This War of Mine : The Little Ones – C’est pas ma guerre !
Peu importe quel chef d’état a commencé, peu importe lequel a raison, peu importe qui a tort, peu importent les motivations de chaque camp : la guerre c’est moche. De toutes façons, ce ne sont pas ces incapables qui vont au charbon, ils préfèrent envoyer des soldats se battre à leur place pendant qu’ils sont bien confortablement installés dans leur bunker de luxe ou dans leur villa à des centaines de lieues des conflits. Ce ne sont pas eux qui souffrent et ce ne sont pas les soldats les victimes.
NOUS sommes les victimes. Nous, pauvres dommages collatéraux que l’on appelle civils et qui nous retrouvons entre le marteau du pouvoir et l’enclume de la résistance, livrés à nous- mêmes dans la souffrance de la famine, du froid, de la maladie et de l’hostilité de ceux qui avant étaient nos amis, voisins, collègues. Nous allons même parfois jusqu’à devenir des monstres pires que ceux qui nous ont mis dans cette situation pour survivre. Pour que nos frères de misère aient l’espoir de voir un jour meilleur. Pour que nos enfants puissent sourire un jour de plus. Pour que nos femmes puissent continuer d’être femmes. Et cela, même si nous devons donner notre vie et notre âme. Ce n’est plus leur guerre politique infantile, c’est devenu la nôtre pour ce qu’il y a de plus important… La vie.
Dis-moi pas qu’c’est Pavle !
This War of Mine – The Little Ones est un jeu de survie dans lequel vous contrôlerez un groupe de civils rescapés d’une guerre et où vous devrez survivre durant un conflit fictif, mais fortement inspiré de ce qu’on voit régulièrement dans les Pays de l’Est affiliés à l’ancien bloc Soviétique. Ne vous attendez pas à un jeu d’action, mais plus à un jeu de gestion dans lequel prudence et stratégie seront nécessaires pour collecter les ressources nécessaires et satisfaire vos besoins les plus primaires : manger, dormir, vous soigner mentalement et physiquement, vous protéger, rendre votre abri plus confortable et fonctionnel.
Pour cela, le jeu s’articule en deux phases, toutes deux vues de côté.
La phase de jour propose de gérer votre abri, vos ressources et ses habitants qu’ils soient adultes ou enfants, entretenir tout ce beau monde et préparer minutieusement la phase nocturne. Car c’est cette dernière qui va donner le ton de la ou les journées qui suivront parce qu’une collecte riche et fructueuse verra votre moral monter en flèche et vous aidera à aborder sereinement les jours suivants ou au contraire sonner le glas de votre groupe.
La nuit, vous devrez sortir lorsque les combats se sont un peu calmés et que les rues sont moins dangereuses pour récolter un précieux butin. Pour cela, il suffit d’assigner une action à chaque civil de votre groupe. Il pourra soit dormir sur une chaise au prix d’une nuit de sommeil difficile, soit dormir confortablement dans un lit lorsque vous en aurez fabriqué au moins un, soit monter la garde, soit encore collecter des ressources (un seul collecteur par nuit). Une fois vos choix faits, il faut préparer et envoyer le collecteur dans un lieu parmi ceux disponibles et accessibles.
A partir de là, vous prenez ce personnage en main pour visiter l’endroit et choisir ce que vous récolterez en évitant dangers et menaces.
Ce n’est qu’une fois que vous aurez terminé et réussi à fuir le lieu de votre collecte, que le jour suivant reprendra le relais dès l’aube avec tous ses habitants. Ce qui sera également le cas sans lui, si votre collecteur se fait tuer. Et si vous ne rentrez pas avant l’heure fatidique du lever du soleil, qui sait s’il rentrera sain et sauf dans le courant de la journée ?
Vos actions affectent le moral de chacun de vos membres, plus ou moins durement. Et encore plus si, durant la nuit, vos civils restés sur place se sont faits surprendre par des pilleurs, se sont blessés ou sont tombés malades. Voire les trois en même temps. La guerre est cruelle, mais l’Homme l’est encore plus lorsqu’il se sent acculé…
Jour ! Nuit ! Jour ! Nuit !
Et c’est là où les dégâts doivent être limités. En tant que joueur, vous devrez pouponner tant bien que mal ces chochottes virtuelles qui déprimeront pour quelques actions dont la morale douteuse remet en cause leur humanité et leur volonté de vivre. Vous devrez veiller au chevet de ceux qui tomberont malades durant une petite nuit passée dans une maison peu chauffée en hiver, ou qui ne supportent pas une nuit blanche à monter la garde. Dans l’ensemble, le jeu tente de mimer des réactions humaines et adopte même un crayonné réaliste dans un style sobre, ce qui n’est que moyennement réussi car on finit par tomber dans un systématisme et radicalisme qui demanderont des réactions également systématiques et sans surprises. Certes, cela facilite la manière d’aborder chaque problème avec efficacité si on est un brin observateur, mais en échange, on finit rapidement par tomber dans une routine exagérée qui gâche la bonne surprise initiale du titre. Par exemple, vous décidez de voler une boîte de conserve chez quelqu’un alors que la personne en question en a des dizaines et des dizaines chez elle, et vos habitants tomberont dans la dépression parce que vous avez volé et que vous doutez que la victime de votre larcin puisse survivre pendant que votre groupe lui-même crève la dalle depuis des jours. Un peu plus de graduation et de relativisation dans les réactions aurait été plus qu’appréciable.
D’ailleurs, en parlant de gâcher, tournons-nous vers la prise en main qui est assez catastrophique. Non pas que le système soit mal pensé, puisqu’on se rapproche fortement du point and clic à la manette, mais parce que les nombreux cafouillages, dès lors qu’il y a des escaliers ou encore une échelle à proximité, rendent le tout indigeste. Cela n’aurait pas été si grave que cela en temps normal, mais malheureusement, le jeu est une véritable course contre la montre et perdre 1 précieuse heure dans le monde du jeu à essayer de passer une porte alors qu'à la place le personnage s’entête à descendre les escaliers juste à côté est une vraie plaie.
Côté technique, le jeu adopte des mécaniques plus ou moins aléatoires et la replay value s’en trouve fortement augmentée, puisque les groupes de survivants changent d’une partie à une autre. Et avec eux, les capacités spéciales à disposition de votre groupe d’infortune. D’ailleurs, énormément d’éléments sont générés aléatoirement et les situations d’un lieu peuvent changer selon le contexte, le temps et la partie. De quoi relancer de temps en temps une partie, espérant que le destin sera plus clément qu’avec le groupe précédent.
This War of Mine – The Little Ones est un titre assez surprenant au début de par son ambiance oppressante et son concept de morale, mais qui montre rapidement ses limites malgré une replay value très importante. Sans compter la gestion de la manette qui aurait mérité plus de soin. Cela fait que le titre perd de son charme pourtant potentiellement énorme pour ne devenir qu’un bon petit titre sur lequel on prend plaisir à revenir entre deux grosses sorties. Développé par Deep Silver, le jeu est disponible pour le moment uniquement sur consoles :