Might & Magic : Chess Royale – Quand le Battle Royale rencontre l’Autobattler
Tout d'abord, je concède que le titre de cet aperçu peut effrayer bon nombre de profanes n'ayant jamais lancé un Battle Royale ou/et un Autobattler. Je vais donc tenter d'expliquer un peu ce que sont ces nouveaux genres de jeux qui sont en ce moment les plus populaires dans le monde vidéoludique. Pour le Battle Royale, ça devrait aller, vous avez tous forcément entendu parler du phénomène Fortnite, où 100 joueurs s'affrontent sur une carte de taille respectable et où l'objectif est de finir seul survivant. Pour l'autobattler, c'est un poil plus récent, c'est issu d'un mod DOTA nommé Auto Chess. Comme son nom l'indique, il s'agit d'un échiquier sur lequel on va placer des personnages (champions/héros... appelez-ça comme vous voulez) qui vont affronter les personnages du joueur adverse, avec, souvent, des effets de groupes ou de types. Chaque joueur dispose d'un certain nombre de points de vie, et, tout comme dans les jeux de type battle royale, il faut être le dernier survivant. On pourra citer, entre autres choses, Teamfight Tactics, Dota Underlords ou encore l'éponyme Auto Chess, disponibles depuis plusieurs mois.
Ubisoft, souhaitant tirer son épingle du jeu, s'est donc dit que mélanger les deux genres serait une bonne idée, et a choisi la fameuse licence Might & Magic pour développer son titre, nommé sobrement Might & Magic : Chess Royale. Les promesses de l'éditeur sont nombreuses : proposer un auto-chess profond, disposant d'un riche panel de personnages, avec un rythme rapide, où l'on affronte 100 joueurs. Et aussi étonnant que ça puisse paraître, la plupart des promesses sont tenues, ou en passe d'être honorées.
Gagnez vite, perdez vite. Tel est le credo de ce Chess Royale. Le studio annonce des parties moyennes de 10 minutes, parfait pour le format mobile donc. Sur la trentaine de parties effectuées pour le moment, on n'en est pas très loin. Si votre composition n'est pas bonne, la défaite surviendra généralement avant 10 minutes. Si l'on s'en sort bien en revanche, on peut étendre la durée des parties à 15-20 minutes, et cela pourrait être réduit en diminuant le temps entre chaque manche, temps un peu trop long à l'heure actuelle (avis qui semble être partagé par pas mal de joueurs, si l'on se fie aux feedbacks du Discord officiel). Après une rapide recherche de partie, on est propulsé sur un écran affichant tout les joueurs de la partie. Un nom, un avatar, un drapeau de pays, quelques phrases préfaites, nos points de vie (3 pour chaque joueur), quelques "exploits" en haut, et un chrono sur la droite, qui passe son temps à décompter chaque manche.
La première manche débute et nous propose d'acheter nos premiers héros avec 5 pièces d'or. Chaque héros dispose de 2 types, d'une capacité ultime et d'un coût en PO variable. Comme dans chaque jeu de ce genre, le but est d'associer plusieurs personnage d'un même type pour créer des synergies, proposant des bonus variables (augmenter l'armure de vos héros/augmenter votre vitesse d'attaque/baisser l'armure adverse, etc...). Le système de rang est également repris. Associer 3 héros identiques de niveau 1 créera un héros de niveau 2, 2 de niveau 2 créeront un niveau 3. Et enfin, au fur et à mesure des manches, vous pourrez augmenter "votre" niveau, permettant de placer davantage de personnages sur la carte. Chaque manche augmente un peu votre niveau, et vous pourrez aider à l'augmentation de ce rang en déboursant 2 PO... jusqu'au niveau 10.
Au vu du rythme des parties, on pourrait craindre que le jeu manque de profondeur. Il n'en est rien. Entre les capacités ultimes de chaque personnage, les types de champions, les placements qui revêtent une importance capitale ainsi que la possibilité d'utiliser des sorts (lancer une météorite infligeant X dégâts toutes les 7 secondes / augmenter la vitesse d'attaque des ennemis présents sur la dernière ligne de l'échiquier...), le jeu dispose d'une richesse insoupçonnée.
Bien sûr, comme bon nombre d'auto-chess, le jeu nécessite des équilibrages, certaines classes étant bien au-dessus d'autres, mais on reste sur un lancement assez correct, pour l'essentiel en tout cas. Car oui, bien que j'avoue prendre pas mal de plaisir sur le jeu, certaines fonctionnalités manquent et rendent l'expérience un brin désuète. Graphiquement, c'est assez vilain. Déjà bien visible sur mobile (même quand les graphismes sont poussés au max), le jeu révèle sa laideur au grand jour via sa version PC, qui est une transposition bête et méchante du client mobile. Espérons que l'interface PC soit revue pour différer un brin de la version mobile et que des textures de meilleures qualités soient proposées.
Autre fait surprenant, Ubisoft ne semble pas s'être appuyé sur son infrastructure Uplay. Que l'on aime ou non le client, c'est assez surprenant de repartir de 0 à chaque fois qu'on lance le titre sur un nouvel appareil. Chaque appareil crée un nouvel ID unique pour le joueur... c'est franchement dommage, surtout quand on compare à la concurrence qui propose déjà cette notion de cross-play, ou le fera sous peu. Ne comptez donc pas sur une liste d'ami potentiel pour grouper avant de lancer une partie... aucun aspect social (outre les 6 phrases préfaites) n'est proposé actuellement. Il ne reste plus qu'à lancer une partie en même temps que vos amis pour avoir une chance de jouer avec eux (ce qui fonctionne assez bien, étonnamment).
Toutefois, je suis prêt à patienter. Chess Royale nous met en garde dès l'écran-titre, le jeu dans sa forme actuelle est un "prologue" (accès anticipé qui ne dit pas son nom, donc) et, pour un prologue, force est de constater que le cœur du jeu se révèle déjà plaisant. Gageons à présent qu'Ubisoft accélère le déploiement des mises à jour pour nous montrer où il souhaite aller. Car en l'état, le modèle économique est totalement inconnu, le système de progression est inutile (on monte de grade... et c'est tout) et le manque de fonctionnalités sociale ou l'absence de classement risque de lasser rapidement les joueurs qui se frottent déjà au jeu.