A Plague Tale : Innocence – Des (grosses) souris et des hommes
Plusieurs fois au cours de ces deux dernières années, j'ai été amené à voir, puis à tester des morceaux de ce jeu d'Asobo Studio, un studio de création de jeux vidéo basé à Bordeaux A Plague Tale Innocence. Dès le premier regard cela a été le coup de foudre. Mon "moi" passionné d'histoire adorait cette mise en scène historique de la peste et de la guerre de 100 ans, mon "moi" ultra féministe espérait un jeu donnant à Amicia, son héroïne principale, un rôle sans clichés de jeune femme forte et mon "moi" de joueur se demandait quand même si on n'allait pas trop tourner en rond avec un gameplay annoncé assez simpliste (à première vue en tout cas).
Le studio Asobo étant à l'origine de nombreuses expériences ludiques très réussies sur toutes plateformes, consoles et PC notamment avec Pixar mais aussi en soutien de nombreux jeux AAA, j'étais un peu plus rassuré, mais j'attendais de voir. C'était certainement un futur coup de cœur mais je ne voulais pas être déçu.
Puis il y a quelques semaines, j'ai eu l'occasion de jouer lors d'une journée spéciale de l'éditeur Focus à la première heure de jeu. C'était il y a un peu plus d'un mois et depuis... je n'attendais qu'une chose, remettre la main sur ce jeu et connaître la suite de l'aventure.
Le pitch
Développé pour PlayStation 4, Xbox One et PC par le studio Asobo, A Plague Tale : Innocence offrira une aventure soutenue par un scénario original et un gameplay mêlant action, aventure et phases d'infiltration. Suivez notre héroïne Amicia et son jeune frère Hugo, tous deux orphelins et pourchassés par la terrible Inquisition. Nos jeunes héros vont tenter cependant de survivre à un danger encore plus terrible : des hordes surnaturelles et mortelles de rats qui accompagnent la grande peste qui s’est abattue dans les villes et les campagnes…
Embarquez dans une aventure poignante à travers une France médiévale ravagée par la guerre et la peste. Poursuivis sans relâche par l'Inquisition et en proie à des hordes sans fin de rats affamés, vivez le récit déchirant d’Amicia et de son petit frère Hugo, livrés à eux-mêmes au cœur des heures les plus sombres de l’Histoire. Pourchassés par l'Inquisition et cernés par l'avancée inexorable des hordes de rats, ils devront lutter pour survivre et trouver leur rôle dans ce monde impitoyable.
A l'aventure Compagnon
Notre aventure commence donc avec Amicia en forêt avec son père Robert dans une relation qui semble très complice ainsi qu'avec leur chien "Lion". Tout semble bien se passer, Le père met au défi sa fille d'utiliser sa fronde et de lui montrer l'étendue de ses talents avec le joujou. Un sanglier apparaît sur le chemin, la chasse se finira mal pour le sanglier, mais aussi pour le chien englouti dans une mare noire mystérieuse et de nature assez démoniaque. La petite famille revient alors dans son domaine.
Et oui, ces 2 personnages ne sont pas n'importe qui : Amicia et son père sont des De Rune, une famille de petite noblesse de Guyenne (Aquitaine médiévale longtemps anglaise). Mais malheureusement pour eux, nous sommes en 1348 au début de la guerre de 100 ans et en pleine peste noire (maladie qui a tué entre 1/3 et 2/3 des habitants en Europe et créer surtout une ambiance assez sombre ou l'étrange et l'étranger étaient très mal vus). Et ce n'est pas l'arrivée de mercenaires/soldats anglais (oui à cette époque toutes les armées faisaient appel à des mercenaires dont les intérêts n'étaient pas vraiment de protéger le petit peuple) qui va arranger leurs affaires.
En effet, Hugo, le petit frère d'Amicia qu'elle n'a jamais vraiment connu est atteint d'un mal inconnu depuis son enfance qui intéresse particulièrement le chef de ses mercenaires. Amicia et sa mère vont donc devoir tout faire pour échapper à ces soldats et trouver un moyen de guérir Hugo.
C'est ainsi que commence donc notre aventure à travers les yeux d'Amicia qui sera l'héroïne principale de ce jeu accompagné de son frère Hugo. Ils devront affronter milles dangers incarnés par la Peste noire, les milliers de rats omniprésents dans le jeu et l’armée anglaise et ses mercenaires dirigées en sous main par une Inquisition gouvernée par son chef l'inquisiteur Vitalis Bénévent et son bras armé sur le terrain l'impitoyable Lord Nicholas, commandant des forces de l’Inquisition, chef militaire d'une armée aux ordres, impitoyable, faisant régner l'ordre par la terreur. Sa mission principale : éradiquer tout ce qui se met en travers de son chemin et l’empêche de capturer Hugo dont Vitalis a besoin pour une raison mystérieuse (en tout cas au début de l'aventure, il faudra jouer au jeu pour en savoir plus).
Un peu de Gameplay
Jeu uniquement PVE, à la 3ème personne, A Plague Tale nous met principalement dans la peau d'Amicia avec malgré quelques interactions bienvenues avec les différents autres protagonistes du récit. Pour avancer Amicia ne peut pas compter que sur elle- même. Le jeu met donc ainsi en avant l'esprit de groupe en intégrant des séquences où il vous faudra utiliser les compétences particulières soit d'Hugo, soit des ami-e-s rencontré-e-s au cours de l'aventure principalement des enfants comme si le monde des adultes se liguait contre eux.
