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FFXIV – Mémoires du septième fléau II – La Sultane et les sept Lalafells

Les festivités pour le premier anniversaire continuent d'avancer et voici le deuxième récit qui ravira les amateurs d'histoire. Bonne lecture !

Par anniversary Source

Immobile sur la terrasse du palais d’Ul’dah, le regard fixé sur la file ininterrompue de soldats marchant au pas, elle les avait regardés partir il y a plusieurs jours déjà. Comme le veut la tradition, les troupes avaient franchi la porte à l’est de la Cité, celle de Thal, le dieu des morts ; car il épargne, dit-on, ceux qui passent ce seuil symbolique de son royaume.
Nanamo Ul Namo, 17e sultane d’Ul’dah, les avait suivis des yeux bien après que la poussière du Thanalan eut recouvert les traces de leur passage.

À compter de ce jour-là, le comportement de la Sultane s’altéra dramatiquement. Son visage arborait en permanence une expression tendue, ses mouvements trahissaient un malaise perpétuel et elle était incapable de se concentrer sur les affaires politiques. Pour couronner le tout, elle perdit l’appétit de façon alarmante. Sans la présence rassurante de Raubahn Aldynn à ses côtés, la jeune fille était perdue et ses servantes ne savaient que faire pour rasséréner leur maîtresse.
Raubahn était membre du Cartel des Scorpions, l’assemblée censée seconder la maison royale mais qui gouvernait de fait le pays. Cependant, il était avant tout le général de la grande compagnie des Immortels, et il était donc naturel qu’il menât ses troupes dans la bataille contre l’armée garlemaldaise.

« Quelle honte. J’ai bientôt seize ans et je me comporte comme une enfant... »

Elle a beau se faire des reproches, elle ne peut rien avaler aujourd’hui non plus, et elle finit par quitter la table sans avoir touché à son assiette. Ceci n’échappe pas au regard inquiet de Pippin Tarupin, un officier des Immortels et pupille de Raubahn. Il espérait suivre son père adoptif et ses compagnons d’arme dans la plaine de Carteneau, mais son tuteur lui a confié la garde de Nanamo en son absence. Il est douloureusement conscient qu’il échoue complètement à remplir la tâche qui lui incombe.

Ces jours chargés d’inquiétudes mal dissimulées se suivirent et s’éternisèrent ainsi, jusqu’à ce que le moment tant attendu et craint arriva.

« Votre Altesse, nous venons de recevoir un appel par linkshell de l’Alliance Éorzéenne. Les hostilités ont commencé dans la plaine de Carteneau ! »

« Très bien » est la seule réponse donnée par Nanamo à Pippin lorsqu’il lui transmet le message dans la salle de l’assemblée, appelée chambre de l’encens, où elle se trouve. Son manque de réaction n’est pas sans déconcerter le Lalafell, mais le Hyur présent aux côtés de la Sultane n’est pas autrement troublé et s’adresse à elle avec son aplomb habituel.

« Ressaisissez-vous, Majesté. Vous avez des responsabilités. »

L’homme qui parle si familièrement à sa reine se nomme Thancred. Membre du Cénacle du savoir, il est autorisé à aller et venir au palais en tant que conseiller.

« Et de quelle utilité sont donc ces responsabilités pour notre peuple !? »

Elle est parfaitement consciente qu’elle ne fait que passer sur lui la colère née de sa frustration, mais elle ne peut se retenir de crier comme une enfant mal élevée. Thancred, cependant, ne semble pas le moins du monde affecté par son comportement.

« Excellent, il vous reste de l’énergie ! Montrez-en autant lorsque vous prierez à l’Ossuaire d’Arrzaneth devant la statue de Thald. C’est une des étapes essentielles pour invoquer les Douze afin qu’ils sauvent Éorzéa. »

L’invocation des douze Dieux... Voilà le plan mis au point par le sage Louisoix pour empêcher la chute du satellite lunaire Dalamud et la venue du septième fléau. Une tentative désespérée dont la réussite dépend de l’ardeur des prières des Éorzéens. Nanamo se remémore les explications données par le vieil Élézen. Là est la vraie raison pour laquelle Raubahn et les forces alliées sont partis au combat : ils doivent occuper les Impériaux pendant l’accomplissement du rituel.

