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The Suicide of Rachel Foster – Quand les drames détruisent des familles

The Suicide of Rachel Foster est un walking-simulator développé par One-o-One games, édité par Daedalic Entertainment et sorti le 19 février 2020 sur PC (Steam et GoG)

 

Histoire

L’histoire nous place dans la peau de Nicole, jeune femme de 26 ans qui revient à l’hôtel familial. Nicole avait quitté cet hôtel avec sa mère 10 ans plus tôt, après avoir découvert que son père entretenait une liaison avec une jeune fille de 16 ans, qui tomba enceinte de son père et s’est suicidée. Maintenant que ses parents sont tous deux décédés, Nicole prend connaissance des dernières volontés de sa mère, qui est de vendre l’hôtel et de transmettre l’argent à la famille de Rachel, pour racheter les erreurs commises par sa famille. Elle vient faire un état des lieux, mais une tempête se déclenche, coupant tous les accès. Nicole se retrouve ainsi seule, isolée, dans cet hôtel abandonné, avec comme seul contact par téléphone un agent de la FEMA qui l’aide à survivre le temps que la tempête passe. Nicole en profite pour parcourir le bâtiment et commence à en apprendre davantage sur la réalité des faits et de l’histoire qui s’est déroulée 10 ans plus tôt.

La trame de Suicide of Rachel Foster ne fait pas dans la dentelle. Le jeu est très clair dès que l’on commence l’aventure, en indiquant clairement que ce jeu vidéo aborde des sujets très sensibles et pouvant heurter les personnes les plus sensibles, tout en précisant que ce n’est qu’une fiction (les joueurs de Doki Doki Literature club se souviennent que ce genre d’avertissement est à prendre avec sérieux !). Les développeurs ont même créé un site internet répertoriant les numéros d’aides gratuits de nombreux pays pour les personnes ayant besoin d’aide, de soutien ou de protection : http://riprachel.com/

Concernant les détails, il est bien entendu impossible d'en donner sans entrer dans le spoiler (ce que je ne ferai pas !). Le développement aborde de nombreux sujets : les relations familiales, les relations amoureuses, les différences d’âges, si cela est « bien ou non », le suicide, le meurtre, mais également des sujets très intéressants, tels que la représentation qu’a le « grand public » d’une affaire comparée à la réalité des faits, la manière dont est dépeint une histoire dans les médias comparée à la réalité, les conséquences que cela entraîne, les rumeurs et les accusations (fondées ou non), etc. Est évoqué aussi l’impact que peut avoir ce genre d’histoires et d'affaires sur les personnes de l’entourage des « victimes » et des « coupables » qui n’ont rien à voir avec ce qui arrive, mais qui sont toutefois prises pour cibles (comme de nombreux exemples dans notre réalité l’ont déjà montré).

Le jeu a eu la bonne idée (ou mauvaise, au choix !) de laisser l’histoire à la libre interprétation de chacun. Ainsi, les uns y verront une histoire tragique d’un réel amour incompris, quand les autres y verront une sordide affaire de viol et d’abus sexuel, là où certains y verront de la manipulation, voire de la réciprocité, etc. Même si cela est montré de manière très secondaire, on est confronté ici avec un sujet que l’on rencontre tous dans la réalité : le jugement et la condamnation des gens sur une affaire concernant des personnes qu’ils ne connaissent pas, sur une histoire qu’ils ne connaissent pas, pour des situations qu’ils ne connaissent pas, en  ne se basant qu’à travers des « on-dit ».

Une alerte nous indique d’ailleurs que si l’on souhaite connaître l’histoire dans sa totalité, il faudra être très attentif, et pas seulement suivre la ligne directrice.

Malgré tout, l’histoire n’est pas non plus extraordinaire ni très originale. Elle se dévoile petit à petit de manière fluide et compréhensible, nous permettant de « relier les points » si l’on prend la peine et le temps de chercher les éléments et indices éparpillés dans l’hôtel. Sans être à choix multiple, il existe plusieurs fins (dont une que j’ai trouvée assez contradictoire et incompréhensible), laissant un petit goût d’inachevé et de réalisé à la « va-vite ».
 

Jeu

Comme je l'ai dit, nous nous retrouvons dans la peau de Nicole seule dans l’hôtel. Le jeu est un « walking-simulator », le gameplay est donc très basique et simple. Se déplacer, observer, et explorer. Mais il est toutefois beaucoup moins linéaire que la plupart des walking-simulator, permettant au joueur d’avoir accès à la quasi-totalité de l’hôtel dès le début de l’aventure. L’hôtel est d’ailleurs très grand, ce dernier comporte un sous-sol, un rez-de-chaussée et 2 étages, ainsi que quelques petites zones reliées à l’hôtel (telle qu’une église).

Comme l’indique le jeu au début, il faut faire attention aux détails si l’on souhaite connaître toute l’histoire. Le studio a donc mis un point d’honneur à travailler les détails de l’hôtel, que cela soit un simple document que l’on peut « prendre en main » et lire, que des documents accrochés à un panneau, posés sur un bureau, etc. qu’il faudra lire en utilisant le zoom du personnage. Ou bien encore des maquettes, des éléments du décor comme des gravures sur du bois, des peintures, etc. Les décors et l’environnement sont vraiment beaux et bien modélisés.

Toutefois, le jeu a un petit problème sur ces détails : la localisation. Je ne parle pas de l’emplacement, mais des traductions. En effet, contrairement à la majorité des jeux de ce genre, il n’y a pas une option « lecture » ou une fenêtre qui apparaît en transparent par dessus un texte pour en obtenir une traduction. Ainsi, tous les éléments secondaires (et nombreux documents principaux) ne peuvent être lus qu'uniquement en anglais, ce qui peut poser de gros problèmes si vous n’êtes pas adeptes de la langue. D'autant plus que certains de ces documents sont des documents techniques, tels que des actes d’achats/ventes, des actes notariés, testaments, des documents scientifiques, etc.

Bien que cela ne soit pas un jeu d’horreur, l’ambiance du jeu est assez oppressante et angoissante. Il n’y a pas de « jump-scare », mais plusieurs passages du jeu vous feront sursauter, tels que des grincements ou des claquements de portes brutaux. L’atmosphère laisse planer du surnaturel sans pour autant le montrer, ce qui est très bien réalisé.

Concernant la durée de vie, le jeu est relativement court. Même en prenant le temps de tout bien observer et rechercher, il faut compter environ cinq à six heures pour en venir à bout. Le jeu n'offre pas de rejouabilité, si ce n'est pour le choix final. Toutefois, quels que soient les actions ou choix que vous ferez durant l'aventure, le choix final sera le même et vous sera proposé !
 

Conclusion

The Suicide Of Rachel Foster est un bon jeu narratif. L’histoire est intéressante et intrigante, et réussit à laisser libre cours à l’interprétation de chacun. L’atmosphère du jeu est vraiment très bien retranscrite, et l’on a vraiment le sentiment d’être réellement tout seul dans un grand hôtel isolé. Comme le jeu avertit au début, si vous êtes sensible, faites attention !

Le point noir concerne l’absence de localisation pour tout ce qui est document et décor. Le jeu est totalement traduit en français uniquement en ce qui concerne les dialogues, mais pour un jeu qui est énormément basé sur les détails pour la compréhension de l’histoire, c’est vraiment un gros point noir selon moi. Bien sûr, si vous êtes parfaitement à l’aise avec l’anglais, cela ne posera aucun souci !

Le jeu est, malgré ce problème, un bon jeu avec une histoire intéressante à suivre et une très bonne ambiance.



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