Gears 5 – Une belle évolution de la licence
Ah... Gears of War. De la testostérone, des blagues beaufs en veux-tu en voilà, du sang qui éclabousse l’écran par hectolitres, et un plaisir inexplicable qui consiste basiquement à péter du locuste derrière un muret sans jamais s’arrêter. Ce sont les souvenirs que j’ai gardés de la trilogie initiale, et ces derniers se sont peu à peu mués en déception avec l’opus Judgement et Gears of War 4, que je n’ai même pas eu la force de terminer. Qu’à cela ne tienne, j’ai eu envie de donner une chance à ce Gears 5, et grand bien m’en a pris, tant l’expérience fut satisfaisante.
Previously on Gears (of War)
Pour les personnes ayant lâché en cours de route, The Coalition propose un résumé du 4ème opus de quelques minutes pour que l’on puisse entamer l’histoire en comprenant les grandes lignes du scénario et les enjeux de ce nouveau volet. On incarne ainsi Kait Diaz, qui accompagnait le fils de Marcus Phoenix l’épisode d’avant. Cette dernière tente d’en apprendre un peu plus sur ses origines après que sa mère lui ait donné un médaillon assez curieux provoquant de nombreuses migraines et visions à notre protagoniste principal. Accompagnés de ses acolytes, cette dernière va ainsi s’aventurer à divers endroits de la planète en éliminant des hordes de locustes, dans l’espoir d’empêcher une nouvelle invasion et d'éviter une redite de la trilogie initiale.
Difficile pour moi de juger en comparant à l’opus précédent, mais force est de constater que la narration a beaucoup progressé en comparaison de la trilogie initiale. Du film B au scénario prétexte, on passe ici à un scénario blockbuster qui, à défaut de faire travailler ses méninges, fera passer un bon moment. On haussera tout de même un sourcil sur certaines lignes de dialogues qui réduisent l'impact émotionnel de certaines scènes à néant.
Des Gears qui ne rouillent pas
Peut-on vraiment se renouveler sans froisser son public quand on a inventé un genre ? La question peut mériter d’être posée, mais The Coalition semble ne pas vouloir tenter l’expérience. Difficile de les blâmer pour autant, tant le système reste efficace et plaisant. Courir, se mettre à couvert, viser, tirer, ou foncer dans un locuste pour le planter ou le tronçonner et voir les gerbes de sang recouvrir l’écran est un plaisir qui ne s’estompe pas. L’équipe de développement ne fait pas dans l’immobilisme pour autant, le jeu étant plus fluide que jamais dans ses déplacements. Les animations sont bien plus naturelles que par le passé, le personnage répond plus rapidement qu’avant et semble moins lourd dans ses déplacements. Aussi, la plupart des armes de la licence ont été retravaillées de manière que chacune trouve grâce aux yeux des joueurs et puissent être utilisées sans rencontrer de difficultés particulières.
Jack, mon nouveau meilleur ami
L’ajout le plus intéressant reste le personnage de Jack. En solo, ce dernier vous accompagnera et sera d’une aide précieuse en combat, et en coopération, vous aurez la possibilité de l’incarner, ce qui change assez drastiquement la manière de jouer. Bouclier, invisibilité, immobilisation des ennemis, pose de pièges, scan des environs… ce robot apporte clairement un vent de fraîcheur à la série et y ajoute un peu de stratégie. On l’utilisera également de manière plus conventionnelle pour ramasser un tas d’objets et accéder à des zones non-accessible pour nos protagonistes humains. Jack peut également être amélioré à l’aide de composants, que nous récupérerons un peu partout durant nos pérégrinations. Tout n’est malheureusement pas parfait, la faute à des niveaux conçus avant tout et surtout pour nos avatars bipèdes. Notre drone vole ainsi à hauteur d’homme, et peut, théoriquement, accéder à certains endroits du décor… mais les murs invisibles viendront souvent apporter un poil de frustration… Nous devrons donc nous contenter des chemins balisés posés ça et là par les développeurs. Un peu dommage pour un jeu qu’on nous a vendu comme étant plus ouvert.
