit dans le passé, obsédé par les choses qu'il a perdues.
  • la troisième, qui débute dans un diner, à proximité d'un parc national, apporte un nouvel interlocuteur, une serveuse, moins amicale qu'elle ne le paraît.
  • la quatrième se continue à proximité, dans un désert américain au rochers plats si typiques de cette région, avec un conducteur inattendu, un immigrant d'Istanbul.
  • enfin, la cinquième et dernière termine l'aventure sur une autoroute proche d'une grande ville du Minnesota, avec au volant un jeune homme qui n'hésite pas à confronter Copernic face à ses choix.

Le rythme des courses est interrompu par des scènes intermédiaires et là ce ne sont pas que les ambiances qui changent, mais aussi le style graphique. L'une de ces scènes reprend des illustrations similaires aux travaux d'Edward Gorey, en noir et blanc. Une autre est une série d'images qui pourraient être tirées d'un livre pour enfants.

Une jolie histoire, avec un grand soin apporté à la narration et aux graphismes (même s'il y a quelques bugs comme un délai d'apparition de certains objets trop tardif). Mais aussi un jeu très passif, avec des choix sans impact majeur sur le scénario qui au final ne possède qu'un chemin principal vers sa conclusion. Pour 13,99€, un jeu sans doute un peu court (comptez 4 heures maximum) pour une rejouabilité nulle, mais qui mérite toute l'attention des joueurs friands de belle histoire. À noter que la traduction française a été faite par des fans, et elle est donc perfectible.



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