There is No Game : Wrong Dimension – Ceci n’est pas un aperçu
Avez-vous déjà lancé un programme qui vous demande poliment de le désinstaller dès le premier lancement ? Non ? Pas vraiment étonnant. C'est pourtant ce que m'a proposé le "non-jeu" There is No Game : Wrong Dimension, très solennellement au début, puis de manière plus insistante au fur et à mesure de mon aventure. Et je suis heureux de ne pas avoir obéi au programme, tant l'expérience vécue fut grisante.
L’œuvre des Français de Draw Me A Pixel est méta, puisqu'elle nous met aux commandes de "Utilisateur", à savoir nous-même, devant interagir avec le programme "Jeu", une entité quelque peu ronchonne qui va, bon gré mal gré, interagir avec nous afin de venir à bout d'un glitch malicieux et retrouver un autre élément caché du titre que je vous laisse le soin de découvrir.
There Is No Game prend la forme d'un point'n'click relativement classique. On disposera d'un ou plusieurs tableaux par chapitre, avec lesquels il faudra interagir en cliquant sur des éléments spécifiques, ou en utilisant des objets pour provoquer une réaction et ainsi progresser. Plutôt simple au début, le jeu proposera parfois quelques énigmes assez ardues (mais jamais totalement décousues) qui mettront vos méninges à l'épreuve. Histoire ne pas vous bloquer trop longtemps, vous aurez la possibilité d'utiliser un bouton "Help" qui a le bon goût de vous huer à chaque utilisation. Passé la culpabilité initiale, on s'y fait, mais en abuser a tendance à simplifier un peu trop la tâche. En effet, l'aide peut être utilisée plusieurs fois sur certains éléments. La première aide fait souvent office de guide, la seconde propose une aide non négligeable, tandis que la dernière utilisation donne carrément la réponse. La narration joue un rôle important dans l'aventure, "Jeu" ayant tendance à être d'un naturel bavard pour vous indiquer la plupart des objectifs.
Bien que relativement classique sur le fond, ce "non-jeu" a bénéficié d'un soin tout particulier sur sa forme, et je ne pense pas trop m'avancer en disant qu'il s'agit d'un des meilleurs point'n'click de ces derniers années, tant l'ambiance y est travaillée, en faisant passer le joueur par toutes les émotions. Tristesse, frustration, joie, rire franc... tout y passe, grâce aux différents protagonistes du titre qui disposent tous de quelques lignes de dialogues qui font mouche. Au nombre de 6, les chapitres du jeu proposent à chaque fois une expérience renouvelée. Du chapitre qui s'attarde sur un simple menu de jeu afin que le joueur puisse simplement cliquer sur le bouton "Jouer" au chapitre mettant en avant un jeu d'aventure , ensuite recyclé en idle-game, l'expérience est sans cesse renouvelée, et offre à chaque fois une bonne heure de jeu et de plaisir, regorgeant d'ingéniosité et de petites trouvailles bien imaginées qui se moquent gentiment des travers propres à chaque style de jeu. Juste pourra-t-on reprocher un petit pan du jeu, qui s'éternise un peu sur un tableau et qui perd un brin de sa saveur. En dehors de ça, et sans forcément crier au génie, le jeu parvient toujours à nous captiver, et se renouvelle avec brio du haut de ses 7 heures de jeu.
Techniquement, le jeu ne demandera pas trop d'efforts à votre bécane, le jeu requérant 4Gb de RAM et un Intel HD 4000 pour fonctionner décemment, à la portée d'à peu près n'importe quelle cafetière connectée donc. En terme de BO, cette dernière nous accompagnera discrètement une bonne partie de l'aventure, mais proposera quelques envolées sur 2 pistes particulièrement réussies qui valent leur pesant de cacahuètes.
Si je voulais être raccord avec les propos de ce non-jeu, je conclurais par "Circulez, il n'y a rien à voir". Mais je ne peux pas dire cela. There Is No Game : Wrong Dimension, bien qu'invitant le joueur à ne pas jouer, mérite réellement qu'on y joue et qu'on s'y attarde, et vu son petit prix, on aurait franchement tort de s'en priver !