Warriors Orochi 4 – Le bordel à l’état puuur
A chaque itération c'est le même cirque. Pour chaque opus de la série Musou qui sort, on se dit : c'est pas possible que ce soit encore plus bordélique que le précédent, et bien à chaque fois les concepteurs arrivent à mettre un bazar visuel et une décomplexion totale dans le massacre de larbins.
Non pas que cela me gêne, au contraire, car le chaos dans l'action est un peu la marque de fabrique de la série qui me fait de l'oeil. Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, un petit rappel situationnel du titre s'impose.
Dynasty Warriors est une série de Beat Them All en 3D retraçant avec grande liberté l'époque de la Chine connue sous le nom de Romance des 3 Royaumes, où les conflits et jeux de pouvoirs étaient foison et dont la finalité fut l'unification du pays. Chaque opus a apporté plus de personnages à incarner, plus de batailles à explorer, plus d'ennemis gérés en simultané, plus de carnage et de spectaculaire. Rapidement, au fil de ses 22 années d'existence, la série s'est découpée en divers spin-offs, chacun ayant à son compteur de nombreux opus. Car si la série principale n'a que 9 jeux, l'univers global en comporte une soixantaine. Warriors Orochi étant la série dérivée pot pourri où tout le monde se retrouve pour se mettre joyeusement sur la tête, à l'exception des personnages tirés de licences d'animés (One Piece, Fist of the North Star, Arslan, 7 Deadly Sins, Gundam, l'Attaque des Titans). En gros, on met les Dynasty Warriors, les Samurai Warriors (la contrepartie historico-japonaise) et on saupoudre de personnages tiers et/ou originaux et on obtient un gigantesque cross over interne chez Tecmo Koei.
Dans ce Warriors Orochi 4, les dieux grecs décident d'expérimenter et de jouer avec le pouvoir d'Orochi -enfin détruit dans le 3- pour créer un monde et y téléporter des guerriers venus de lieux et d'âges divers et les faire se battre autour d'un mystérieux pouvoir. Quel est l'objectif de Zeus ? Les alliés d'avant deviendront-ils les ennemis d'après ? Où ai-je donc bien pu mettre mon sandwich ? Le jeu tentera de répondre à toutes ces questions sauf la dernière (j'avais oublié que je l'avais mangé) le long de dizaines et de dizaines d'heures de jeu.
Pour être honnête, j'avais décroché un peu à la série globale, hors licences d'animés depuis Dynasty Warriors 7 Empires, qui est pour moi le spin-off qui devrait devenir série principale, puisqu'il permet en plus d'adopter un aspect stratégique et politique en plus de la castagne, mais je diverge. Warriors Orochi étant ma série préférée dans cet univers, je ne me suis pas fait prier pour le tester. Mais pourquoi donc ?
Pour cela, il faudrait que je refasse un historique pompeux sur le gameplay de la série, extrêmement rigide au début, mais qui a su s'assouplir et se diversifier au fil des épisodes. Bon, je vais prendre des raccourcis et simplifier pour ces deux termes : dynamisme et équipe.
Warriors Orochi 4 ne déroge pas au cahier des charges de ses prédécesseurs, puisque le gameplay très dynamique permet quelques excentricités impossibles dans les autres, mais surtout, on retrouve le système de Teams où le joueur choisit 3 personnages qu'il peut contrôler à tout moment durant la bataille et même enchaîner les attaques des uns avec celles des autres, décharger des pouvoirs extrêmement dévastateurs sur les centaines d'ennemis affichés à l'écran ainsi que pour la rétine, tant le jeu n'est pas avare en effets visuels et action chaotique. Moi j'adore, même si la série reste une des plus controversées depuis son existence : on aime ou on n'aime pas, mais au moins, elle met tout le monde d'accord : quel bordel !
Fiou ! Normalement, tout le monde est à peu près à jour sur la série, et on peut enfin commencer les choses sérieuses : que propose Dynasty Warriors 4 ?