« Vous êtes peut-être jeune, mais vous vous souciez plus que quiconque du bien-être de vos proches et de votre peuple. Votre désir de les protéger confèrera à vos prières une force qui ne pourra qu’attirer l’attention des Dieux. N’est-ce pas là une responsabilité utile, Votre Altesse ? »

Elle ne répond pas immédiatement.
En vérité, elle a honte de s’être laissé aller. Elle finit par acquiescer silencieusement et sort en courant, Pippin sur ses talons.

« La petite reine s’est enfin décidée à agir », pensa Thancred en souriant.

Nanamo et Pippin sont tous deux agenouillés dans la fraîcheur de l’Ossuaire, priant avec ferveur. Thancred, qui a si bien su motiver la jeune fille, ne les a pas suivis. Il est au Sanctuaire de Milvaneth pour remplir son propre devoir.
La Sultane prie de toute son âme les Dieux jumeaux Nald et Thal, protecteurs d’Ul’dah. Elle les implore de sauver Éorzéa, de défendre la Cité, et de ne pas lui arracher Raubahn.
Les heures passent sans qu’elle le réalise. Les bruits à l’extérieur, les grondements, les fracassements, les cris, rien ne la distrait. Seule sa prière compte.
Alors que le chaos semble s’emparer d’Ul’dah, le socle de la statue de Thal s’illumine subitement, et l’effigie de la divinité est enveloppée dans une colonne de lumière aveuglante. À ce moment-là, elle n’a plus le moindre doute. Elle sait que le Dieu a répondu à son appel ! Étourdie par un déluge de sensations, il lui semble entendre la voix de Louisoix... mais peut-être n’est-ce qu’un rêve ?

« Pour le renouveau d’Éorzéa... »

Allongée sur le sol froid du temple, c’est un bruit de pas qui la réveille après qu’elle a perdu conscience. Près d’elle, Pippin reprend également ses esprits et tente de se relever en secouant la tête.
Encore engourdie par l’expérience, elle regarde distraitement la statue désormais sans éclat lorsque les cris d’un homme la rappellent à la réalité.

« L-la Cité est sens dessus dessous ! Il y a des émeutes dans l’avenue de saphir ! Les gens commencent à piller tout ce qu’ils peuvent ! »

L’homme est visiblement un des occultistes de l’Ordre de Nald’thal. L’air pâle et défait, il est l’image même de la panique. La réaction de Pippin à cette nouvelle est viscérale.

« Votre Altesse, vous êtes en danger ici. Rentrons sans tarder au palais ! »

C’est sans l’ombre d’une hésitation que Nanamo lui répond.

« Nous n’en ferons rien ! »

Elle se relève prestement et regarde autour d’elle. L’Ossuaire d’Arrzaneth est le temple principal des occultistes, et ces derniers se précipitent pour protéger leurs précieuses reliques et leurs livres. Au milieu de cette agitation, elle aperçoit Mumuepo, l’archevêque de l’Ossuaire, en train de donner des ordres à ses subordonnés.

« Ne laissez entrer aucun de ces mécréants ! Si la populace approche, faites-lui goûter de vos sorts les plus destructeurs, et elle comprendra vite quelle est sa place ! »

Enragée par de tels propos, elle interpelle violemment Mumuepo.

« Comment osez-vous menacer la vie de vos concitoyens !? Est-ce là des paroles dignes d’un prêtre ? »

Fulminante, elle continue de plus belle.

« Notre responsabilité est de protéger notre peuple ! Ils sont terrorisés et désespérés ! Nous nous devons de les sauver ! N’y a-t-il personne ici qui nous y aidera ? »

Galvanisé par le courage de sa Sultane prête à faire face à des insurgés, Pippin se range instantanément à ses côtés.

