Corruption 2029 – Par les créateurs de Mutant Year Zero
Corruption 2029 est le nouveau jeu de stratégie du studio The Bearded Ladies, les créateurs de ‘Mutant Year Zero: Road to Eden’. Ayant adoré ce dernier, j'avais donc hâte de découvrir leur nouvelle création.
Si vous avez déjà joué à Mutant Year Zero, vous n'allez pas être dépaysé par Corruption 2029 car beaucoup de choses ressemblent au premier titre du studio, à commencer par le genre : nous retrouvons un jeu de stratégie au tour par tour reprenant tous les concepts habituels de la gestion d'une équipe de personnages.
Finissant le deuxième lot de missions, mon équipe se compose pour le moment de trois unités et, très ponctuellement, d'une quatrième qui accompagne mon équipe lors des missions d'exfiltration (mais vu ses capacités et ses faibles points de vie, elle est plus le maillon faible à garder loin des balles ennemies). Lors des phases d'exploration, les unités avancent librement dans un monde 3D avec une caméra isométrique pouvant être manipulée à 360°. En restant en mode furtif, l'équipe avance moins vite mais aura également la possibilité de s'approcher plus près des ennemis. Ces derniers vont et viennent à travers le monde, certains sont statiques, d'autres accomplissent des rondes, toujours avec un cycle bien défini. Pour aider à la détection, ils sont identifiés par des formes rouges (ce qui est utile s'ils passent derrière le décor). S'affichent également les points de vie, les points d'armure ainsi que la zone de détection symbolisée par des tirets autour du méchant.
Par défaut, les unités suivent celle qui est contrôlée (ce qui se change avec la touche tab). L'ordre de dispersion permet de ne plus contrôler qu'une seule unité (les autres restent à l'endroit où l'ordre a été donné). Chaque unité peut alors être cachée derrière un élément du décor et "abandonnée" là jusqu'à l’enclenchement du combat qui se fait soit si un ennemi détecte l'une des unités du groupe, soit en déclenchant une embuscade. Dans le premier cas, l'initiative est à l'ennemi. Dans le second, elle est pour mes unités.
Une fois en combat, le tour par tour débute. Chaque unité possède deux points d'action qu'elle doit utiliser avec précaution pour toutes ses actions. Le mouvement consomme un ou deux points d'action suivant la distance parcourue (sprint). Un tir met dans tous les cas fin au tour. Lorsque l'unité préfère se faire discrète (ou qu'elle n'a de toute façon aucun bon angle de tir sans se mettre en danger), elle peut utiliser un point et terminer son tour, en restant aux aguets ou en tentant de se cacher pour redevenir invisible. Avoir une bonne couverture, qu'elle soit partielle ou totale, est primordial pour ne pas devenir une cible facile. Le décor est partiellement destructible, ce qui rend certaines cachettes meilleures que d'autres (une caisse de bois peut exploser contrairement à un tank). Il faut savoir que le plafond est également concerné par la destruction et peut tout à fait s'écrouler, faisant brutalement descendre une unité un cran en dessous (avec des dégâts de chute).
Il y a des objets à utiliser pour 1 point avec des utilitaires (grenades et médikits) et des objets qui demandent qu'on réfléchisse au préalable à sa stratégie avec les tourelles à pirater et les explosifs à poser. Ces objets se stockent au maximum par trois de chaque type et sont partagés sans notion de qui porte quoi. Il n'y a pas de marchand (contrairement à Mutant Year Zero), ce qui nous limite aux objets trouvés en explorant le monde (le butin étant plus ou moins généreux d'une carte à l'autre). Pas de gestion d'argent non plus.
En accomplissant une mission, l'équipe gagne du matériel qui est également partagé entre toutes les unités, se composant d'armes et d'implants. Des objectifs secondaires offrent encore plus de butin, les médailles n'étant que des exploits secondaires annexes sans gain particulier. Les armes sont très variées, avec des caractéristiques qui changent les dégâts infligés, les dégâts infligés en critique (couplé à un pourcentage de chance de déclenchement), la portée, la quantité de munitions et la zone de dégâts. Les implants donnent des actifs ou des passifs aux agents, qui se combinent admirablement bien.
- Tranter est le tireur de précision du groupe. En plus d'un fusil d'assaut silencieux, il porte un fusil sniper qui tire à 40 cases, également avec une balle unique. Grâce à ses implants, il est capable d'effectuer un grand saut à la portée de ses armes augmentée de 50% et inflige 100% de critique s'il tire depuis un terrain surélevé. Il ne peut pas beaucoup bouger (étant donné qu'il doit recharger ses armes à chaque tour), ce que je compense par le saut, qui de plus lui donne un accès facile aux hauteurs pour activer son bonus de critique. Je le planque loin de l'action, sur un bâtiment, et il aligne tous les méchants avec une efficacité redoutable.
