The Sinking City – Voyage en eaux troubles
Initialement paru le 27 juin 2019 sur PS4 et Xbox One, The Sinking City s'est fait désirer un peu plus longtemps sur Switch, histoire de composer avec les spécificités de la console transportable de Nintendo. Ces deux mois ont-ils permis d'accoucher d'un titre plus abouti ? L'aventure proposée par Frogwares vaut-elle le détour ? Scaphandre fixé sur la tête, j'ai bravé la brume et l'eau en compagnie de Charles W. Reed, le protagoniste de l'aventure, qui va enquêter dans la ville fictive d'Oakmont.
Le jeu prend place dans les années 20. Notre protagoniste, marqué par la première guerre mondiale, éprouve de plus en plus de difficultés à trouver le sommeil, la faute à d'horribles cauchemars mettant en scène une étrange et immense créature marine, accompagné par des incantations inintelligibles appelant les hommes à rejoindre un endroit spécifique de l'océan. Notre personnage, détective de profession, va enquêter et se rendre compte que beaucoup de gens "disparaissent" après avoir rejoint la ville d'Oakmont. Intrigué, apeuré, mais tout de même courageux, on se rend donc dans la ville d'Oakmont, et le dépaysement est total. Oubliez de suite les Maldives, on se retrouve ici dans une ville portuaire crade, inondée, avec des cadavres de mollusques et autres poissons jonchant le sol.
La première vue de la ville ne m'a donné qu'une envie : remonter dans le bateau pour repartir à Boston en espérant voir apparaître sur l'écran "Bon choix, fin." Pas franchement commode, le matelot m'a dit de dégager de sa vue. Demi-tour donc, je brave mon angoisse naissante et je vais à la rencontre de l'homme qui dit pouvoir m'aider à résoudre le mystère des cauchemars. Il me souhaite la bienvenue, me donne une carte et me file quelques instructions, en m'intimant d'aller à l'hôtel.
Je vais m'arrêter là. Car narrer toute mon aventure à l'écrit n'a pas grand intérêt, mais le début du jeu pose assez rapidement l'ambiance, et l'intrigue se révèle intéressante à suivre. Frogwares a clairement réussi à créer une ambiance oppressante et poisseuse. Que ça soit la ville, les intérieurs, les personnages... tout est fait pour qu'on ressente un certain malaise. Couplé à une époque où le racisme est quelque chose d'assumé, on ne sourira pas souvent en jouant à The Sinking City. On se retrouve mêlé à une guerre de familles et de "races", tout en subissant également, au vu du statut d'étranger de son personnage. Difficile de s'étendre davantage sans révéler certains détails de l'intrigue. Si vous cherchez un jeu avec une histoire lovecraftienne, où l'horreur est prépondérante et où l'espoir s'est fait la malle, c'est probablement le jeu qu'il vous faut.
En ce qui concerne le jeu à proprement parler, le titre ressemble assez au titre de Cyanide paru quelques mois plus tôt, Call of Chtulhu. On devra enquêter en visitant les différents recoins de la ville, en observant certains objets, en parlant à certains protagonistes. Rien de franchement original, mais ça fonctionne plutôt bien. A noter également que notre personnage dispose d'un 6ème sens, lui permettant de voir une autre dimension, qui sera fort utile pour ses enquêtes, permettant de retracer des événements ayant déjà eu lieu en consommant un peu sa santé mentale. Car oui, l'utilisation de ce sens surnaturel ne sera pas sans conséquence pour Charles. Sa vue va chuter, la maniabilité du personnage se fera plus lourde, et des monstres apparaîtront... ce qui me permet de parler des combats, malheureusement assez ratés. Que ça soit au corps à corps ou en utilisant les armes à feu, on sent que le studio ukrainien n'a pas l'habitude de créer de tel système de jeu. On se retrouve avec des combats mollassons, sans grand intérêt. Entre les animations datées, les bruitages pas franchement bien retranscrits et la difficulté frôlant le zéro, l'expérience s'avérera au mieux redondante et oubliable.
Le titre ne s'en sort pas forcément mieux techniquement. Déjà pas forcément fou sur PS4, Xbox et PC, le studio a dû faire quelques concessions pour tourner sur Nintendo Switch. Que ce soit en mode docké ou portable, on aura droit à quelques ralentissements en explorant Oakmont. Ces derniers sont heureusement plus rares dans les intérieurs. Accrochez- vous bien durant les chargements, peu nombreux mais toujours très longs (dépasser la minute de chargement est fréquent). Bien que réussi côté ambiance, il ne faudra pas s'attendre à des textures de folies non plus. L'effet de brume est ainsi omniprésent (astuce intelligente du studio qui sert l'ambiance et le scénario) et le retard d'affichage des textures est monnaie courante, tout comme le clipping et l'aliasing. Le constat peut paraître sévère, mais The Sinking City souffre certainement de son budget moyen et d'un moteur qui est utilisé pour la première fois par le studio (Unreal Engine 4).
Pour conclure, non, deux mois n'auront pas suffi pour peaufiner suffisamment le jeu. Pour autant, le jeu conserve une certaine aura qui peut faire envie aux joueurs sachant passer outre les tares techniques du titre. Entre son scénario sombre, ses personnages intrigants et sa ville à l'ambiance marquante, The Sinking City est un jeu qui peut valoir le détour pour ceux n'étant pas effrayés par le fait de nager en eaux troubles.
- Nintendo Switch - 49,99€ (version testée)
- PlayStation 4 - 59,99€
- Xbox One - 59,99€
- PC (Steam) : à venir