« Je suis à votre service, Ma Reine ! Comptez sur moi comme vous le feriez pour Raubahn ! »

Sa déclaration, malheureusement, n’encourage que le casque d’argent Papashan et cinq jeunes occultistes, des frères à en juger par leur ressemblance. Quant aux autres, ils sont qui paralysés par la peur, qui trop occupés à sauver leurs biens. Nul ne se soucie de la Sultane.
Cela ne l’empêche pas d’avancer bravement dans la Cité, entourée des sept Lalafells. Ils forment un tableau singulier au milieu de l’anarchie qui règne. Les beaux quartiers de la ville sont désormais en proie à la confusion la plus totale, mais ils marchent résolument, jusqu’à ce que Nanamo élève la voix parmi les hurlements des émeutiers saccageant les étalages, les pleurs des marchands apeurés tentant de leur échapper et les cris brisés de parents et d’enfants ayant été séparés.

« Papashan, nous devons attirer leur attention ! »

Le vieux soldat obéit en produisant un flash éblouissant.

« Occultistes, utilisez des sorts bien voyants ! »

Les cinq frères lancent derechef des sorts de feu, de foudre et de glace vers le ciel. La colonne de feu créée par celui portant un bandeau sur l’œil est tellement impressionnante que tous les regards se tournent vers leur petit groupe.

« Pippin, porte-moi ! »

Le jeune homme n’est pas bien grand, même pour un Lalafell, mais il arrive tant bien que mal à soulever la jeune fille sur son épaule, comme son tuteur le fait si souvent. Perchée ainsi sur lui, elle s’adresse à la foule d’une voix forte.

« Entendez-moi, peuple d’Ul’dah ! Entendez-moi, fier peuple du désert !
Le septième fléau est sur nous, et personne en Éorzéa n’est sauf !
Mais nous sommes toujours vivants ! Nous avons encore un avenir ! À quoi vous serviront les richesses volées aujourd’hui si tout ce qui reste demain sont des ruines et des cendres ? Vos seules chances de fortune sont dans la survie, et vous ne survivrez qu’en vous entraidant !
Pensez à ceux que nous avons vus partir ! Pensez au général Raubahn et aux Immortels qui se battent en ce moment même dans la plaine de Carteneau ! Ils risquent leur vie pour protéger notre Cité, pour vous protéger ! Les laisseriez-vous rentrer dans une Ul’dah dévastée ? Si le septième fléau nous frappe, alors nous devrons tenir bon jusqu’à l’arrivée de la prochaine ère astrale ! Ne laissez pas la peur et le désespoir guider vos actes ! Notre pays sera peut-être profondément meurtri, mais tous ensemble, nous pouvons le faire renaître ! »

La ferveur de la petite Sultane a l’effet escompté : les citoyens se calment progressivement et des secours s’organisent.

Les survivants de la bataille de Carteneau rentrèrent quelques jours plus tard, en passant cette fois-ci par la porte de Nald, le dieu des vivants. Hagards, le regard torturé et l’air plus morts que vifs, ils retrouvèrent cependant leur foyer intact.
Il fallait maintenant penser à la reconstruction et les Uldiens y travaillèrent sans relâche. Nanamo n’avait toutefois pas oublié la lâcheté de Mumuepo, et elle finit par ordonner qu’il soit déchu de ses fonctions. Son pouvoir n’étant que symbolique, le décret n’aurait eu aucune répercussion si Pippin n’avait réuni discrètement des preuves suffisantes sur son implication dans des affaires de corruption. Le scandale aurait été trop grand même pour une organisation aussi puissante que l’Ordre de Nald’thal, qui se soumit et l’ancien archevêque fut emprisonné.
C’est le courageux Lalafell au bandeau, assisté de ses quatre frères, qu’elle choisit pour succéder à Mumuepo à la tête de la guilde des occultistes.

Elle repense parfois à ce jour fatidique où le Fléau a frappé Éorzéa. Elle, dont on se gaussait comme d’un pantin sur le trône, avait rempli son devoir de Sultane. Elle sait donc qu’elle sera capable de remplir son dernier devoir.

C’est cette certitude qui lui en donnera la force.

Ce deuxième récit vous a-t-il plu ?



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