Monde ouvert : semi-check
On en débattait il y a quelques semaines sur le Discord de Game-Guide, les Open-World sont globalement appréciés, les joueurs aimant flâner, se perdre ça et là dans des mondes ne demandant qu’à être explorés. Gears 5 n’a pas eu l’audace d’emprunter ce virage, mais a commencé sa mue vers un jeu plus ouvert. Ainsi, après un premier acte extrêmement classique et convenu, fait de couloirs et d’arènes bien connus des afficionados de la série, le jeu s’ouvre et propose deux vastes étendues à explorer. The Coalition n’a pas souhaité ouvrir totalement son jeu afin de maîtriser le rythme de l’aventure. Grand bien leur en fasse, tant l’aventure apparaît maîtrisée et intéressante à suivre, sans réel temps mort. Ces zones ouvertes permettront, entre autres, de proposer quelques missions secondaires, servant notamment à améliorer les capacités de Jack. Nul besoin donc de toutes les compléter, mais ces missions demeurent agréables à suivre et allongeront un peu la durée de l’aventure. En somme, un ajout bienvenu pour faire évoluer Gears vers la bonne direction.
Mon armure, c’est la plus belle
S’il y a un point sur lequel la licence n’a que rarement déçu, c’est sur sa technique. Depuis le premier volet, Gears en impose, et ce 5ème épisode ne déroge pas à la règle. Que ça soit techniquement ou artistiquement, Gears réalise un quasi-sans-faute. Plus coloré, avec des environnements très jolis à parcourir et des panoramas qui frôlent parfois le divin, on pourra difficilement trouver le titre moche. Patché depuis, le jeu rencontrait toutefois de nombreux bugs à la sortie, qui pouvaient même gêner parfois la compréhension du titre… En effet, le jeu a, pendant près de 2 semaines, proposé des sous-titres totalement déphasés de l’audio du jeu. Dans l’action, avec le son et les sous-titres, on en rigole presque, mais venant d’un éditeur comme Microsoft qui fait de très gros efforts sur l’accessibilité de ses titres, ça surprend un peu. Qu’à cela ne tienne, tout est corrigé à présent, vous profiterez donc d’une expérience satisfaisante, que ça soit sur Xbox ou PC. J’ai pu tester le titre sur la Xbox One (premier modèle), la Xbox One X et sur PC. Le jeu se révèle jouable sur toutes ces machines sans accrocs. En 1080P/30FPS sur la console standard, et dans un très beau 4K/60FPS sur le modèle X. Sans surprise, si votre machine suit, la version PC se révèle être la plus fine du lot et permet de régler précisément les divers aspects graphiques du titre.
Un multi complet et plaisant
Je dois le confesser, je ne suis pas un joueur invétéré de Gears en multi. En dehors de la campagne et de quelques parties en mode Horde, je n’ai jamais été particulièrement emballé et, surtout, suffisamment bon pour apprécier pleinement l’expérience.
Comme sur chaque épisode, je me suis fait péter la tronche en mode Bataille par des joueurs courant comme des délurés avec un fusil à pompe dans la main. J’ai tout de même su tirer mon épingle du jeu sur une ou deux parties, mais ce n’est vraiment pas un mode pour moi. Force est de constater que les cartes multijoueur, reprenant et adaptant souvent une portion de terrain du solo, sont agréables à parcourir et permettent de varier les approches.
Le mode Horde reste fidèle à lui-même. Des vagues successives arriveront, chacune plus difficile que la précédente, et l’objectif sera de rester en vie. Toujours aussi efficace, l’adrénaline monte crescendo au fur et à mesure de votre avancée.
Sceptique au départ, je dois avouer que j’ai apprécié l’introduction du mode Fuite. Comme son nom l’indique, le but sera de fuir après avoir déposé une bombe ayant pour but de détruire une installation ennemie. Vous devrez donc fuir avant que le gaz toxique ne se déverse sur toute la carte. Les parties sont courtes, haletantes, les ennemis nombreux et les munitions rares. Il faudra donc économiser vos munitions et ne tuer que les ennemis entravant votre avancée vers la sortie.
Pour les déçus de Gears of War 4, il y a de très grandes chances que Gears 5 vous réconcilie avec la série. Plus dense, plus complet, évoluant sans dénaturer l'essence Gears, The Coalition propose un titre qui vous décrochera la mâchoire à plusieurs reprises, grâce à une réalisation superbe, un rythme maîtrisé et une narration revue, pas toujours juste, certes, mais plus convaincante qu'auparavant.