Cependant ces interactions sont peu nombreuses et mettent juste un peu de changement dans l'aventure (on sent bien que le leitmotiv d'Asobo a été de cultiver cette variété). C'est peut- être un détail, mais cela rend un jeu narratif a priori assez dirigiste beaucoup moins rigide (sans QTE trop visible). On ne doit pas simplement regarder les magnifiques décors et cliquer sur la bonne touche au bon moment.
Amicia va en effet devoir faire usage de toutes les capacités de sa fronde et des différentes solutions alchimiques qu'elle apprendra tout au long de l'aventure pour s'en sortir. Parfois il faudra faire de l'infiltration sans entrer en combat sous peine de punition immédiate, mais plus on avancera et plus Amicia pourra varier les plaisirs et finalement devoir assumer de tuer des gens (mais bon ils ne sont pas très innocents donc ça passe). En alternance, il faudra aussi éviter les rats en les repoussant, en les attirant à un autre endroit, ou en jouant avec la lumière pour les bloquer. Plus on avancera et plus il faudra éviter à la fois les rats et les hommes.
Chaque scène est différente et le jeu jongle magnifiquement bien avec les situations pour ne pas ennuyer le joueur ou lui donner l'impression de répéter toujours la même chose. Des énigmes à résoudre et des combats de boss viendront aussi s'intercaler mais sans jamais frustrer le joueur. Le jeu sait en effet parfaitement bien aiguiller le joueur en l’aidant de manière astucieuse (les autres personnages et Amicia parlent pour nous aider à trouver la bonne action à accomplir). Donner l'impression au joueur d'avoir fait preuve d'intelligence et le récompenser pour ça est très, très malin.
Un peu de craft
Quelques mécaniques de craft et des objets à collecter viendront aussi alimenter le jeu et pousser le joueur à visiter à fond les magnifiques décors créés par Asobo. Chacun des 17 chapitres contient en effet des objets qu'il faudra ramasser pour compléter le jeu à 100%, du matériel pour le craft, trouvable en grosse quantité dans les carrioles d'alchimiste, des fleurs pour Hugo et des objets mystères ajoutant un peu de lore. La fronde et les sacs d'Amicia pourront être ainsi améliorés (fronde silencieuse, plus performante, plus rapide à recharger) et pour cela il faudra user avec parcimonie de ses ingrédients et en garder suffisamment.
Graphismes, musiques et doublage
Bon, du coup, le gameplay est vraiment sympa, l'aventure formidable, mais c'est pas fini. Tout cela est magnifié par l’esthétique du jeu, à commencer par les superbes musiques d’Olivier Derivière avec des sonorités médiévales qui suivent le récit dans ses moments les plus terrifiants comme les plus doux et contemplatifs. L'OST est vraiment au top et je ne peux que vous conseiller de l'écouter en entier.
Le doublage n'est pas en reste avec des voix françaises que vous devriez reconnaître assez rapidement. Le méchant de l'histoire, l'inquisiteur Vitalis Bénévent, est brillamment incarné par Feodor Atkine (Alias Jaffar dans Alladin, mais présent aussi dans The Witcher 3, Dishonored 2 et bien sûr double de Snoke dans Star Wars ). On retrouve aussi Bernard Gabay, alias Robert De Rune ( doubleur de Robert Downey Jr et donc d'Iron Man) mais aussi Barbara Tissier, doubleuse de la Princesse Leia qui joue Béatrice de Rune. Un casting de doublage de top niveau. J'ai adoré la voix française d'Amicia (Léopoldine Serre). Un casting de haute volée magnifiant la narration, digne d'un AAA pour un jeu indépendant aux moyens forcément plus limités.
Et puis, il y a la réalisation graphique. Et bah c'est magnifiquement beau, que dire de plus. A chaque tableau (ou chapitre du jeu, mais c'est tellement beau qu'on dirait des toiles peintes) c'est un choc pour les yeux. Les lumières des feux, mais aussi celles en plein jour remplies de soleil, ont été travaillées pour le gameplay et l'effet est réussi. Tout cela vient accompagner le récit avec des premières zones où les couleurs sont encore bien présentes, puis une descente progressive vers l'enfer de la guerre et de la Peste noire avec de moins en moins de variété des couleurs. L'ensemble : musique, doublage (Amicia et Hugo parlent beaucoup) et visuel, mais aussi mouvement hyperréaliste des personnages, plonge le joueur au cœur de ce monde médiéval à l'agonie, au milieu des cadavres, poursuivi par des villageois en colère, par les rats, les soldats... .
Mon avis
- trop court (mais surtout car j'aurais voulu que certaines mécaniques de jeu reviennent plus souvent)
- quelques ennemis à la ramasse, surtout quand ils vous ont capté et vous cherchent dans des buissons
- une expression des visages un peu en dessous
- mais tout est d'une telle beauté ouaaaaaah
- musique géniale, doublage en français au top
- une histoire passionnante du début à la fin
- les rats
- tout en fait
???Sans surprise, j'ai adoré, j'ai pleuré, j'ai vibré et "dévoré" A Plague Tale : Innocence avec quelques pauses quand même dues au trop plein d'émotions. Les aventures d'Amicia, d'Hugo et de leurs amis sont admirablement bien mis en scène dans une histoire endiablée qui ne nous laisse pas respirer une seconde avec des graphismes merveilleux et une musique envoûtante. Les développeurs d’Asobo Studio sont clairement rentrés dans la cour des grands avec cette petite merveille vidéoludique qui ne souffre d'aucun réel défaut. Le gameplay est original et suffisamment varié pour ne pas sembler répétitif, la progression bien rythmée. Une superbe pépite qu'il ne faut absolument pas rater. Et j'espère qu'il y aura une suite ???
et où peut-on donc le trouver ?
Disponible sur PlayStation 4, Xbox One et PC sur Steam