- Briggs est mon homme de front, équipé du fusil à pompe qui tire une gerbe sur 7 cases et de la sulfateuse qui inflige 12 points de dégâts en cône. Il n'a qu'une seule balle dans chacune de ses armes, ce qui lui offre une mobilité réduite (comme Tranter, il recharge souvent). Ses armes n'ayant pas beaucoup de portée, il est en première ligne. Pour survivre, il peut compter sur sa barrière cinétique qui crée un bouclier protégeant une zone durant 1 tour, son pack d'armure qui lui ajoute deux points d'armure et sa charge puissante. Ainsi, s'il n'a plus de munitions dans ses armes, il peut se protéger ou foncer dans le tas, pour être encore plus proche et saucer !
- Wolf est le couteau-suisse de l'équipe. Il a des armes assez basiques, avec un fusil d'assaut et un pistolet équipé d'un silencieux. Ses implants sont très appréciés par les autres, avec la possibilité de geler une cible sur place pendant 1 tour et de briser l'armure d'une unité. Je l'ai également équipé d'un booster qui augmente sa zone de manœuvre tactique de quatre cases, pour qu'il puisse plus facilement aller et venir là où il est demandé.
Vous me direz, parfait ? Oui, sur le plan technique, je n'ai rien trouvé à redire. J'ai eu une unité coincée une fois derrière un décor, mais c'est tout en une bonne dizaine d'heures. Il n'y a pas non plus le côté rageant des coups à 100% qui ratent leurs cibles. L'ensemble est très clair et l'interface robotique est très bien réalisée, très propre. Les décors sont jolis, avec des graphismes corrects qui mettent en valeur les environnements sans rendre l'action illisible.
Mais là où Corruption 2029 pêche contrairement à son prédécesseur, c'est du côté de l'histoire. Elle est ici limitée au plus strict minimum, à quelques briefings de mission, des notes de civils abandonnées dans le monde post-apocalyptique et quelques discussions surprises entre les ennemis avant de les dézinguer. Il n'y a pour ainsi pas d'immersion et j'avoue que je ne me sens pas du tout concernée par les événements. Et encore moins par mes unités. Les modèles des personnages sont tristes, sombres et sans visage. Ils ne parlent jamais entre eux, les dialogues croustillants de Mutant Year Zero bourrés d'humour me manquent vraiment. Du coup, je lance mes opérations sans vraiment de conviction, ne pouvant que remarquer le côté également sombre et répétitif du monde, qui envoie pour plusieurs missions dans les mêmes cartes, pour tuer des méchants qui eux non plus n'ont pas de visages et se ressemblent beaucoup. Du coup, le motel ou le pont détruit que je trouvais sympa à la première visite devient bien moins sympa quand je le revisite pour la troisième fois.
J'ignore la durée de vie du titre, mais j'ai déjà joué une bonne dizaine d'heures, je n'en suis qu'au milieu du second dossier, sur les trois qui me sont accessibles, chacun contenant six missions. Même si j'ai globalement accompli les objectifs principaux et secondaires des missions, je n'ai au mieux qu'une médaille sur les trois disponibles pour chaque mission. Sans compter que je joue en mode facile, et qu'il y a donc au-delà, si je le désire, deux autres niveaux de difficulté. Un point de ce côté avant de conclure : le jeu est clairement prévu pour les joueurs hardcore, mais le mode facile reste accessible aux joueurs les moins stratégiques, même si déjà là, une attaque de front se solde la plupart du temps par une jolie mort collective.
Pour conclure, Corruption 2029 m'a un peu déçue par la légèreté de son histoire et son immersion. Le titre se révèle excellent sur le côté stratégique, mais il y a eu sans aucun doute une économie de faite sur les environnements et les personnagess. Clairement, le jeu a repris le moteur de jeu de son prédécesseur, amélioré grâce aux différents patchs, en le rhabillant d'une cosmétique post-apocalyptique un peu morose. Néanmoins, le studio n'abuse pas du côté du prix : il ne vous en coûtera que 19,99€ pour acquérir Corruption 2029 sur l'Epic Games Store. Si vous n'avez pas encore joué au premier titre de The Bearded Ladies, je vous conseille vraiment de d'abord regarder de ce côté (Steam). Si au contraire vous avez terminé Mutant Year Zero: Road to Eden, y compris son DLC Seed of Evil, et que vous avez envie de vous refaire une autre petite aventure très similaire par de nombreux aspects car vous aimez ce genre, alors ce seront 20€ bien investis !