Au programme, peu de changements finalement, mais les quelques nouveautés sont plutôt sympathiques, puisque le jeu s'est penché sur le système de combos et d'attaques d'équipe pour rendre le tout un peu plus fluide. Commencer un assaut contre un groupe avec un personnage pour en finir avec un des deux autres (ou les deux) n'aura jamais été aussi fluide et naturel dans la série ! Ce qui est plutôt pratique lorsque vous préférez former des équipes avec un personnage de chaque type (mais j'y reviendrai ultérieurement)
Le gros changement vient dans les types d'attaques magiques qui relèguent, en comparaison, la destructrice attaque Musou comme chatouilles. Le joueur possède une jauge de magie qui se remplit en quelques secondes et qui est commune à son équipe. Frapper des ennemis la fera se charger plus rapidement pour pouvoir effectuer encore plus d'attaques magiques. Ces dernières se divisent en trois différentes par personnage et dont la nature diverge selon l'objet magique attribué au personnage par l'histoire. Ainsi on notera les attaques magiques classiques qui consomment environ un cinquième de la jauge magie par attaque, les attaques plus dévastatrices qui utilisent toute la jauge de magie et les magies ultimes qui, non seulement exigent une jauge de magie entière pour être lancées, mais pompent aussi la moitié de la jauge Musou. Cependant, le résultat de ces attaques ultime est à la hauteur de ces sacrifices, puisque peu d'ennemis s'en relèveront. Et si jamais ils s'en relevaient, vous pourriez toujours, grâce à l'aide de la jauge d'âme bien remplie, lancer une offensive commune composée de vos 3 personnages d'équipe accompagnés de vos 4 personnages de soutien dans une sorte de genkidama qui nettoiera encore plus blanc que le nouvel Ariel liquide. Warriors Orochi 4 a vu les choses en grand, et sincèrement ce ne sera pas de trop contre certaines menaces. Car si le troufion de base sera pulvérisé instantanément, les généraux, les créatures mythiques et gigantesques ne se laisseront pas tuer facilement. Enfin... sauf si vous avez quelques niveaux de plus qu'eux. Hin hin hin hin !
Et s'ils survivent, il y a toujours... Oh, non, faisons durer le suspense un peu plus longtemps, car il y a encore plus balaise que tout cela. Pour l'instant, direction les menus !
Comme tout bon Musou, vos personnages prennent de l'expérience et deviennent plus forts, plus dangereux. Warriors Orochi 4 est allé plus loin en proposant des arbres de compétences qui permettront de booster en plus des capacités de vos personnages. Malheureusement il n'y a qu'un arbre différent possible par type de personnages (vitesse, force et technique). Certes, quelques subtilités sont glissées pour certains personnages et leurs compétences uniques, mais rien qui changera la monotonie de ces arbres de compétences que vous verrez pour la centaine de personnages jouables.
Les menus sont très complets, vous permettant de changer d'arme, de les customiser un peu, de modifier la composition de vos équipes, de les entraîner, de booster votre camp et ses capacités et plein d'autres choses qui se débloquent au fil de l'histoire.
Comme tout Musou qui se respecte, la durée de vie, pour peu que la répétitivité de la castagne ne vous dérange pas trop, est en béton armé avec une centaine d'heures au compteur, voire, multipliée par dix si vous voulez monter tous les persos au niveau max sans dépenser de l'argent du jeu gagné en jeu (pas de micro-transactions, youpiiiii !).
A cela s'ajoute un mode coop online pour jouer à 2 en histoire et un peu plus en mode arène (coop local à 2 aussi possible), mais pour des raisons logistiques et comme je n'ai pas d'ami, je n'ai pas vraiment pu approfondir cet aspect, alors gardons des pincettes même si sur les précédents, la qualité réseau était correcte. De mon expérience sur les opus précédents, généralement ça fonctionne bien quand on trouve des joueurs, ce qui n'est pas forcément évident.
Visuellement, ce n'est pas moche, mais la série ne se casse pas trop pour proposer des visuels à fracturer la rétine. Il y a plein de personnages affichés en même temps, mais on constate clairement que la console n'est pas dans ses derniers retranchements, avec des adversaires qui disparaissent et apparaissent par moments de l'écran (mais sont toujours là), phénomène qui est présent depuis les premiers épisodes quand même... Un peu d'optimisation n'aurait pas fait de mal.
L'IA est pas terrible non plus, du moins les soldats de base sont stupides comme à leur habitude et attendront de se faire trucider comme du bétail. Seul les généraux feront un peu mieux, mais c'est pas non plus la joie. Vos généraux alliés étant un mélange des deux : un coup ils se décarcassent, un coup ils sont aussi actifs qu'une étoile de mer en pleine sieste. Ce serait vraiment bien que Omega Force améliore cet aspect passif des PNJs.
Mais si la quantité vous donne du fil à retordre, maintenant que la magie peut pas mal changer au déroulement d'un combat, notamment utilisée par un boss, il existe non pas un énième type de technique qui surpasse ce que je vous ai décrit plus haut, mais une transformation. Du nom de rage, si la jauge dédié le permet, offrira à un de vos généraux de booster toutes ses stats l'espace de quelques dizaines de secondes. C'est complètement dévastateur. Et cela, est uniquement valable pour les généraux non "élus" par les bracelets Orochi. Ce sont les moins chanceux. Car ceux choisis par l'histoire, pour peu que vous ayez atteint la découverte de cette compatibilité dans le scénario, auront la possibilité de se transformer en divinité au lieu de la rage. Et les changements dans ce cas vont au delà d'un petit boost de stats. Tout simplement jouissif.
Alors non, Warriors Orichi 4 ne sera pas l'opus qui fera changer d'avis qui que ce soit. Non, Warriors Orochi 4 n'est clairement pas le jeu de l'année. Non, Warriors Orochi n'est pas une claque technique.
Mais qu'est-ce que ce défouloir est ultra jouissif ! Et finalement, n'est-ce pas cela le plus important ?